Luxe bradé : Jensen Interceptor, le luxe anglais gavé au V8 yankee

Assez méconnue, cette voiture offre quasiment le même niveau de confort et de performances qu’une Aston Martin de l’époque, mais pour une fraction du prix ! Découvrons avec vous ce modèle atypique, mélangeant classe britannique et puissance brute américaine.





  • Piette François
  • 21 août 2017

Dans le milieu des années 60, Jensen entend remplacer sa sportive CV8 par un modèle plus en phase avec son époque et plus confortable à utiliser. Il fait alors appel au célèbre carrossier italien Touring pour lui dessiner un coupé. Ce dernier s’exécute et livre un projet de véhicule assez original, avec un hayon arrière presque entièrement vitré. La ligne est sportive, avant-gardiste. D’un point de vue mécanique, Jensen va piocher un V8 chez Chrysler.

Evolutions

La production démarre en 1966. Mais si la voiture suscite un intérêt certain, l’usine peine à suivre la cadence des bons de commande : Touring, débordé, a en effet fait appel à Vignale pour l’assemblage. Mais celui-ci traîne et n’assure pas une qualité suffisante. Jensen décide alors de rapatrier la production en Grande-Bretagne. L’Interceptor connaît un certain succès : son intérieur raffiné et sa mécanique costaude lui permettent de se confronter aux meilleures GT du moment. Replongeons sous le capot : nous y voyons un V8 Chrysler de 6,3 litres, promettant pas moins de 330 chevaux ! Le tout pouvait être accouplé à une boîte automatique à 3 rapports ou à une unité manuelle à 4 rapports. Mais cette dernière, peu convaincante à l’usage, ne fût l’objet que d’une grosse vingtaine de commandes.

Grandeur…

Fin 1969, Jensen révise sa voiture et la reconfigure pour le marché américain, ce sera la MKII. Le tableau de bord est remanié, le moteur perd en puissance pour satisfaire les normes anti-pollution et la boîte manuelle est oubliée. En 1971, pour compenser la puissance spécifique en berne, Jensen opte pour un plus gros moteur, toujours badgé Chrysler : cet énorme V8 de 7,2 litres retrouve une partie de sa superbe avec une puissance de 305 ou 330 chevaux, selon le nombre de carburateurs réclamé par le client. Au même moment, Jensen introduit la dernière évolution de son modèle, la MKIII, avec une calandre et des phares remaniés, ainsi qu’un système d’air conditionné livré de série.

…et décadence

A partir de 1972, la voiture perd progressivement de sa superbe, le V8 étant constamment bridé jusqu’à ne produire plus que 255 chevaux. En 1976, Jensen est aux abois : son modèle d’accès, la Jensen-Healey, connaît de graves problèmes alors que la crise pétrolière et financière mettent un terme aux gloutons V8. L’Interceptor tire sa révérence et Jensen est déclarée en faillite.

Les variantes originales

Si un classique automobile ne se conçoit, selon vous, qu’en plein air, sachez qu’un cabriolet fût également disponible à partir de 1974. Seuls 267 modèles furent produits. Plus rare encore : le coupé ! Basé sur le cabriolet, ce dernier propose une ligne moins homogène, mais est capable d’accueillir deux (petites) personnes à l’arrière. 60 exemplaires furent produits. Mais la star du show, c’est incontestablement la FF : il s’agit de la première voiture de série (hors tout terrain) à utiliser une transmission intégrale et un système ABS ! 320 voitures furent assemblées.

Aujourd’hui

La Jensen est longtemps restée boudée des collectionneurs, avec une cote stagnant au ras des pâquerettes. La valeur du modèle a pris son envol, mais reste loin derrière les Aston Martin, Lamborghini et autres Maserati contemporaines, qu’elle est pourtant capable de concurrencer ! Les dernières ventes aux enchères révèlent des voitures en état « correct » pour environ 35.000 à 40.000 €. Un modèle en état concours peut revendiquer le double, tout comme un cabriolet. Une FF peut facilement prétendre à plus de 100.000 €. Avec plus de 6.400 exemplaires, vous devriez facilement en trouver une qui vous convient, mais sachez que la plupart des modèles possèdent le volant à droite ! Les MK I sont les plus désirables, car les plus puissantes et les plus fines, esthétiquement.

Que regarder ?

Particulièrement agréable à conduire, avec son V8 sonore et gargouillant dans les graves et sa tenue de route saine, la Jensen n’est cependant pas une sportive. Le moteur, si son fort accent ne peut renier ses origines américaines, a toutefois été revu par les Anglais… Ce qui signifie un « bidouillage » pas forcément dans les règles et une réfection qui peut donner lieu à quelques casse-têtes. La partie électrique peut également effrayer le novice, il est donc capital de vérifier le bon fonctionnement de tous les éléments.

Mais votre plus gros ennemi, ce sera, vous l’aurez deviné, la rouille ! L’Interceptor est la première Jensen à abandonner la fibre de verre pour l’acier, ce que beaucoup de collectionneurs regrettent aujourd’hui ! Si tout ceci vous fait peur, sachez qu’un spécialiste de Jensen vous propose un modèle remis à neuf, armé d’un V8 de Corvette et d’un équipement moderne.





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