Éditorial – Sur la valeur des choses

  • Piette François
  • 05 avril 2005
Dans le forum, un vroomeur a poussé un cri du cœur : pourquoi les motos sont-elles si chères ? On y insistait notamment sur le peu d’évolutions technologiques entre les motos de maintenant et celles des années ’80. Dans le monde de l’automobile aussi on a du mal à trouver la voiture de ses rêves à tarif raisonnable. C’est bien cher Difficile de croire qu’une moto puisse coûter plus de 10.000 euros. Et pourtant, un petit coup d’œil dans les catalogues et les cheveux se dressent sur la tête. Les prix ont la fièvre et pas forcément que dans les marques prestigieuses. Pareil en quatre roues, essayez de trouver une voiture bien équipée et réellement spacieuse à moins de 12.500 euros. Ce n’est pas facile. On pourra toujours dire que les évolutions technologiques assurent un meilleur confort, que les voitures doivent subir moins d’entretien, qu’elles durent plus longtemps, mais 15.000 euros, et bien souvent 20.000 euros, cela reste un fameux budget. Certains diront que l’on paie des tas de trucs inutiles. Notamment l’ordinateur de bord et tout un tas de « gadgets ». Sécurité et confort Mais en décortiquant un peu la carcasse, on constate que les voitures actuelles sont très complexes avec des normes de sécurité et antipollution à respecter : injections multiples, catalyseur, équipements de confort, antiblocage, antipatinage, prétensionneurs, sièges modulables, filtre à particules, système antivol, zones d’absorption, panoplie d’airbags, etc. Je ne parle même pas de l’autoradio, du toit ouvrant, de la climatisation, du GPS et du mains libres… Bref, le client d’Europe occidentale s’est fait de plus en plus difficile et n’a pas beaucoup hésité à mettre la main dans le porte-feuille. Générosité récupérée par des autorités gourmandes de taxes. En fin de compte, payer le suréquipement en série coûte moins cher que des options et des accessoires, pour peu qu’on ait bien voulu les prendre en option. Et c’est là le problème, tenaillés entre l’envie d’acheter à bas prix, de fiabiliser les produits et de répondre à des normes très strictes, les constructeurs ne peuvent se permettre d’offrir les voitures à rabais. Cependant, certains constructeurs proposent des modèles de gamme moyenne à un prix quasi identique au prix de revient. En clair, ils ne gagnent rien sur l’achat et prient pour que le nouveau client reste fidèle à la marque pour l’entretien et le suivi. 3000 euros en plus Ceci dit, des voitures à bon marché non exclusivement citadines débarquent : VW Fox et Logan. D’autres existent déjà à moins de 10.000 euros – de base : Chevrolet Kalos, Hyundai Getz, Kia Rio, Škoda Fabia, Seat Ibiza, Ford Fiesta, Peugeot 206 et Renault Clio. Le cas de la Logan mérite réflexion. Elle se vend 5800 euros en Roumanie et débarquera avec une étiquette de plus de 7500 euros chez nous. La raison ? La taxation mais aussi des impératifs de normes et de sécurité. Difficile de vendre chez nous une berline sans ABS ni direction assistée et avec un seul petit airbag. La Logan « occidentale » a donc droit à l’antiblocage, à l’assistance de direction et au coussin gonflable pour le passager (non, pas le petit coussin pour se reposer mais le sac qui sort de sa boîte en cas de collision). La sécurité a un prix… Et il faut donc casquer. Le prix des motos : un scandale ? Les motos ont un autre problème : les évolutions sont restées limitées. Une fourche même inversée cela reste une fourche, le guidon est un concept vieux comme le vélo et les moteurs sont restés relativement classiques. On a bien noté l’arrivée de l’ABS et de l’injection. Mais la structure reste globalement la même. Même si l’échappement et les freins ont progressé aussi. Certaines marques, comme BMW, ont des tarifs élevés par un choix délibéré de solutions techniques originales et d’avancées mécaniques et technologiques. Cependant, on note que les Japonais arrivent tout doucement à des prix similaires. Harley Davidson a une aura qui lui permet quelques fantaisies. Et puis certains quittent leur niche pour s’ouvrir à d’autres clients, à l’image de KTM. Niche N'oublions pas que le marché des deux roues motorisés est encore relativement discret, même si en nette progression. Les constructeurs de moto n’ont pas des opportunités d’économie d’échelle comme les fabricants automobiles. Remarquez qu’en moto on commence à voir des cousines quasi jumelles, on pense à la SuzKawa. Néanmoins, acheter une moto reste un acte lié au désir de se faire plaisir. Surtout qu’il n’existe pas vraiment de moto utilitaire. Car, d’un point de vue rationnel, cela coûte plus cher qu’une voiture et c’est nettement moins pratique en tout : équipement, utilisation et assurances. Sans parler qu’à la moindre chute, il faut se refaire les clignos ou une partie du carénage. Et difficile de changer sa roue en cas de crevaison. À tous les coups : bonjour le chèque qui fait mal. Le seul avantage des motos et scooters : on peut remonter les files. Ce marché des remonteurs de file va peut-être ramener à la baisse certains types de motos, notamment les gros scooters et les montures faciles à contrôler. Même Harley Davidson a récemment diminué le prix de son bas de gamme. C’est dire… Différence Europe – États-Unis On s’interroge aussi sur les énormes différences entre le prix du neuf en Europe et en Amérique. Déjà, les prix américains sont hors taxes et le dollar n’est pas en très grande forme. Le taux de change du dollar a d’ailleurs un effet assez important sur le sentiment de différence. D’autant que les comptes des grandes sociétés sont toujours calculés dans la monnaie américaine… De plus, les marchés sont très différents. Le continent américain est le plus grand marché automobile et moto du monde. Là-bas, on peut se permettre de raboter les marges et prendre des bénéfices sur la masse. En plus, en terme de finition et de performances, l’utilisateur américain est moins exigeant. Et les constructeurs ? Les constructeurs sont-ils blancs comme neige dans l’histoire ? Non peut-être pas, mais en automobile, en tout cas, on remarque que, à part quelques exceptions, les résultats ne sont pas brillants. Pourtant, ils ne se privent pas de délocaliser, de se partager les moteurs, trains de suspensions, boîtes de vitesses, boutons… Pour la moto, il est clair que les affaires étant ce qu’elles sont, et le marché réservé à des niches de passionnés, les marques peuvent se permettre d’un peu booster le prix de vente. Chaque motard adore sa monture, la bichonne et se sacrifie pour s’adonner à sa passion. Et quand on aime « on en compte pas ». Disons qu’on ne comptait pas. Mais vu la flambée du prix du pétrole, les assureurs de plus en plus durs à la détente, la nécessité de repasser le permis pour certaines générations de « caisseux » et les équipements vestimentaires qui suivent le mouvement, l’inflation finit par faire mal. Et on roule avec une vieille veste en cuir, des pneus chauves ou un guidon légèrement tordu, parce qu’on ne peut plus faire autrement. La moto va-t-elle devenir un luxe ? En tout cas, elle reste un plaisir en marge de notre société sécurisée à outrance où la prise de risque est considérée comme une tare. Cette diminution du risque, les constructeurs automobiles l’utilisent dans leur marketing. À chaque fois qu’un crash test débouche sur un score 5 étoiles, on sonne clairon et trompette. Mais chaque demi-étoile gagnée a demandé un énorme travail en amont avec une armée d’ingénieurs et d’ordinateurs. Des gens et des machines au budget considérable… © Olivier Duquesne assisté de Bruno Wouters Photo : D’Ieteren P.-S. : n'hésitez pas à déposer vos commentaires ci-dessous.

Lire plus:

À propos de l'auteur : Piette François

Actualité recommandée pour vous

Plus d'actualités
Aston Martin : la Vanquish de retour avec un V12 !

Aston Martin : la Vanquish de retour avec un V12 !

La nouvelle Aston Martin Vanquish sera officiellement dévoilée plus tard en 2024 et disposera d’un V12 biturbo développant 835 ch et 1.000 Nm !

BMW abandonne la lettre “i” sur ses modèles à essence

BMW abandonne la lettre “i” sur ses modèles à essence

Une page se tourne dans l’histoire du constructeur bavarois !

Nos 5 détails préférés de la Hyundai Ioniq 5 N

Nos 5 détails préférés de la Hyundai Ioniq 5 N

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la Hyundai Ioniq 5 nous a fait (très) forte impression lors de son essai et ce notamment grâce à 5 détails que l’on a adorés !

Renault Symbioz : Captur XXL

Renault Symbioz : Captur XXL

Le nouveau SUV Symbioz de Renault promet un rapport encombrement/habitabilité record ! Situé entre les Captur et Austral, il sera uniquement disponible en E-Tech hybrid.

Voitures neuves recommandées pour vous

Plus de voitures neuves

Essence, Automatique

27 547 €

Essence, Manuelle

23 748 €

Essence, Manuelle

21 500 €

Diesel, Manuelle

32 584 €

Voitures d'occasion recommandées pour vous

Plus de voitures d'occasion

Essence, Automatique

28 995 €
2011
65 000 km

Diesel, Automatique

52 900 €
2021
1 500 km

Essence, Automatique

23 500 €
2020
30 212 km
52 990 €
2019
105 433 km