L’obscurité est totale et le niveau d’humidité proche de 100%. L’eau qui ruisselle le long des vieux murs en briques du tunnel a fini par former d’énormes flaques dont la profondeur est difficile à déterminer. Pourvu que ça passe… « Pas de stress » nous lance l’instructeur, trempé, venu surveiller l’évolution du convoi sur son quad. Nous sommes à plusieurs mètres sous la ville de Liverpool. A bord du nouveau Range Rover Evoque. C’est là que les Anglais nous ont invités à tester leur nouveau modèle. Une véritable sculpture sur roues étroitement dérivée du concept-car LRX. Avec ses 4,35 m de long, il est 42 cm plus court (et 18 cm moins haut) qu’un Range Sport. C’est donc, et de loin, le plus petit modèle jamais construit par la marque. Le plus routier aussi, à tel point que Land Rover le proposera en version deux roues motrices : une authentique révolution. Mais dans cet ancien tunnel ferroviaire désaffecté, c’est bien une version 4x4 que nous avons entre les mains. Du tout-terrain… dans la ville : le message de la marque est clair. L’Evoque est un véhicule urbain, ou du moins routier, capable de mettre les roues dans la boue. Et même un peu plus que cela car le parcours concocté par les organisateurs réservait bien d’autres surprises.
Après être sorti sans encombre de notre tunnel, c’est à une autre gymnastique que ces Anglais décidément un peu « fêlés » nous convient. Cette fois, il s’agit ni plus ni moins que de rouler dans un… canal ! Si si. Pas au fond, rassurez-vous. L’Evoque n’est pas un sous-marin, même dans la ville des Beatles. En réalité, les experts du Land Rover Experience, rodés à ce genre d’exercices, ont immergé un pont sous l’eau, juste assez profondément pour que l’Evoque ne boive pas la tasse. Confortablement installés à bord, nous observons ce qui se passe sous l’eau grâce aux caméras situées dans le pare-chocs. L’attraction permet aussi aux badauds de se délecter du stupéfiant design de l’Evoque. Car il ne faut pas se voiler la face : bien avant ses aptitudes routières ou en tout-terrain, ce qui caractérise avant ce « baby Range », c’est son look. On a tellement l’habitude de croiser des voitures passe-partout de nos jours qu’on ne peut qu’applaudir des deux mains l’audace des concepteurs.
Disponible en trois ou cinq portes, l’Evoque ne réunit pas les standards qui caractérisent habituellement les SUV. La ligne fuyante est clairement celle d’un coupé (surtout en trois portes, bien sûr) et la ceinture de caisse remonte très haut. Une impression d’écrasement encore accentuée sur les versions disposant d’un toit noir. Chic et trendy, l’Evoque propose d’ailleurs de nombreuses possibilités de personnalisation, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur. Reste qu’avec une telle liberté laissée aux designers et un gabarit aussi compact, on se dit que l’habitabilité doit forcément être limitée. C’est relativement le cas dans la version trois portes, mais la cinq portes s’en tire plutôt pas mal. Même en réglant le siège avant pour moi, je n’ai eu aucun mal à caser mon mètre nonante deux derrière. Quant au coffre, il engloutit 575 litres (550 sur le coupé) ce qui, sans être exceptionnel, suffit à un usage familial.
Quittons Liverpool et ses séances de gymkhana urbain pour une longue escapade dans le Pays de Galle et ses majestueux paysages alternant prairies verdoyantes et rochers escarpés. Richement équipé, notre véhicule d’essai dispose de tout ce qu’il faut pour se faire plaisir sur la route et en dehors. Commençons par le tout-terrain. L’Evoque n’est pas un franchisseur, et d’ailleurs aucun des clients ne feront le quart de ce que nous lui avons fait subir. Il n’empêche : ses capacités off-road sont réelles. Avec le Terrain Response, il suffit de sélectionner le mode désiré (Normal-herbe/gravier/neige-boue/ornières-sable) et d’y aller. Une descente vertigineuse ? La voiture se retient toute seule à la vitesse que vous sélectionnez via le régulateur. Un démarrage en côte, dans la boue ? Le système Haldex répartit idéalement le couple entre les roues. C’est facile, efficace et confortable.
Sur la route, la suspension MagneRide à amortissement variable fait merveille. On peut même opter pour le mode Dynamic (le tableau de bord s’illumine alors de rouge) du Terrain Response pour accroître l’efficacité routière. Impossible de pousser l’Evoque dans ses derniers retranchements avec une conduite à droite et en roulant à gauche, mais la première impression est prometteuse. Le toucher de route est excellent, les mouvements de caisse bien contrôlés et le train avant incisif. Pas d’impression de lourdeur non plus, malgré les 1.670 kilos de l’engin. Le moteur 2,2 litres diesel (disponible en 150 et 190 chevaux) fait bien son boulot et, grâce notamment au système start/stop, se contente de 5,7 l/100 km en moyenne. Reste le problème du prix... A des tarifs évoluant entre 33.800 et 48.700 euros, l'Evoque fait payer cher son exclusivité.
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