Essais

Intéressant comme concept

Conduire la Prius, une hybride, revient à essayer une voiture de demain. La deuxième Prius (et oui, il y en avait déjà une autre lancée en 1997) se veut plus polyvalente tout en gardant sa principale curiosité : le moteur électrique allié au bloc thermique.
  • Piette François
  • 01 août 2004
  • Toyota
Avantages et inconvénients

      Vitrine technologique du constructeur japonais, la Prius alimente les conversations de ceux qui l’ont essayée ou approchée. C’est une voiture unique qui a de fabuleux atouts : une vraie berline, peu d’émission de CO2*, une boîte de vitesse originale, le confort du silence en agglomération, une consommation basse. Mais elle a aussi de douloureuses tares : un intérieur triste, un tableau de bord central, un look peu conventionnel et un moteur thermique bruyant sur autoroute.

      Chut !

      La première surprise dans la Prius c’est la mise en route. En appuyant sur le bouton « Start » on n’entend rien du tout. Il faut jeter un œil sur le tableau de bord pour s’assurer que le voyant « Ready » est bien allumé, preuve que le moteur tourne. Ensuite, il y a le levier de la boîte automatique à variation continue qui retourne à sa position après la sélection du D ou du R (marche arrière). À moins de 30 km/h le moteur thermique de 1497 cm³ veille en silence, laissant tout le travail au moteur électrique totalement inaudible. Ensuite, il prend la relève mais peut compter à tout moment sur un petit coup de pouce de son compagnon pour relancer la mécanique. Ce couple motorisé fonctionne parfaitement. Jamais la voiture n’a oublié de faire redémarrer le bloc essence et l’électricité permet de se faufiler calmement en ville. En laissant faire l’électronique, la voiture passe constamment du thermique à l’électrique ou en régime combiné de manière efficace qui peut être contrôlée sur le moniteur. Pas besoin de brancher la voiture sur une prise. La batterie se recharge automatiquement en récupérant les excédents d'énergie du moteur thermique ou lors des freinages. À moins de 45 km/h, on peut décider de ne rouler qu’à l’électricité. Silence assuré ! Seulement, on s’en doutait avant de l’essayer, cette absence de bruit à l’extérieur a un fâcheux effet secondaire. Un piéton et un cycliste, ne nous ayant pas entendus arriver, ont failli se jeter sous nos roues. Heureusement vigilant (et roulant forcément à moins de 45 km/h), nous avons su nous arrêter à temps. Leur regard surpris montrait bien qu’ils ne s’attendaient pas à voir une voiture, n’ayant rien entendu arriver. Lorsque les voitures très silencieuses se généraliseront il faudra peut-être penser à un système pour éviter pareille mésaventure.

      Démarrage décapant

      Le plus drôle avec la Prius c’est le démarrage aux feux. Celui qui vous suit est sans doute intrigué par cette drôle de berline et a peut-être remarqué l’insigne indiquant qu’il s’agit d’une voiture hybride. On image déjà son rictus du genre « cela va prendre une plombe à cette auto pour accélérer ». Et bien non, la CVT a cela de merveilleux : dès qu’on lâche le frein, la voiture avance déjà. Donc en écrasant légèrement le champignon, la boîte à variation continue et les moteurs thermique et électrique s’allient pour faire avancer la Prius et laisser les autres derrière. Certes, sur la longueur, elle peut se faire rattraper parce que la puissance est limitée à 78 chevaux, mais le passage de 0 à 100 km/h s’effectue tout de même en 10,9 secondes. Pas mal quand on sait que le bloc de 1,5 litres VVT-i doit tirer 1300 kg (à vide) avec 57 kW en réserve. Preuve que l’assistance électrique en mode thermique est efficace. Toutefois, l’utilisation intensive de matériaux ultralégers comme l’aluminium, la résine ou l’acier à résistance extrêmement élevée et les efforts d’allégement ont permis de gagner 140 kg sur le poids à vide de la Prius. Tout bénéfice pour les performances de la Toyota.

      Rôle plus important pour l’électricité

      Le système hybride de la deuxième génération inauguré sous le capot de cette Toyota Prius est un concept « révolutionnaire » baptisé Hybrid Synergy Drive®. Concrètement, contrairement aux hybrides de génération actuelle n’utilisant leur moteur électrique que comme auxiliaire, dans le système Hybrid Synergy Drive®, le moteur électrique acquiert un rôle beaucoup plus important, axé également sur les performances. La Prius affiche aussi des émissions de NOx inférieures de 96 % aux niveaux EURO IV requis pour les voitures Diesel. Elle ne produit que 104 g/km de CO2 en cycle combiné. De même, ses émissions de NOx sont remarquablement faibles. Les chiffres de consommation sont remarquables : la Prius se contente de 5 litres aux 100 km. Et plus on roulera calmement en ville, moins on consommera. Par contre, à régime constant sur autoroute (mais en respectant les limitations de vitesse en vigueur en Belgique), la moyenne passe à plus de 6 litres. Le monde à l’envers où la conduite urbaine est moins gourmande. À condition de ne pas appuyer exagérément sur le champignon. Sa sobriété, la Prius la doit aussi à sa pénétration remarquable dans l’air. Son Cx affiche un brillant 0,26 ! Ses lignes aérodynamiques et fluides profitent également au conducteur et à ses passagers, puisqu’elles permettent de réduire les bruits aérodynamiques. Mais cela n’empêche pas d’entendre le cri d’effort du bloc essence sur autoroute.

      Longue planche de bord

      Vu la tension électrique disponible, Toyota a largement exploité la technologie « �by wire ». La transmission et le freinage sont, notamment, commandés sans aucune liaison mécanique ou hydraulique entre les organes. Cette voiture n’étant pas seulement un concept mais un produit mis en vente sur le marché, il faut aussi s’intéresser à son confort. L’habitacle est spacieux et lumineux. Les sièges arrière sont rabattables et le coffre généreux. Toutefois, on a quand même un peu l’impression d’être les cobayes d’une expérience automobile. Le décor est futuriste avec cette planche de bord qui n’en finit pas, l’instrumentation centrale et des matériaux un peu tristounets. Le levier de sélection est original et sympa. Sauf qu’une fois, la main a malencontreusement frôlé le sélecteur qui est passé de D à B (frein moteur). Pas grave, mais pas agréable. Les suspensions manquent de fermeté pour un Européen et les freins arrière sifflaient parfois. La visibilité arrière est bien assurée par le hayon largement vitré. Pourtant, l’exotisme de sa ligne ne manque pas d’alimenter les ragots. Mais, en fin de compte, ce qui séduit dans cette Prius, c’est son caractère hybride. Alors autant l’affirmer avec un look fort. Même si incontestablement plus soignée et plus efficace sur la route que la Prius de 1997, Toyota aura encore du mal à la vendre, surtout à 27.000 euros. Pourtant, on peut compter sur une garantie et une assistance de 5 ans, une garantie de 12 ans contre la perforation et une garantie de 8 ans sur les pièces hybride. À moins que la prime d’assurance raisonnable et les déductions fiscales ne motivent davantage certains…

      © Olivier Duquesne

      * À partir du 1er janvier 2005, si tout va bien, l’achat d’un véhicule peu polluant donnera droit à une déduction fiscale. Sur proposition du Ministre des Finances, Didier Reynders, le Conseil des Ministres a décidé d'accorder, le 23 avril dernier, une réduction d'impôt pour les dépenses effectuées en vue de l'acquisition d'un véhicule rejetant 115 grammes CO2 maximum au kilomètre. La réduction d'impôt est égale à : - 15 % de la valeur d'acquisition avec un maximum de 3 280 € (non indexé), lorsque le rejet de CO2 est inférieur à 105 grammes au kilomètre. - 3 % de la valeur d'acquisition avec un maximum de 615 € (non indexé), lorsque le rejet de CO2 varie entre 105 et 115 grammes maximum au kilomètre. Cette mesure s'applique à l'acquisition d'une voiture, d'une voiture mixte ou d'un minibus à partir du 1er janvier prochain. La norme de cet incitant fiscal exclut cependant une autre voiture faisant appel à l’électricité : la Honda IMA. Celle-ci rejette, en effet, 116 g de CO2 par km. Ce « couac » relève en fait de la méthode utilisée pour déterminer le niveau d’émission fiscalement intéressant. La norme a été fixée sur base d’une liste de voitures fournie par la FEBIAC. Le Ministre Reynders nous a honnêtement expliqué sa procédure : « La liste qui nous a été communiquée comporte 25 types de voitures émettant moins de 105 gr/km de CO2 et 82 types de voitures émettant plus de 105 et ne dépassant pas 115 gr/km de CO2. Cette liste permettait donc de tenir l’enveloppe budgétaire qui était réservée à cet effet. » Une simple histoire de sous qui prive la Honda IMA d’un bonus fiscal… Alors qu’un amendement élargissant la norme aux véhicules hybrides aurait peut-être été judicieux !

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      À propos de l'auteur : Piette François

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