Crise économique, prix du carburant, pollution, tous les éléments se liguent pour mener la vie dure aux constructeurs automobiles, obligés de défricher de nouvelles pistes, de se réinventer, d'offrir des réponses multiples aux consommateurs emplis de doutes. L'essence depuis longtemps n'a plus guère les faveurs d'un public horrifié à chaque plein par le montant affiché à la pompe. Il préfère payer plus cher l'achat de sa voiture plutôt que de se voir rappeler la gloutonnerie de son choix à chaque plein. Il ne faut pas chercher plus loin l'insolent succès des voitures diesel, championnes des chiffres bas de consommation, mais aussi de rejets, un sujet "touchy" qui influe directement sur notre fiscalité. Le diesel pourtant revient maintenant presqu'au même prix que l'essence à la pompe, les études ne font plus mystère de l'impact des particules diesel sur la santé, et les motorisations essence évoluent avec l'arrivée de modèles hybrides mêlant astucieusement énergie thermique et électrique.
Toyota, pionnier en ce domaine avec la Prius, s'investit à fond dans cette technologie qu'on retrouve sur plusieurs modèles de la marque ainsi que sur les Lexus, le haut de gamme du constructeur nippon. Dernier modèle à bénéficier de cette technologie, la Yaris. Apparue en 2011, la troisième génération de la Yaris n'aura pas attendu très longtemps pour se voir joindre une variante hybride, puisque moins d'un an après, la voici sur nos routes avec de solides arguments.
Esthétiquement, pas de révolution tapageuse: un bouclier redessiné, de nouveaux feux intégrant la technologie LED, des logos bleutés et un rappel de bleu de ci, de là à l'intérieur (comme les surpiqûres de la sellerie). Mais le plus important se situe sous le capot et les sièges arrière. Le bloc essence de 1.500cc reçoit seize soupapes, deux arbres à cames en tête et une distribution variable. Issu du bloc 1.8 L de la Prius, il raccourcit de 50mm et s'allège de 17kg. Il développe 75 ch à 4.800 tr/min, avec un couple de 111 Nm de 3.600 à 4.400 tr/min.
Côté électrique, tous les composants HSD (Hybrid Synergy Drive) subissent une solide cure d'amaigrissement, histoire de les loger aisément dans un véhicule compact. Le réservoir et la batterie passent sous la banquette arrière, ménageant un coffre de 286 litres et une modularité préservée, avec les dossiers arrières rabattables. L'ensemble boîte-pont rassemble le moteur électrique, le générateur, le répartiteur de puissance et le mécanisme réducteur sous un carter de transmission aussi compact que celui d'une boîte de vitesses classique.
En additionnant la puissance du moteur à celle de la batterie alimentant le moteur électrique, le groupe propulseur de la Yaris Hybrid développe une puissance de 100 ch et ne rejette que 79 gr/km de CO2. En fonction du parcours et des circonstances, le système hybride de la Yaris fonctionne suivants différents modes.
Le moteur thermique se coupe automatiquement à l'arrêt, et la petite Toyota peut rouler sur le seul mode électrique au démarrage, ou à bas et moyen régime sur quelques kilomètres. L'énergie du freinage est bien entendu récupérée pour recharger la batterie. Deux boutons "magiques" prennent place sur la console centrale entre les sièges: le mode "eco" qui limite la réponse au papillon des gaz et optimise la climatisation et le mode "EV" qui permet de rouler sur le seul mode électrique.
L'aérodynamique et la résistance au roulement ont été particulièrement soignées, tout comme l'équilibre des masses, histoire d'exploiter au mieux les avantages de cette motorisation hybride.
Signalons encore pour les grincheux, dubitatifs face aux nouvelles technologies et à leur coût, que la Yaris devrait se montrer particulièrement économe à l'entretien: pas d'embrayage, de démarreur, d'alternateur, de courroie de distribution, des freins économisés par la récupération d'énergie au freinage, une durée de vie de la batterie, équivalente à celle de la voiture, attestée par quatorze années d'expérience, et enfin, pour les plus inquiets, une garantie de cinq ans/150.000 km sur la voiture, huit ans/200.000 km pour les composants du système hybride. Rassurés?
Notre Yaris Style, affichée 21.190 €, ne pleure pas sur les équipements puisque les seuls options consistent en la peinture métallisée, le toit panoramique et le SensoPack (détecteur de pluie et de luminosité, avec miroir électrochromatique), soit au total 1.240 €. Tout le reste est prévu de série: rétroviseurs électriques et chauffants, combiné audio/GPS à écran tactile, kit bluetooth, airco, accès mains libres, ordinateur de bord, il ne lui manque pas grand-chose, et cet équipement justifie facilement le prix réclamé.
À la conduite, la Yaris inspire très naturellement à son conducteur un tempo paisible mais peu pesant. Fini de s'exciter au feu rouge, voici le temps de la "cool attitude", une pratique de plus en plus répandue, et de plus en plus conforme à l'esprit présent. On profite donc de la facilité de conduite de la Yaris, de son silence en fonctionnement tout électrique, on caresse l'accélérateur avec délicatesse pour obtenir les meilleurs chiffres de consommation, on roule paisiblement en anticipant la circulation et, le plus étonnant, on y prend vite goût, et on arrive à destination complètement détendu.
Malgré tout, la Yaris propose des performances correctes, à défaut de sensations expressives, et suffit toujours à la tâche, même si le bruit du moteur se montre parfois envahissant, la faute à la transmission de type CVT. La vie à bord est rendue particulièrement agréable grâce à l'équipement généreux qui permet de connecter son téléphone et son iPod ou MP3, l'écran GPS tactile apporte son lot d'informations sur la conduite et la gestion énergétique, le coffre n'est en rien amputé par le système hybride, on échappe au look "Prius" qui semblait une fatalité pour ce genre de voiture (cf. Honda Insight). Bref, une petite voiture bien dans l'air du temps, sage, économique, valorisante et pas ennuyeuse.
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