François Piette

16 NOV 2002

Senna‑Prost : le combat du siècle

Quand les deux meilleurs pilotes de leur génération se rencontrent et que l’objectif de chacun et de battre l’autre, cela ne peu que donner que du spectacle et un grand, très grand moment de F1. Le point culminant de ce duel de titan eu lieu chez McLaren, où les deux champions se retrouvèrent coéquipier et se lutèrent dans un combat aussi somptueux que féroce. En 1984, lorsque le jeune prodige Ayrton Senna arrive en formule 1, il n’a qu’une idée en tète : gagner ! Dans son esprit, tout est clair : pour qu’il soit content de son grand prix, il doit réaliser la pôle, le meilleur tour et la victoire ! Ayrton est un gagnant et il repère, dés son entrée dans la discipline, qui est en mesure de l’empêcher d’être champion. Nelson Piquet, Niki Lauda, aucun de ces pilotes ne sera toujours au plus haut niveau quand il se battra pour le championnat. Mais il y en a un, un Français, qui risque de lui mettre des bâtons dans les roues : Alain Prost. Quand Ayrton arrive en F1, Alain entame sa 4èm saison et a déjà remporté de nombreuses courses. L’année précédente, il fut 2ème, derrière Nelson Piquet. Ayant signé avec McLaren pour la saison 1984, il comptait bien remporter son premier titre. Cette saison 1984 vit Senna s’illustrer au volant de la peu compétitive Toleman, avec laquelle il fit des prouesses. Au même moment, Prost se battait pour le championnat mais échouât d’un fil face à son équipier de l’époque : Niki Lauda. Prost rata le titre de … 0,5 point ! Une différence minime qui augmenta encore le désir de vaincre du Français. Les 2 saisons suivantes virent Prost rafler 2 titres de champions du monde, alors que Senna était parti chez Lotus et terminait régulièrement dans les points. C’est chez Lotus que le Brésilien fit connaissance avec les gens de chez Honda. En 1987, les 2 champions se retrouvèrent avec un matériel plus ou moins égal : Prost avec une excellente McLaren mais un moteur TAG-Porche pas terrible alors que Senna avait un excellent moteur Honda mais une Lotus laissant à désirer. C’est à la fin de cette saison 87 que le génie de Ron Dennis intervint. L’équipe McLaren possédait déjà le meilleur châssis du plateau et un des deux meilleurs pilotes. Il fit d’une pierre deux coup : il engageât Ayrton Senna, l’autre champion, et du même coup Senna fut un argument de choc pour signer un contrat avec Honda, le meilleur moteur disponible. Pour la saison 1988, toutes les conditions pour le duel tant attendu étaient réunies. L’équipe McLaren domina le championnat de bout en bout : 15 victoires sur 16 ! Le championnat allait donc se jouer entre les deux équipiers. A l’aube de leur cohabitation, les deux hommes se portaient un respect mutuel, qui se transforma peu à peu en une relation froide et distante, jusqu’à devenir une sorte de haine discrète. A la fin de la saison 1989, ils ne s’adressaient la parole uniquement par l’intermédiaire de leur mécanicien Une des raisons qui peu provoquer de vives tensions dans une équipe est le favoritisme. Si l’un des pilotes a l’impression, justifiée ou imaginaire, que son équipier profite d’un traitement de faveur, les tensions au sain du team peuvent devenir insupportables. Même si McLaren fournissait un matériel absolument identique à ses deux pilotes, Prost accusait Honda de fournir de meilleurs moteurs à Senna quand ce dernier était plus rapide que le Français. Au grand prix de St Marin 1989, un accord était prix disant que celui qui était en tète à l’approche du premier virage resterait devant jusqu’à la fin du premier tour. Au départ, c’est Prost qui était devant mais Senna passa outre les consignes et prit la tète de la course. Alain était fou de rage et exigeait une discussion franche pour mettre les choses au point. Il alla trouver Ron Dennis et mit une pression énorme pour avoir des excuses. Quand Ron supplia Ayrton de s’excuser, celui-ci éclata en sanglot et pleura des larmes de rage. A Suzuka, la dernière course de la saison 89, Prost déclara qu’il était bien décidé à ne pas se laisser faire et qu’il n’ouvrirait pas la porte à Senna si celui-ci voulait provoquer un accident. Au premier virage, les deux voitures s’accrochèrent et partirent dans l’échappatoire. Senna reparti, grâce à l’aide des commissaires et rentra au stand pour réparer sa voiture alors que Prost sorti de sa monoplace et abandonna, alors que sa voiture ne soufrait d’aucun dommage. Senna remporta la course mais il fut disqualifié pour avoir été aidé. Prost fut déclaré champion du monde et quitta l’écurie McLaren pour aller chez Ferrari. La fin de saison 1990 ne fut pas plus glorieuse ; Les deux adversaires étaient toujours en bataille pour le titre lors de la dernière course, à Suzuka. Senna réalisa la pôle devant Prost mais les ce résultat fut annulé par la FIA et son président, Jean-marie Balestre. En rage, Senna voulu a tout prix passer la Ferrari au premier virage, et accrocha Prost comme l’année précédente sauf que cette fois, c’est lui qui fut déclaré champion du monde. Ayrton s’expliqua par la suite : il s’estimait trompé par la FIA pour avoir perdu sa pôle et estimait qu’il avait gagner la course l’année précédente et donc qu’on lui avait volé son titre. Cette course clôtura de façon bien décevante ce choc de titans. En 1991, Ayrton décrocha le titre sans trop de difficulté, car ses adversaires n’étaient pas à la hauteur. La Ferrari, que Prost qualifia de « camion », n’a jamais été en mesure de remporter une course. A la fin de cette année là, Prost fut viré de la Scudéria mais il continua à être payé pour ne pas piloter dans une autre équipe. A partir de 1992, ce sont les Williams et leur moteur Renault qui font la loi. Mansell décroche la couronne mondiale alors que Senna se bat avec sa McLaren peu compétitive et que Prost est absent des circuits. Prost revint en 93, pour ce qui fut peut-être la plus belle et la plus mémorable saison des deux champions. Prost décrocha le titre avec Williams, peu de temps après l’annonce de sa retraite définitive. Senna termina 2ème, loin derrière son rival mais après avoir réalisé une pôle et 5 victoires, ce qui est un véritable exploit au vu des performances de sa voiture. La belle histoire de ces deux pilotes se termine lors du Grand prix d’Australie, le dernier de la saison. Ayrton signa on unique pôle de la saison et remporta la course. Alain termine deuxième, c’est la dernière course de sa carrière et il décroche son 4ème titre mondial. Les deux hommes tombent dans les bras l’un de l’autre sur le podium. Alain tend la main vers Ayrton, celui ci la prend chaleureusement et le tire vers la première marche du podium. En conférence de presse, Ayrton déclare que son attitude reflète ses vrais sentiments et qu’il regrettera énormément son vieil ennemi. Prost fait de même. Quelques mois plus tard, Ayrton décède à Imola, le jour noir de la F1 moderne. Le plus bel hommage qui lui fut fait, c’est Alain Prost lui même qui déclara : « Ayrton m’a aidé à repousser mes limites. Sans lui, je n’aurais jamais été ce que je suis. Aujourd’hui, ce n’est pas un concurrent que j’ai perdu, mais mon plus grand ami … » Hugues Renard, alias hyoux
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