On ne fait pas une voiture de sport en la maquillant avec des spoilers et en changeant le pot. Certes, la gamme Sport de la Civic reprend des moteurs plus explosifs, le 2.0i en particulier, mais la 1.4 essayée ici montrait vite ses limites. En fait, le nom de Civic TS, pour tuning sport, aurait été plus approprié. Car, franchement, peut-on faire vraiment du sport avec un 0 à 100 km/h qui se déroule en 12,1 secondes ? Non ! Le comble : elle se fait coiffer au poteau par la 1.4 S alias « le bas de gamme ». La vitesse de pointe offre le même constat frustrant : 177 km/h. Mais, me direz-vous, en principe on n’a pas besoin d’aller beaucoup plus vite… Certes, mais il existe encore des zones libres et, surtout, ces performances ne sont pas dignes d’un blason Sport. Alors quoi ? Ce sobriquet est surtout lié au design spécifique. Mais aussi, croyons-nous, c’est un argument marketing. Cette Civic Sport a un look de tuning et une puissance qui la rend accessible et assurable pour les conducteurs les plus jeunes. C’est sans doute là sa principale raison d’être. Elle veut aussi pousser, ensuite, le client à monter en puissance. Mais avant cela, on en met plein la vue : un nouveau spoiler avant, une calandre de couleur spécifique, des blocs d’éclairage à trois projecteurs, une garniture du bas de caisse et des pneumatiques 205/55 R16 montés sur de nouvelles jantes en alliage. À l’intérieur, des cadrans blancs confortent cette ambiance sportive tout autant que le rouge adopté pour les incrustations sur les sièges et panneaux de portières, couleur qui s’accorde parfaitement avec le noir. Ces sièges sport sont durs mais le corps est bien soutenu. La finition est pas mal mais certains plastiques auraient pu être mieux choisis. Enfin, on est limité concernant les espaces de rangement. Limité à 1396 cm³ Cette 3 portes sportive poussive n’a qu’un 1.4 litre de 90 chevaux sous le capot. Ce 4 cylindres en ligne, 16 soupapes, simple arbre à cames en tête (SOHC), bloc moteur et culasse en alliage doit donc beaucoup cravacher pour offrir un minimum de sensations. Heureusement que la boîte manuelle à 5 vitesses, dont le sélecteur est implanté dans la console centrale, est bien étagée compte tenu du régime light imposé à cette Civic. On se console en écoutant ronronner le moteur grâce à un bruit agréable issu de la double sortie d’échappement. C’est déjà ça ! Car plutôt que d’augmenter ses performances, le moteur de 1.4 litre (le 1.6 aussi) a surtout été développé en vue d’optimiser le couple aux régimes moyens (130 Nm à 4300 tr/min), la consommation de carburant et le comportement routier, autant que pour réduire les émissions polluantes. D’ailleurs, côté consommation, la Civic est plutôt chatoyante : aux alentours des 7 litres lors de l’essai, 6,4 litres en consommation moyenne mixte. Preuve qu’elle reste une compacte pouvant intéresser les petits budgets des jeunes conducteurs. Le catalyseur à trois voies et les réglages du bloc permettent à cette voiture de répondre aux normes Euro IV. Le châssis de la Civic est bien équilibré et le combiné MacPherson à l’avant et la suspension arrière à double triangulation sont les garants de la maniabilité et de la stabilité. Par contre, les bruits aérodynamiques ne manquent pas à haute vitesse, ce qui est parfois gênant. Monter en gamme Pour vraiment acheter une sportive, il faut monter en gamme. Le 1.6 profite déjà de la technologie VTEC à temps d’ouverture et de levée variables des soupapes, mais reste encore trop timide avec 10,4 secondes au tempo 100 et 187 km/h de vitesse de pointe. Idem pour le 1.7 CTDi au gasoil dont les performances se situent entre le 1.4 et le 1.6 essence. Il faut se tourner vers la version 5 portes et la 2.0i Sport pour vraiment s’amuser avec la Civic. Traction avant comme ses congénères, elle réalise enfin les exploits qu’on attend d’une voiture avec un tel badge. 210 km/h en pointe, 0 à 100 km/h en 8,8 secondes et une consommation contrôlée passant de 6,2 à 10,1 litres en fonction du parcours. On aurait bien aimé l’essayer celle-là. Ceci dit, Honda reste une marque capable de faire des voitures fiables. On est toutefois déçu par le manque de ressort et de reprises du 1396 cm³ alors que nos amis Japonais sont de vrais motoristes. On se consolera en voyant le montant de la facture de cette 1.4i Sport : 16.600 euros. 2.400 euros de plus que la version de base, mais avant un décorum plus sympa, un équipement adapté et un look dynamique. Pour 22.500 euros on a droit à la 5 portes 2.0i Sport nettement plus amusante, à voir les données sur papier du moins. Les vrais, les purs, les durs feront tous les efforts nécessaires pour aligner les 23.030 euros demandé par la Type-R. Ça c’est une voiture de sport. © Olivier Duquesne & Lionel Hermans