Audi : Du gaz

A l’heure où on ne parle plus que de voitures électriques ou hybrides, Audi débarque avec du… gaz ! Pas du gaz naturel, mais bien un gaz de synthèse fabriqué avec de l’électricité verte provenant du solaire ou de l’éolien. Et le moins que l’on puisse écrire, c’est que le constructeur allemand y croit puisqu’Audi ne va pas se contenter d’acheter de l’électricité écologique, il va carrément la produire. La construction de quatre grands parcs éoliens off-shore en mer du Nord a déjà commencé, et la centrale de transformation de l’électricité en gaz sortira de terre dès ce mois de juillet en Basse-Saxe.

Stocker l’énergie

Faire du gaz avec de l’électricité, quel intérêt direz-vous ? D’abord, cela résout le problème de stockage. Le courant produit par le vent et le soleil n’est pas constant, et il est difficile de le conserver s’il n’est pas utilisé directement. Ensuite, les voitures qui utiliseront ce gaz synthétiques ne seront pas limitées en autonomie comme le sont les voitures électriques. Intéressant, non ? Bien sûr, Audi n’entend pas se focaliser exclusivement sur cette technologie e-gas. Ses modèles e-tron se nourriront directement en électricité, mais l’idée de la transformer en gaz démontre clairement que les ingénieurs sont capables de faire preuve d’audace et d’imagination pour assurer une mobilité de plus en plus propre.

Décomposer l’eau

Tout commence donc au large de la mer du Nord, avec des éoliennes d’une puissance de 3,6 MW chacune. Ensemble, elles fourniront 53 GWh par an, soit les besoins d’une ville de 50.000 habitants. Le courant est acheminé vers une installation de méthanisation. Dans un premier temps, l’électricité est utilisée pour électrolyser de l’eau (H2O) dans de gros réservoirs. Cette dernière est alors décomposée en hydrogène (H2) et en oxygène (O2). L’hydrogène ainsi obtenu pourrait être utilisé pour alimenter des voitures fonctionnant avec une pile à combustible, mais cette technologie n’est pas encore prête à être produite en série. Trop cher, trop dangereux, trop compliqué à stocker, à transporter et à distribuer… Bref, l’hydrogène « tout seul » n’est pas très utilisable. C’est pourquoi Audi a décidé de l’utiliser pour fabriquer du gaz.

Moins de 30g/km

C’est la troisième étape : on fait réagir l’hydrogène obtenu avec du CO2, ce qui produit du méthane (CH4). Ce méthane est un gaz synthétique ayant exactement les mêmes propriétés que le gaz naturel. Il peut ainsi être injecté dans le réseau de distribution existant ou être facilement stocké. Audi l’a déjà longuement testé dans un prototype d’A3 baptisée TCNG utilisant un moteur TFSI. D’ici deux ans, les futures A3 et A4 seront proposées en série avec cette technologie permettant de parcourir plusieurs centaines de kilomètres avec un plein de « gaz électrique ». Côté environnemental, une automobile de cette catégorie compacte fonctionnant avec ce gaz rejette moins de 30 g d’équivalent CO2, non seulement lorsqu’elle roule, mais aussi pour tout son bilan global (de l’éolienne à la route, y compris les émissions liées à la construction des éoliennes et de l’installation de méthanisation). Un véhicule fonctionnant directement à l’électricité fait mieux (moins de 4g/km), à ceci près que la fabrication des batteries exige énormément d’énergie.