Lowie Vermeersch: “Pour moi, dessiner des voitures ne suffit pas”

  • Van den Bogaert Robin
  • 11 juin 2013

Lowie Vermeersch avait à peine 33 ans quand on lui a demandé de dessiner une nouvelle Ferrari, en tant que directeur du design de chez Pininfarina. Mais il a renoncé à ce poste de rêve il y a deux ans, pour créer son propre bureau de design. Car Lowie ne veut pas se contenter de dessiner des voitures.

Ce n’est pas un hasard si Lowie Vermeersch a opté pour une carrière artistique. Il est né dans une famille de grands créateurs, en Flandre occidentale. Lowie est le petit-fils du sculpteur José Vermeersch et le fils du peintre Rik Vermeersch. Les trois frères de Lowie (Pieter, Tinus et Robin) sont également artistes.

“Je ne me considère pas comme un artiste car je connais depuis mon enfance la différence entre un designer et un artiste”, dit humblement Lowie. “ Mon travail se base sur la réalité. Je conçois les choses pour qu’elles servent aux gens. Dans le monde du design, il y a toujours une notion de service. On travaille avec des éléments extérieurs qui se transformeront en objets, comme une maison ou une voiture, par exemple. Dans l’art, il n’y a pas cette notion de fonctionnalité. Il n’y a pas la notion de servir quelqu’un. L’art et le design se chevauchent, mais leurs buts sont différents”.    

Vermeersch se voit plutôt comme un inventeur, un concepteur. “Si mes frères ont un intérêt purement artistique, moi, je me suis aussi toujours intéressé à la technique. Quand on combine les deux, on obtient le design”.

Une ascension rapide

Comme il n’y a pas de formation équivalente en Belgique, Lowie a étudié le design industriel à l’Université technique de Delft, aux Pays-Bas. Il a effectué un stage chez Pininfarina, en Italie. Et il a directement rejoint cette société réputée, qui travaille pour Ferrari et d’autres marques de prestige. “Le plus beau moment, c’est quand j’ai reçu la lettre de validation de mon stage. Car cela m’a permis de mettre un pied dans un milieu qui me semblait inaccessible”.   

Ensuite, tout s’est accéléré. Lowie a gravi les échelons, devenant chef d’équipe des jeunes designers, puis chief designer (responsable d’un tiers des projets du studio) et enfin design director (soit le responsable de tout le studio). Il s’est fait remarquer en remportant des concours de design (chaque projet fait l’objet d’une compétition interne entre les équipes de design) et en prouvant qu’il pouvait faire plus que seulement dessiner. 

“Tout s’est passé très vite, mais ça semblait naturel. Ma formation universitaire m’a bien aidé. La plupart des designers ont une formation purement académique, centrée essentiellement sur le dessin. Grâce à l’université, j’ai aussi acquis des connaissances générales, notamment en management. Plus j’évoluais, plus je sentais que je pouvais appliquer davantage ce que j’avais appris”.

Comme une partition de musique

Chez Pininfarina, Lowie dirigeait une équipe de cent personnes. “On est un peu comme un chef d’orchestre. Quand on lance un projet, il faut en avoir une vision large. Le premier acte créatif est d’aller chercher les gens dont on a besoin pour atteindre l’objectif. C’est comme quand on fait de la musique. Le fait de choisir deux guitaristes, un claviériste et un batteur à la place de quatre violonistes, c’est déjà de la création. Car c’est dur de faire du rock avec quatre violonistes… Il faut donc d’abord effectuer les bons choix et bien briefer l’équipe”.  

“Il faut aussi toujours chercher l’équilibre. J’aime travailler avec des gens de caractère qui ont un avis catégorique sur les choses. Mais le design, c’est toujours un compromis. C’est d’ailleurs à la base un compromis entre la créativité et la technique. Il y a aussi un aspect très psychologique : il y a des chocs d’égos et des gens à qui il faut donner confiance. Mon approche consiste à diriger les gens sans leur faire sentir que je les dirige”.    

Pas juste un “designer auto”

Aujourd’hui, Lowie dirige une équipe beaucoup plus petite. Il a en effet décidé il y a deux ans de quitter Pininfarina pour créer Granstudio, son propre bureau de design, qui est basé à Turin mais sera aussi bientôt actif depuis Bruxelles. “Quoi que l’on fasse, on est à un moment confronté à une certaine répétition. Ma motivation, c’est de créer, pas de bâtir une carrière. La carrière, c’est juste une conséquence de ma motivation. J’ai toujours besoin d’aller plus loin. Or, chez Pininfarina, j’étais arrivé à la fin d’un cycle; j’ai fait tout ce que je pouvais faire là-bas et les projets m’ont plu, mais je devais faire un choix : rester chez Pininfarina sans plus évoluer (ce qui ne me semblait pas intéressant), devenir chef designer chez un constructeur ou créer ma propre société pour travailler de manière indépendante”.     

“Quand on me demande si je suis designer ou designer automobile, je réponds designer tout court. Je ne veux pas jouer les blasés, mais pour moi, dessiner uniquement des voitures ne suffit pas, car la marge de manœuvre créative est trop étroite et je vais donc forcément un jour me lasser. En tant que créateur, il était nécessaire pour moi de continuer à dessiner des voitures (car c’est une passion), mais aussi d’élargir mon champ d’action”.   

Travailler dans l’ombre

Les constructeurs automobiles font aujourd’hui moins appel aux bureaux de design extérieurs comme Pininfarina ou Bertone, car l’identité des marques automobiles est devenue très importante. 

Malgré cela, Lowie Vermeersch estime que les bureaux indépendants ont de l’avenir, mais à plus petite échelle. « Le grand public ne pense encore souvent qu’aux grands noms, mais en dessous de ceux-ci vit un réseau de plus petites entreprises spécialisées, qui sont moins connues mais qui produisent néanmoins beaucoup ».  

« Le temps où l’on créait son propre bureau de design automobile pour la gloire personnelle est révolu. Il vaut maintenant mieux travailler dans l’ombre, cela offre de plus belles opportunités et une plus grande liberté. Granstudio se focalise sur quelques clients, pour qui nous sommes devenus un partenaire stratégique. Nous travaillons pour de grands constructeurs à travers le monde entier. Mais je ne dis pas le nom de nos clients ni quelles seront les voitures que nous dessineront pour eux dans les prochaines années. Comme ça, officiellement, ça reste nos clients qui dessinent leurs produits, bien que nous leur apportons une réelle contribution.

Multidisciplinaire

Le design automobile constitue environ 80% des activités de Granstudio. Mais la société est également active dans la mobilité au sens large. “Nous réfléchissons à l’avenir de l’automobile. Quel rôle joueront par exemple demain les applications embarquées ? Utiliseront-elles la plate-forme de Samsung ou celle d’Apple ? Ou plutôt une plate-forme spécifique ? Il va y avoir de gros changements à l’avenir. Cela influencera-t-il la façon de dessiner des voitures ?”. 

“Nous abordons aussi les nouveaux types de véhicules. Nous cherchons en effet à concevoir des moyens de transport mieux adaptés à nos centres urbains. Bien des choses vont changer d’ici 10 à 20 ans. Selon moi, la mobilité doit être abordée à partir de l’expérience de l’usager”.

La fondation Intérieur

Lowie Vermeersch ne veut pas rester cloisonné à une marque ou à un produit. Il est d’ailleurs président de la fondation Intérieur, une structure qui organise la biennale de design de Courtrai, un événement axé sur le design intérieur. L’an dernier, Lowie Vermeersch était même commissaire de cet événement bisannuel.  

“C’était une bonne occasion de me plonger dans un nouveau domaine. L’habitat m’intéresse tout particulièrement. Les maisons, leurs intérieurs et les voitures ont une chose en commun : ce sont des domaines qui influencent la qualité de nos vies et à travers lesquels nous nous exprimons. Je m’intéresse depuis longtemps au design des meubles, sinon je ne me serais pas investi dans cet événement. Je sais combien c’est compliqué de dessiner un meuble. Chaque projet implique un renouveau. Même dessiner un simple verre est une opération aussi complexe que dessiner une voiture, car vous avez peu de latitudes pour vous exprimer”.    

“La seule chose qui me déplaise dans cette biennale, c’est que les gens la voit comme une simple bourse. Pour moi, c’est bien plus que cela : c’est un vrai projet créatif. Il faudra peut-être quelques années avant que les gens s’en rendent compte. Mais je pense que si, en tant que créateur, vous faites des choses qui semblent évidentes pour le public, c’est que c’est raté. Il faut sans cesse se renouveler. Et c’est normal qu’à la vue d’une nouvelle création, les gens se disent  ‘euh ?!’. C’est pareil pour mon studio de design. Ce que je fais depuis cinq ans semble maintenant évident. Mais d’ici cinq ans, j’aurai montré de nouveaux projets (sur lesquels on communiquera) et les gens se diront ‘Ouah !’.

Qui est Lowie Ver

À propos de l'auteur : Van den Bogaert Robin

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