Saab surveille ses conducteurs

  • Piette François
  • 28 décembre 2004
Le constructeur suédois Saab développe actuellement un système de sécurité destiné à aider les conducteurs à rester concentrés sur leur conduite. Ce système surveille leurs mouvements du regard et de la tête. Si l’attention du conducteur est distraite pendant un délai assez long pour qu’un risque d’accident soit bien réel, la voiture déclenche un signal sonore. Reconnaissons qu’à un moment ou à un autre de notre vie, chacun d’entre nous a déjà vécu ce genre d’expérience. Et, dans la mesure où les conducteurs ne sont que des êtres humains, il est compréhensible, voire normal que leur attention puisse être distraite — et ce pour différentes raisons. Cela peut se produire lorsque vous êtes à la recherche de votre CD préféré, quand votre regard s’attarde trop longtemps sur un panneau publicitaire – ou de la blonde en minijupe, lorsque vous être trop curieux à la hauteur d’un accident ou quand vous cherchez votre chemin sur votre carte routière – ou que vous jouez avec votre GPS... Secondes fatales Si l’on tient compte de la vitesse du véhicule — à 90 km/h, une voiture parcourt 25 mètres en seulement une seconde —, les conséquences de telles baisses de vigilance, aussi brèves et motivées soient-elles, peuvent être lourdes de conséquence. Saab veut donc aider ses conducteurs en développant un dispositif d’alarme conçu pour pallier les risques d’une erreur humaine au volant. Il est basé sur ce que le conducteur fait en réalité derrière son volant, et non pas sur ce qu’il ou elle devrait être en train de faire. Deux microcaméras à infrarouge sont installées dans le véhicule pour suivre les mouvements des yeux et de la tête du conducteur. Dès que son regard se détourne de ce que Saab nomme la “zone d’attention principale” (à savoir la partie centrale du pare-brise qui se trouve devant lui), un chronomètre se met en marche. Si le regard et la tête du conducteur ne reviennent pas à la position “droit devant” dans un délai de deux secondes, une alarme se déclenchera. Et au cas où le conducteur ne réagirait toujours pas, une impulsion sera donnée au système de freinage par le biais du contrôle dynamique de stabilité (ESP) de la voiture. Plutôt radical et vachement intéressant en cas d’assoupissement au volant. Même dans le rétro La mesure et le traitement de l’image infra-rouge prennent en compte la relation qui existe entre la direction du regard et le mouvement de la tête. La précision du système est suffisamment grande pour qu’il puisse détecter si le conducteur conserve une vision panoramique sur la route devant lui — lorsqu’il regarde dans le rétroviseur, ou qu’il négocie un virage par exemple. Dans ce dernier cas, l’alarme se déclenchera au terme d’un délai un peu plus long. Le logiciel tient également compte de la vitesse du véhicule. Cela signifie que le système est capable de faire la distinction entre la circulation chaotique propre aux embouteillages urbains et le trafic sur autoroute, beaucoup plus fluide et rapide. À vitesse réduite, en ville par exemple, la zone d’attention du conducteur est logiquement élargie et permet un plus grand nombre de mouvements de la tête. En revanche, la période “tampon” précédant le déclenchement de l’alarme est raccourcie. A contrario, à vitesse plus élevée, la zone d’attention est plus étroite tandis que la période “tampon” avant déclenchement de l’alerte est plus longue, en rapport direct avec une densité moindre du trafic. Le dispositif d’alarme pourrait aussi être relié au système de navigation par satellite afin d’obtenir une meilleure lisibilité des conditions de circulation. Il serait alors possible de régler la période “tampon” jusqu’au seuil de “tolérance zéro” lorsque le véhicule s’approche d’une zone sensible — école ou hôpital par exemple. Bientôt commercialisé C’est une Saab 9-3 berline qui sert actuellement de véhicule d’essai et de développement. Deux caméras ont été installées, qui permettent d’obtenir une précision maximale : l’une est fixée à la base du montant “A”, côté conducteur, et l’autre en partie centrale du tableau de bord. Lorsque le système sera commercialisé, ces minuscules caméras seront totalement dissimulées derrière la planche de bord. En plus de sa fonction première, qui est de rendre la conduite plus sûre, cette technologie dispose d’un réel potentiel d’applications. On peut notamment repenser à la surveillance des paupières pour détecter un début de somnolence chez le conducteur. Cela pourrait aussi faciliter les réglages automatiques dans les voitures. Chaque visage disposant d’une image infrarouge absolument unique, il serait relativement simple de mémoriser une “empreinte faciale” pour tous les individus qui utilisent une voiture particulière. Enfin, cela aiderait au déploiement adapté du coussin gonflable. En cas de choc violent, la vitesse de gonflage de l’airbag pourrait être réglée avec précision en prenant en compte, au moment de l’impact, la position de la tête du conducteur et sa distance par rapport au volant… Souriez, vous êtes filmés ;-) © Olivier Duquesne

Source : Saab

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