Essais

La rupture

Après 41 ans de conservatisme et de tradition esthétique, la XJ prend un virage à 180 degrés en adoptant un design à la fois moderne et sportif, aux antipodes de celui affiché depuis 1968 par sa devancière. Le ramage est-il pour autant à la hauteur du plumage ?
  • Piette François
  • 25 mars 2010
  • Jaguar
Avantages et inconvénients

      Décidément, les choses bougent chez Jaguar. Après la XF, qui a pris la succession de la S-Type en tournant ostensiblement une page d’l’histoire de la marque, c’est au tout de la XJ de faire peau neuve. Et de quelle façon. Car davantage encore que feu la S-Type, la XJ était le symbole même de la tradition anglaise véhiculée par la marque. Depuis 1968, cette ligne, à la fois intemporelle et immédiatement reconnaissable, n’avait quasiment pas évolué. Une époque aujourd’hui clairement révolue tant la nouvelle venue joue la carte de la modernité et de l’originalité.

      Courte ou longue

      La nouvelle Jaguar XJ est disponible en deux empattements, et donc deux longueurs. La version courte mesure 5,12 mètres pour un empattement de 3,03 mètres. La XJ L mesure 12 cm de plus, un gain exclusivement concentré sur l’empattement. Cette dernière sera principalement achetée par ceux qui utilisent leur voiture comme « bureau roulant », avec un chauffeur au volant. Cela dit, cette version longue reste parfaitement bien proportionnée et ne semble absolument pas avoir été étirée, à tel point qu’il est parfois difficile de les distinguer l’une de l’autre.

      Tout réinventer

      En jetant les premiers traits de la XJ sur le papier, l’équipe de designers dirigée par Ian Callum s’est retrouvée devant un fameux challenge. Il fallait tout réinventer. Repartir d’une feuille blanche au risque de heurter les clients les plus conservateurs, mais pour mieux en conquérir d’autres. Pour être franc avec vous, j’ai eu un choc, fin 2009, en découvrant les premières photos de cette nouvelle XJ. Sacrilège, qu’ont-ils fait ? La réalité, heureusement, est toute autre. Cette voiture doit être difficile à photographier, car ce qui m’était apparu disharmonieux sur écran s’est trouvé magnifié sur la route. De l’arrière, cette Jaguar a des airs de Maserati, sorte de mélange entre une Quattroporte et une Gran Turismo. De l’avant, c’est bien une Jaguar de l’ère moderne, avec un regard type XF en plus méchant. Seule la grille de calandre rappelle la XJ d’autrefois.

      Luxe et sport

      Dans l’habitacle, seule la version longue donne réellement l’impression de rouler en limousine. Malgré ses 5,12 m de long, la XJ courte n’est pas un salon anglais. A l’avant non plus, d’ailleurs. Certes, le luxe est omniprésent, à grands renforts de bois, de cuir et de chrome, mais l’ambiance est plutôt sportive. Ainsi, les occupants des places avant sont séparés par l’énorme tunnel central qui crée deux zones bien distinctes. Jaguar affirme avoir puisé son inspiration du côté des bateaux italiens Riva pour la partie haute de la planche de bord, et auprès des anciennes Corvette Stingray pour le volant incurvé. Aucun levier de vitesse n’est apparent, ni au volant ni en console centrale. La sélection du mode se fait via une roulette de commande qui sort de la console centrale lorsqu’on démarre. L’ensemble est à la fois original et haut de gamme, mais parfois à la limite du « bling-bling ».

      Suspension active

      Autre petite déception de notre première rencontre : la qualité de finition. Jaguar a eu beau expliquer que ces petits problèmes étaient spécifiques à nos véhicules d’essai (des préséries), il n’empêche que les sièges qui grincent et les ailettes de ventilation qui couinent ne devraient pas faire partie de l’environnement d’une voiture aussi prestigieuse. A vérifier…
      Pour lancer le moteur diesel 3 litres V6 de la XJ (identique à celui de la XF), il suffit d’appuyer sur le bouton start. Une fois les réglages électriques du siège et du volant effectués, il suffit de tourner la molette sur « Drive », et c’est parti. Dès les premiers tours de roue, on se rend compte que cette voiture n’a plus rien à voir avec sa devancière. Equipée en série d’une suspension active, elle offre un confort que l’on peu aisément qualifier de ferme. Trop ferme diront probablement ceux qui se font conduire, et qui n’aiment pas se faire chahuter lorsque la route est mauvaise. De ce côté, la nouvelle XJ n’offre pas la même onctuosité qu’une Mercedes Classe S, une BMW Série 7 ou une Audi A8, ses principales rivales. On se demande d’ailleurs pourquoi Jaguar ne propose pas un mode « confort » de sa suspension active, seuls les modes automatiques ou sport (ce dernier agissant aussi sur la boîte, le papillon de gaz et la direction) étant disponibles.

      Boîte de rêve

      Cela étant dit, cette relative fermeté de la suspension correspond parfaitement au nouveau positionnement, plus sportif, de la XJ. On se dit alors que c’est au profit des prestations dynamiques. Malheureusement, ce n’est pas tout-à-fait le cas puisque cette suspension active, malgré sa fermeté, ne parvient pas à endiguer suffisamment les mouvements de caisse en conduite active. Par contre, quel plaisir de pouvoir jouer avec une boîte automatique d’une telle qualité. Intelligente, onctueuse, rapide. Elle joue dans la même cour que les boîtes robotisées à double embrayage, alors que ce n’en est pas une. Cette excellente transmission est couplée à un moteur qui l’est tout autant. Fort de 275 chevaux, mais surtout de 600 Nm de couple (dont 80% sont disponibles dès 1.000 tr/min), ce bloc ultramoderne se montre silencieux et quasiment exempt de toute vibration tout en se montrant peu gourmant (7 l/100 km en cycle mixte). A partir de 79.800 euros en version diesel.
       

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      À propos de l'auteur : Piette François
      Photos ©: Manufacturer. Source ©: Jaguar.

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