L’idée derrière la voiture de Grand Tourisme, ou GT, est
assez simple et plutôt alléchante : parcourir confortablement de (très)
longues distances (très) rapidement. Pour ce faire, l’habitacle est
généralement bien isolé, entièrement recouvert de cuir exclusif et parsemé de
bois noble. Tout ce luxe est propulsé à des vitesses folles grâce à des V8, V10
et même V12, tous plus puissants les uns que les autres. C’est dans cette
optique que Bentley a développé sa Continental GT, Aston Martin sa gamme DB ou
Ferrari la 812 et, plus récemment, la Roma.
Mais McLaren entend bien changer les règles en proposant sa propre
version du coupé Grand Tourisme avec un moteur situé en position centrale
arrière.
Plus souple et confortable
La GT est une combinaison de différents composants d’autres
McLaren. La structure de base est une version unique du châssis MonoCell en
fibre de carbone de la série Sport alors que les suspensions sont empruntées à
la série supérieure, la Super. Cette combinaison permet à la GT d’être la plus
souple et la plus confortable des McLaren.
Son bloc moteur n’est autre que le V8 biturbo de 4 litres
provenant de la 720S. Il a tout de même été modifié et ne produit désormais « plus
que » 620 ch et 630 Nm de couple. Mais ce couple maxi est disponible
plus tôt et surtout de manière plus progressive. Ces modifications lui permettent
d’être plus facilement utilisable au quotidien. Mais lui donnent-elles accès au
titre de GT ?
Grand coffre, mais peu pratique
Pour pouvoir prétendre à ce titre, il ne faut pas seulement
être rapide, mais également pouvoir emmener plusieurs passagers et leurs
bagages à destination. La GT propose un volume de chargement de 570 l. Soit
autant que celui d’une berline premium.
Pour ça, bravo. Mais, malheureusement, cet espace est
difficilement utilisable. Le compartiment avant est profond et offre 150 l
de capacité. S’il est idéal pour ranger un ou deux sacs souples, par exemple, il
est en revanche trop étroit que pour y faire rentrer une valise. Sous l’immense
hayon arrière, dont l’ouverture et la fermeture électronique sont assez
captivantes à regarder, se cache un espace tout en longueur de 420 l.
Ce dernier a été étudié spécifiquement pour y placer des
sacs de golf ou des skis. Il est tellement bien pensé pour ces objets qu’il
semble difficile d’y caser autre chose. De plus, aucune cloison ne sépare cet
espace arrière de l’habitacle. Avec de courses rangées dans ce coffre, gare aux
fruits et légumes qui pourraient faire une apparition soudaine dans l’habitacle
en cas de freinage appuyé !
Utilisable en ville et au quotidien…
Une GT se doit d’être facilement utilisable au quotidien.
Pas question de s’arrêter pour passer un dos-d’âne au pas ou de recevoir un
coup dans le dos à chaque passage de rapports. Heureusement, ce n’est pas le
cas à bord de la GT. Le dessin du bouclier avant a été étudié pour augmenter
l’angle d’attaque notamment sur les casse-vitesses. Et ça marche ! Les dos-d’âne
s’enchainent sans même avoir besoin d’utiliser le nose lift qui rehausse
le nez de la voiture de quelques centimètres. L’ensemble boite/moteur est
également très souple, facilement utilisable tous les jours, sans le moindre
à-coup. La visibilité est excellente. Le châssis carbone rigide autorise des
montants plus fins et augmente la surface vitrée qui est stupéfiante pour ce
genre de voiture.
À bord, on voit tout ce qui nous entoure, ce qui facilite la
conduite en ville et permet même de se garer sans grande difficulté. Petit
bémol tout de même, la caméra de recul apparait devant le conducteur et la vue
vers l’écran est rapidement bloquée dès que le volant est tourné. Attention
également à l’ouverture des portes. Du plus bel effet, elles n’aimeront pas les
places de parking trop étroites.
… mais pas pour de longues distances !
Cette GT est véritablement facile d’utilisation. Mais pas
reposante pour de longs trajets. On perçoit trop de bruits de vent et de
roulement dans cet intérieur entièrement recouvert de cuir. De plus, le son du
V8 est toujours présent dans l’habitacle. Presque trop ! McLaren a
retravaillé sa sonorité pour qu’elle soit plus rauque. Si l’échappement sonne
différemment de celui de la 720S, il n’est pas le plus agréable de sa catégorie
à écouter. Après plusieurs heures dans la voiture, les oreilles réclament une
pause…
Longues courbes plutôt qu’Autobahn
Sur autoroute, la consommation ne descend que rarement sous
les 12l/100km et, avec un réservoir de 72 l, la GT demande des arrêts fréquents
à la pompe. Pas géniale pour une voiture qui se veut capable de parcourir des
longues distances. Le terrain de prédilection de cette McLaren se rapproche donc
plus d’un enchaînement de longues courbes rapides que d’une portion d’Autobahn
sans limitation de vitesse. La GT est légère, très légère pour une voiture de
cette catégorie avec seulement 1.530 kg sur la balance. Ce « poids
plume » se ressent dans la direction très communicative. Un véritable
régal à utiliser, même en ville.
Cette GT est également pleine de caractère, son V8 est ultra
réactif et ne semble vouloir qu’une seule chose : monter dans les tours !
À son volant, on ne demande qu’à enchainer les virages à vive allure. Mais sans
pour autant les attaquer le couteau entre les dents. Voilà une expérience
rafraichissante pour une supercar : cette McLaren donne envie de savourer pleinement
le moindre tournant plutôt que de viser le point de corde et de passer le plus
vite possible au suivant !
Cher payé… mais justifié ?
Toutes ces prestations ont un prix assez élevé, bien en
accord avec celui de ses concurrentes. Ils débutent à 201.500 €. Aie.
Auxquels il faut rajouter pas moins de 39.780 € d’options pour notre
modèle d’essai pour un total de 241.280 €. Re aie…
Mais ce tarif est, en quelque sorte, justifié. Peu de
voitures peuvent se targuer de telles performances tout en étant aussi faciles d’utilisation.
Notre Verdict
La McLaren GT, une voiture de Grand Tourisme ? Non. Son
habitacle manque d’insonorisation pour prétendre pouvoir parcourir de longues distances
à son bord. Quant à sa capacité de chargement, elle est certes importante, mais
trop peu pratique. Cependant, pour un premier essai, la marque anglaise n’a pas
manqué sa cible de grand-chose. Cette GT est une excellente supercar
polyvalente, sans doute la plus utilisable d’entre elles. Mais elle reste une
supercar avant tout !