François Piette

5 MRT 2006

Sous le signe du "3"

Du plaisir, beaucoup de plaisir durant l’essai de la Sprint ST! Pour le temps, tout d’abord, presque pas de pluie grâce à cette merveilleuse arrière-saison ensoleillée. Mais surtout pour la cohérence de la proposition offerte par le constructeur anglais, qui affirme de plus en plus sa personnalité à chaque nouveau modèle présenté.

Profitant d’un magnifique samedi, nous décidons d’emmener notre belle jusqu’à Ostende par le chemin des écoliers : Dendermonde, Lokeren, Lochristi, Eeklo, Damme… Ces jolies routes et la campagne flamande défilent gentiment sous les roues de la Sprint, souvent à un train de sénateur, parfois à un rythme plus soutenu. Elle pousse, la Sprint, et la position de conduite incite plus à exploiter le moteur qu’à flâner à basse vitesse: le buste est plutôt en appui sur les poignets, preuve toutefois que nous prenons notre temps. Ostende est en vue vers 18 heures. A quelques kilomètres du Mercator, la tenue de route se dégrade subitement. Que se passe-t-il ? Rapide arrêt, pour constater que le pneu arrière est complètement plat. En roulant doucement, nous rejoignons une pompe à essence pour tenter de regonfler le pneu. Manque d’air Peine perdue, tout l’air ressort par la crevaison. Samedi, 18h, Ostende, pas d’outils, la soirée s’annonce mal. Nous trouvons heureusement une vis parker et un tournevis pour reboucher le trou. Nous repartons doucement à la recherche d’une aide salvatrice que nous trouvons du côté de Zandvoorde, dans une arrière cour où se bricolent des scooters. Ouf! Une mèche dans la crevaison et nous pouvons rentrer à Bruxelles sans soucis! Dimanche, toujours avec notre passagère favorite, nous partons pour une autre balade, cette fois à un rythme plus énervé, agrémenté de quelques freinages de « trappeur ». C’est qu’elle freine bien cette Sprint équipée de l’ABS! Tout au plus, déplorons nous une plongée de la fourche un peu trop marquée. Suite de la baraka (ou de la malchance, tout dépend du point de vue!) deux jours plus tard, Chaussée de Charleroi à Bruxelles. Site propre Cette artère est nantie de ces épouvantables sites propres pour les trams, censés fluidifier le trafic. La différence de niveau, légèrement inclinée, n’empêche aucune voiture de rouler sur le site propre, mais n’essayez pas trop à vélo ou à moto! Un peu distrait, un léger écart porte la roue avant de la Sprint le long de la bordure du site. Le pneu avant ripe, la moto se couche, nous nous voyons déjà sur le macadam et réfléchissons rapidement à ce que nous allons raconter en ramenant les morceaux de la Sprint! Ouf! Par quel miracle, mystère, mais nous restons sur nos deux roues, après quelques figures acrobatiques du meilleur effet qui ne se solderont que par un solide «bleu» au mollet, fruit d’une rencontre un peu trop vigoureuse avec le repose pied! Originale Alors, cette Sprint ST? Une Triumph ne se rencontre pas à tous les coins de rue, contrairement à ces concurrentes. Sa récente refonte lui a donné l’originalité qui lui manquait. Pièce maîtresse, point de départ, le merveilleux trois pattes qui fait la spécificité du constructeur, hormis pour la famille des Bonneville. Sur cette machine, tout tourne autour du chiffre trois: triple phare, triple sortie d’échappement sous le selle, triple cadrant au tableau de bord. La preuve par trois Pas de doute, elle a de l’allure, et le monobras ou les clignoteurs intégrés aux rétros renforcent cette perception qualitative. Cible clairement désignée la Honda VFR! La prise en main le confirme: la tendance est plus sportive que touristique. Les poignets sont sollicités, tout comme le cou. Ca se confirme en dynamique: la protection au vent est limitée, le casque et le buste reçoivent leur dose. Dommage (ou peut-être tant mieux pour votre permis!) parce que le moteur en redemande. Les 125ch répondent présent, le moteur est rempli à tous les régimes. Pas réellement spectaculaire, mais plein et efficace pourtant. En un mot: ça arrache! La transmission suit à peu près, si vous prenez soin d’être ferme dans vos verrouillages. L’embrayage se fait complètement oublier. Le relatif inconfort de la position de conduite est pardonné par le confort de la partie cycle. Celle-ci absorbe efficacement les revêtements les plus douteux et maintient la Triumph sur des rails à grande vitesse. Sport-confort Revers de la médaille, les suspensions «pompent» parfois sur des enchaînements un peu trop sportifs, mais rien de rédhibitoire: le compromis sport-tourisme reste très cohérent. Dommage Que la mécanique dégage une telle chaleur! Certes ce n’était guère gênant lors de notre essai, ensoleillé mais frais, par contre nous n’osons imaginer ce que ça donne l’été dans le Midi! Le freinage, secondé efficacement par l’ABS, révèle une fourche un peu trop souple lors d’un ralentissement violent, mais s’avère à la hauteur des performances de la machine. La Sprint se montre très attachante à l’usage, se montrant à l’aise et efficace en toutes circonstances. En ville, où grâce à sa taille «mannequin» (merci le pot sous la selle) et ses rétros qui se replient d’une chiquenaude, elle vous permet de passer dans un trou de souris. Sortie de la cité, elle peut envisager de parcourir l’Europe d’un bout à l’autre grâce à son confort, pour peu que vous preniez l’option ‘valises’. Sinon, n’espérez pas trop transporter quelque chose: impossible d’accrocher quoi que ce soit (merci le pot sous la selle). Cette belle anglaise se donnera à vous pour 12690€ avec l’abs, ou 11990€ sans, ce qui serait une erreur. © Bruno Wouters
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