François Piette

17 JUL 2017

Modèle oublié : Lotus Europa, la bizarrerie britannique

Un look de pick-up en miniature, un moteur Renault, des vitres et un sièges fixes : voilà des caractéristiques peu communes, que l’on ne retrouve que sur la Lotus Europa !

En ce début des années 1960, Lotus songe de plus en plus à commercialiser une voiture à moteur central. A la même période, Ford recherche un partenaire pour développer une voiture de course capable de renverser la suprématie de Ferrari au Mans ! Les deux vont donc forcément se rencontrer mais le projet n’aboutira pas, Ford préférant l’offre de Lola disposant déjà d’un modèle roulant.

Renault !

Revenons à Lotus qui décide de ne pas abandonner son projet de petite sportive à moteur central. Le Britannique étudie alors un modèle spartiate, économique et aussi léger que possible. Le résultat sera présenté en 1966 : ce sera l’Europe ou l’Europa selon les marchés. Ses caractéristiques ont vraiment de quoi surprendre, avec une châssis noyé dans la coque en polyester, des vitres fixes et, plus étonnant encore, des sièges fixes ! Ce sont le volant et le pédalier qui sont réglables, mais fastidieusement et via des outils.

Avec ses suspensions directement héritées de la compétition, la petite Lotus ne tarde pas à briller en compétition ! Ce qui reste malgré tout étonnant lorsque l’on se penche sur son moteur : pour la première fois de son histoire, Lotus a été faire ses courses chez Renault et est revenu avec un 4 cylindres de 1,5 litre. Ce moteur d’origine Renault 16 développe une fort modeste puissance de 78 chevaux, heureusement aidée par une masse de 600 kg seulement.

S2

La sportive enthousiasme les amateurs mais ceux-ci restent malgré tout rebutés par son manque de polyvalence. Lotus écoute la clientèle et apporte quelques modifications à sa voiture dès l’année suivante. Le moteur Renault gagne quelques chevaux, des vitres démontables apparaissent, de même qu’un tableau de bord en bois. C’est mieux mais les clients veulent encore plus de confort : Colin Chapman plie et développe une Série 2. Celle-ci adopte une carrosserie boulonnée, plutôt que collée au châssis, ainsi que bon nombre d’éléments de confort : vitres électriques, assistance de freinage, radio, pare-brise teinté…

Type 74 et double arbre à cames

En 1971, Lotus se rend bien compte que le potentiel de sa voiture n’est pas pleinement exploité par le moteur Renault. Pire : les amateurs regrettent amèrement le manque de « noblesse » du moulin français. Lotus apporte une réponse immédiate, avec l’adoption d’un moteur à double arbre à cames en tête. D’une cylindrée de 1,6 litres, il développe 115 chevaux, puis 126 chevaux en 1973 grâce à une culasse à grosses soupapes. Les performances sont alors dignes de certaines sportives, avec un 0 à 100 km/h avalé en 8,5 secondes ! Et pour rappeler les exploits de la firme en Formule 1, une somptueuse version JPS sera produite en 100 exemplaires.

Aujourd’hui

Avec une production frôlant les 10.000 exemplaires, les Europe et Europa ne sont pas trop difficiles à dénicher. Les premiers modèles sont même étonnement abordables, avec une cote très attractive de 15.000 € pour un modèle en bon état, à environ 25.000 € pour un très bel exemplaire ! Mais attention, ceux-ci sont de véritables cauchemars à restaurer et réparer, avec leur châssis noyé dans la caisse en polyester. La tringlerie de boîte de vitesses est à surveiller de près, de même que le circuit de refroidissement du moteur. Et ne soyez pas non plus surpris si le faisceau électrique fait preuve d’une certaine fantaisie : c’était compris dans le prix dès la sortie de l’usine !

Les Europa à moteur « Twin Cam » sont plus recherchées et s’échangent régulièrement à plus de 30.000 €. Elles gagnent en performances et en confort ce qu’elles perdent en finesse et en authenticité. Les réparations sont plus aisées du fait du châssis boulonné mais le moteur demande plus de soins. Belle pièce de mécanique, cette unité réclame des mains expertes et une réfection n’est pas à la portée de toutes les bourses !

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