Histoires de fous

  • Piette François
  • 19 mai 2011

Dans l’Allemagne de l’immédiat après-guerre sont apparus de drôles d’engins construits et pilotés par des passionnés un peu fêlés. Un univers étonnant ressuscité par deux Allemands et leur incroyable collection, au cœur de Hambourg.

Tout à commencé il y a une vingtaine d’années lorsque Oliver Schmidt et Thomas König se sont mis en tête de restaurer une épave de Kübelwagen achetée 500 Deutsche Marks. Le début d’une amitié et d’une passion qui allait les amener, le 12 avril 2008, à inaugurer le Musée du Prototype. Une collection à nulle autre pareille, entièrement financée par des fonds privés (les leurs en l’occurrence !), qui fait découvrir aux visiteurs les incroyables histoires des concepteurs et des pilotes (qui parfois sont les mêmes) des voitures de sport et de course durant les quelques années qui ont suivi la seconde guerre mondiale. Des années difficiles, encore marquées par le traumatisme du conflit, durant lesquelles le « miracle économique allemand » n’avait pas encore eu lieu, et lors desquelles la créativité, l’imagination et l’audace animaient les passionnés d’automobile.

Pilote à un bras !

Parmi les hommes qui ont marqué cette époque de leur empreinte figure Otto Mathé. Cet Autrichien, fou de vitesse, avait perdu son bras droit dans un accident de moto en 1934. Loin de le calmer, son handicap lui donna envie de construire sa propre voiture de course. Une monoplace baptisée Fetzenflieger qui fit ses premiers tours de roues en 1952. Réalisé avec quelques pièces de Porsche 550 et un moteur de Spyder 1500cc, cet incroyable engin de 395 kilos seulement lui fera remporter à trois reprises le championnat d’Autriche… avec son seul bras gauche. Lorsqu’il fallait tenir le volant et changer de vitesse, il utilisait son torse !

La « saucisse volante »

Une autre curiosité du musée de Hambourg n’est autre que la DVD Stromlinienwagen. DVD pour Delfosse Versuch Düsseldorf. En 1947, on l’appelait la « saucisse volante ». Son moteur était un bicylindre fournit par le constructeur de motos Zündapp porté à 45 chevaux. Curt Delfosse, son créateur, s’était inspiré des méthodes de fabrication issues de l’aéronautique. Posée sur le châssis, la carrosserie réalisée en une seule pièce pouvait être déclipsée en moins d’une minute (il n’y avait que quatre points d’attache) et soulevée à bout de bras par deux hommes. L’ensemble de la voiture, châssis compris, ne pesait pas plus de 300 kilos.

72 h à 152 km/h

Plusieurs véhicules exposés au Musée du Prototype partagent le même moteur de base. Il s’agit du 1,1 litre Volkswagen développant, à l’origine, à peine 25 chevaux. Des chiffres à peine croyable lorsqu’on sait que, avant la guerre, l’Auto Union de Grand-Prix dessinée par Ferdinand Porsche, faisait 500 chevaux ! Mais bon, le petit 1.100cc Volkswagen, une fois préparé, donnait le meilleur de lui-même. C’est avec lui que Petermax Müller établit huit records du monde et 22 records nationaux entre 1948 et 1950. Alimenté avec du méthanol, le petit moteur affichait fièrement 78 chevaux. Bien que n’ayant jamais effectué aucun test en soufflerie, la carrosserie en aluminium martelé à la main, offrait un minimum de résistance. De quoi rouler 72 heures et parcourir 10.968 km sur la piste de Monthléry à la vitesse moyenne de 152 km/h.

Porsche autrichienne !

Comme on est en Allemagne, Porsche tient évidemment beaucoup de place dans le musée du prototype. Pas forcément des « monstres » qui ont participé au 24 Heures du Mans, mais des voitures plus discrètes, du moins si on n’y prête pas attention. Comme cette 356 Gmünd de 1949. Saviez-vous que c’est dans la petite ville autrichienne de Gmünd que se trouve les origines de la marque, et non pas à Stuttgart. C’est là que Ferdinand Porsche et son équipe construisirent leur première voiture de sport avec des pièces Volkswagen, pendant qu’ils tentaient de trouver leur premier client en Suisse. Ce n’est qu’ensuite que la production sera transférée en Allemagne.

Dans un marais en Louisiane

Et justement, en parlant de « première » Porsche, une 356 noire laquée trône fièrement au milieu de la salle d’expo. C’est un modèle 1950. Elle est sortie de la chaîne de montage le 4 août de cette année, est équipée d’un moteur 1100cc et porte le numéro de châssis 5047. C’est la plus ancienne Porsche coupé construite à Stuttgart connue à ce jour, et son histoire est extraordinaire : elle fut achetée à la société Eduard Winter de Berlin par un écrivain américain, et ses actuels propriétaires l’on retrouvée (du moins son épave) dans un marais en Louisiane.

La Porsche militaire

Porsche encore avec la 597 Jagdwagen de 1958. Une Porsche construite pour l’armée ! Après l’introduction des nouvelles forces armées allemandes en 1955, le développement d’un engin tout-terrain militaire fut confié à DKW, Goliath et Porsche. On sait que le marché fut finalement attribué à DKW et la Munga, mais Porsche avait fabriqué 70 véhicules commercialisés finalement comme « véhicules de chasse ». Cette Porsche 957 à transmission intégrale utilisait le moteur de la 356 ce qui lui permettait de gravir des pentes de 45 degrés. Des histoires et des véhicules comme celui-là, il y en a plein à Hambourg. Des plus modernes aussi comme la Jordan F1 191 de 1991 sur laquelle Michael Schumacher participa à son premier grand-prix de Formule 1 à Spa-Francorchamps. On y trouve aussi le prototype de l’Audi R8 TDI des 24 Heures du Mans. Bref, y’a de quoi faire…

 

Lire plus:

À propos de l'auteur : Piette François
Photos ©: Manufacturer. Source ©: Prototypes.

Actualité recommandée pour vous

Plus d'actualités
BMW : facelift pour les i4 et Série 4 Gran Coupé

BMW : facelift pour les i4 et Série 4 Gran Coupé

En prime d’un look rafraichi, la BMW i4 gagne une nouvelle motorisation xDrive40 forte de 295 kW (401 ch) et 548 km d’autonomie à l’occasion de ce facelift.

Mini Aceman : crossover électrique compact

Mini Aceman : crossover électrique compact

Voilà l’explication de la croissance généreuse du SUV Countryman chez Mini lors de son changement de génération. Mini lui offre ce petit frère électrique : le crossover Aceman.

Volkswagen ID. Code : « en Chine, pour la Chine »

Volkswagen ID. Code : « en Chine, pour la Chine »

Ce concept de SUV 100 % électrique Volkswagen ID. Code inaugure tout un tas de nouveautés ! Mais des nouveautés destinées uniquement à la Chine…

Mercedes G 580 EQ : le Classe G électrique est enfin prêt !

Mercedes G 580 EQ : le Classe G électrique est enfin prêt !

Le baroudeur étoilé né en 1979 se réinvente à l’ère de la mobilité électrique. Le Classe G électrique ne s’appelle néanmoins pas EQG, mais G 580 EQ. Mais s’annonce quoiqu’il en soit plutôt zélé !

Voitures neuves recommandées pour vous

Plus de voitures neuves

Essence, Manuelle

21 500 €

Essence, Manuelle

23 748 €

Essence, Automatique

27 547 €

Diesel, Manuelle

32 584 €

Voitures d'occasion recommandées pour vous

Plus de voitures d'occasion
52 990 €
2019
105 433 km

Diesel, Automatique

52 900 €
2021
1 500 km

Essence, Automatique

28 995 €
2011
65 000 km

Essence, Automatique

23 500 €
2020
30 212 km