Yeelen Möller

5 SEP 2024

Essai : Xpeng P7, le vrai premium chinois ?

Xpeng est l'une des nombreuses marques chinoises qui ont récemment débarqué en Belgique. Mais contrairement à de nombreuses autres marques chinoises, elle ne vise pas un prix, mais plutôt une expérience premium. Une BMW i5 pour le prix d'une Série 3 ? C’est ce que nous allons voir !

"La Xpeng P7 mérite d'être considérée par ceux qui cherchent une berline électrique haut de gamme à faible consommation et à prix compétitif, et qui n'ont pas peur d'un logo chinois."

Xpeng n'existe que depuis 2014 et est importé dans notre pays depuis cette année par Hedin Automotive, qui importe également Hongqi. La marque chinoise compte actuellement trois modèles à son catalogue belge : le grand SUV G9, que nous avons récemment essayé, un SUV de taille moyenne, le G6 qui est un concurrent du Tesla Model Y, ainsi que ce P7. D'autres marchés recevront également les P5 et G3i, moins chers, mais le succès de la gamme actuelle déterminera s'il y a de la place pour davantage de Xpeng en Belgique. Positivement impressionnés par le G9, nous étions curieux de voir ce que cette P7 valait, une fois sur la route !

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Design

Avec ses 4.888 mm de long, la Xpeng P7 se situe quelque part entre les Tesla Model 3 et Model S, ou entre les BMW Série 3 et Série 5, pour ne citer que quelques-unes des concurrentes. Il s'agit donc d'une berline imposante, dont les lignes sont lissées. En effet, cette Xpeng affiche une valeur Cw d'un peu plus de 0,23, ce qui en fait l’une des meilleures élèves de sa catégorie, sans pour autant battre des records. Avec une largeur de 1.896 mm et une hauteur de 1.450 mm, la P7 est plutôt imposante. Et cette carrosserie plutôt haute pour une berline, ne fait pas appel à de nombreux artifices pour masquer ses dimensions !

Si le design général de la P7 passe relativement inaperçu (à moins que, comme nous, vous ne rouliez avec de gros stickers sur les flancs...), il n'en va pas de même pour sa « signature lumineuse ». Au déverrouillage, la voiture vous accueille en vous montrant son « sabre laser » (les avocats de Disney ont-ils déjà frappé à la porte de Xpeng ?), accompagné d'un son provenant d’un haut-parleur externe. Et au verrouillage, vous n’en êtes même pas débarrassé, car le même scénario se répète ! S'il difficile d’envisager une arrivée discrète, sachez qu’il est heureusement possible de l'éteindre.

À bord, Xpeng semble avoir copié Tesla, du moins dans le concept et le fonctionnement. L'accès à bord se fait par des poignées encastrées qui ressemblent fort aux Model 3 et Y. Le minimalisme est le mot clé dans l’habitacle, avec de grandes surfaces lisses et un grand écran tactile central de 14,96 pouces qui concentre toutes les infos. Heureusement, le conducteur dispose également d'une instrumentation digitale de 10,25 pouces. Tout semble de qualité et bien assemblé, des panneaux de porte aux sièges en passant par le tableau de bord.

Expérience

Ergonomie à revoir

Ce minimalisme a ses avantages et ses inconvénients. Tout est beau et propre, mais si vous désirez personnaliser cette Xpeng P7, vous risquez d’être rapidement nostalgique de l'ergonomie à l'ancienne ! En fait, tout, des rétroviseurs latéraux aux modes de conduite et même au débit d'air des bouches d'aération, doit être réglé via l'écran central. Heureusement, une fois que les réglages sont effectués, ils sont sauvés via un message de confirmation, ce qu’ici encore, nous rappelle Tesla. Il y a quelques raccourcis sur le volant, mais ces derniers ne sont pas clairement identifiés et leur fonction change en fonction de vos réglages ! Certes, vous nous direz certainement que l’on s’y fait à l’usage et vous n’aurez pas tort !

Et puis, il y a le système d'infodivertissement. L'écran central est grand, lumineux et disposé de manière assez logique, mais il n'est pas toujours facile à atteindre depuis le siège du conducteur. En outre, certaines fonctions comme la climatisation et le volume sont regroupés en bas, où un bord épais du tableau de bord gêne les doigts. Les menus sont généralement explicites, mais ils sont nombreux et il faut parfois naviguer dans de nombreux sous-menus pour accéder à certains paramètres.

Pas de connectivité pour les smartphones, mais de nombreux divertissements

En ce qui concerne la connectivité, nous avons été assez déçus par le système d’infodivertissement Xmart OS. A titre d’exemple, Android Auto et Apple CarPlay ne sont pas disponibles, mais la marque annonce que ce sera bientôt (mais quand ?) le cas via une mise à jour. Vous êtes donc à la merci de la navigation intégrée, qui est lente à réagir et qui ne trouve pas toujours ce que vous cherchez. En revanche, l'offre en matière de divertissement est plutôt conséquente, avec Spotify intégré et la possibilité d'installer des applications telles que YouTube, Disney+, Prime Video, Apple TV+, TikTok et bien d'autres encore.

Banquette arrière exiguë

D'un point de vue plus pratique, la Xpeng P7 est plutôt décevante compte tenu de sa longueur et de son empattement de près de 3 mètres (2.998 mm) ! Si l’habitabilité avant est excellente, à l'arrière les grandes personnes regretteront l’espace aux jambes et la garde au toit plutôt limités… Et évidemment, ceci est d’autant plus vrai si vous êtes assis derrière un conducteur de grande taille. Enfin, les sièges arrière ne sont pas réglables et le tunnel central sur le plancher condamne la présence d'une cinquième personne, sauf en cas d'urgence.

En ce qui concerne le coffre, sa malle est plutôt étroite (et elle s'ouvre aussi assez lentement), mais il est assez profond et plus spacieux qu'on ne pourrait le penser, avec un volume de 440 litres. Cependant, il n'y a pratiquement pas de double fond, et même sous le capot, il n'y a pas d'espace de rangement pour les câbles de recharge.

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Conduite

RWD ou AWD

Deux motorisations sont disponibles en Belgique : la Xpeng P7 RWD Long Range et la P7 AWD Performance. Toutes deux utilisent la même batterie NMC de 86,2 kWh (82,7 kWh net), mais alors que la RWD ne dispose « que » d'un moteur de 203 kW (276 ch) et 440 Nm sur l'essieu arrière, l'AWD ajoute 145 kW (197 ch) et 317 Nm sur les roues avant. Résultat : une puissance totale de 348 kW (473 ch), 757 Nm et un 0 à 100 km/h en seulement 4,1 secondes ! En revanche, on ne peut pas dire que la version « de base » soit lente, puisqu'il ne lui faut que 6,7 secondes pour atteindre les 100 km/h ! Les deux versions sont limitées à 200 km/h.

Outre leurs accélérations, les Xpeng P7 RWD et AWD se distinguent également en termes d'autonomie : la version RWD peut parcourir jusqu'à 576 km avec une seule charge, contre 505 km pour l’AWD. En pratique, cela devrait normalement dire environ 400 km, mais notre P7 AWD Performance nous a vraiment étonnés : avec un mélange d'autoroutes, de nationales et de villes, et sous des températures estivales qui plus est, nous avons réalisé une consommation moyenne de 16,8 kWh. Cela équivaut à une autonomie de 492 km, ce qui est tout à fait honorable pour une berline électrique de ce gabarit !

Une véritable routière

Même si l'espace à l'arrière n'enthousiasmera pas toute la famille, la Xpeng P7 est une formidable invitation aux voyages, ce qui est évident dès les premiers mètres ! La position de conduite est excellente, avec des sièges moelleux mais soutenant correctement, tandis que l’insonorisation est très satisfaisante : vous vous sentez comme dans un véritable cocon ! La visibilité panoramique aurait toutefois pu être meilleure, la faute à une lunette arrière et à des rétroviseurs plutôt étroits.

Sur la route, la P7 met également l'accent sur le confort, avec des suspensions souples et un volant qui ne donne pas beaucoup de feedback, mais dont la direction assistée peut être réglée sur trois modes. Vous avez également le choix entre trois modes de conduite (Eco, Normal et Sport), mais même pour ceux-ci, il faut plonger dans les réglages de l'écran central. Heureusement, le mode Normal offre un bon équilibre entre douceur et nervosité. Il existe également un mode à pédale unique, mais il n'est pas à la hauteur de son nom : même dans le mode le plus extrême, vous avez encore régulièrement besoin de la pédale de frein !

Et bien que Xpeng souhaite mettre en avant les nombreuses aides à la conduite du système XPilot, ce dernier semble rapidement perdre les pédales, notamment dans les virages un peu plus serrés, et même si ces derniers sont clairement marqués ! En outre, avec ses 5 radars à ondes millimétriques, ses 12 capteurs à ultrasons, ses 4 caméras surround et ses 7 caméras HD, le système « voit » parfois des obstacles ou des voitures… qui ne sont pas là ! A l’instar de ce que proposent les Tesla, il est toutefois possible de contrôler l’environnement extérieur de la voiture via des écrans.

Prix

Prix belge de la Xpeng P7 2024

Hedin Automotive propose la Xpeng P7 en exclusivité dans notre pays, avec une grille de prix assez claire : à partir de 49.990 euros pour la version RWD Long Range, 59.990 euros pour la version AWD Performance et 69.990 euros pour la « Wing Edition », qui profite de portes papillon (rien que ça !), d'une suspension adaptative et d'un équipement plus complet. Compte tenu de la grande différence de prix entre les RWD et AWD, nous opterions plutôt pour la première, car l'équipement est presque identique (l’AWD n’ajoute que les jantes de 19 pouces). Les seules options sont donc une peinture de couleur (de 900 à 1.200 euros) et le pack Premium pour l’audio et les sièges (3.990 euros) avec cuir Nappa, ventilation des sièges et système audio Dynaudio.

Avec de tels prix, la Xpeng P7 écrase ses concurrentes directes, à savoir les Volkswagen ID.7 (à partir de 60.165 euros), Polestar 4 (64.800 euros) et surtout les BMW i5 (73.700 euros), Mercedes EQE (71.390 euros) et Audi A6 e-tron (76.800 euros). Pourtant, la P7 n'est pas perçue comme abordable en raison de son origine chinoise. Il reste à voir si cette perception changera avec le temps…

Verdict

Nous avions été positivement impressionnés par la Xpeng G9 et cela se confirme avec la P7. Il s'agit d'une berline électrique qui peut clairement rivaliser avec des concurrentes premiums grâce à un comportement routier soigné, une faible consommation et une finition de qualité. On peut fermer les yeux sur ses rares défauts (connexion Android Auto/Apple CarPlay pas encore disponible, banquette arrière exiguë) en gardant à l'esprit son prix relativement compétitif. Un prix compétitif, mais pas qui n’est pas non plus complètement au rabais : Xpeng devra donc se battre pour gagner la confiance des clients belges (et des gestionnaires de flotte).

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