Interview : 5 questions à Michiel van Ratingen (Euro NCAP)

Plus tôt cette semaine, nous avons publié les premiers résultats Euro NCAP pour 2022, une année qui voit l'organisme indépendant célébrer son 25ème anniversaire. Lors d’un entretien avec Michiel van Ratingen, secrétaire général d'Euro NCAP, nous nous sommes penchés sur le passé et l'avenir.

  • Henckaerts  Arnaud Henckaerts Arnaud
  • 07 mars 2022
  • Sécurité

1. Quel est le rôle exact d'un organisme comme Euro NCAP ?

En tant qu'organisme indépendant, l’Euro NCAP tente de garantir une sécurité maximale aux côtés du législateur qui pour sa part, fixe les exigences minimales en matière de sécurité automobile. Nous sommes un catalyseur pour que les constructeurs automobiles aillent au-delà du minimum. Nous ne le faisons pas en leur imposant des choix ou en interdisant les voitures moins sûres, nous ne pouvons légalement rien empêcher, mais en mettant un point d'honneur à ce que les constructeurs atteignent un score maximal. En outre, et parce que nous renforçons régulièrement nos protocoles, les voitures deviennent systématiquement plus sûres. A ce titre, les évolutions sont rapides ! Alors que les constructeurs n’ont introduit les airbags centraux dans les voitures qu'en 2020, ce qui était quasiment inexistant à l'époque, nous constatons que deux ans plus tard, 7 voitures sur 10 en sont déjà équipées.

2. Si vous comparez la sécurité des voitures au début de l'Euro NCAP avec celles d'aujourd'hui, que constatez-vous ?

Que les voitures qui ont obtenu un classement cinq étoiles il y a 25 ans auraient gravement échoué aujourd'hui. On peut le constater avec la Renault Zoe par exemple, qui existe depuis plusieurs années et qui obtient aujourd'hui 0 étoile. C'est précisément en raison des protocoles toujours plus stricts. Il y a 25 ans, nous nous occupions principalement de la sécurité passive, en protégeant les occupants contre les blessures graves et la mort, au moyen de rétracteurs de ceinture, de structures d’absorption de choc et de fixations Isofix. Puis est venue la protection contre le coup du lapin, qui n'est pas mortelle mais qui constitue un problème majeur. Aujourd'hui, nous sommes bien plus qu'une simple organisation de crash tests. Nous avons commencé à étudier les systèmes de sécurité active il y a longtemps : je pense par exemple aux ESP et AEB avant même qu'ils ne soient légalement obligatoires, et à partir de 2014, aux systèmes avancés d'aide à la conduite (ADAS) qui protégeront encore davantage les autres usagers de la route. Ce faisant, nous avons repoussé les limites et sauvé des vies. Par exemple, le nombre de collisions frontales a diminué de 90 %. 

À l'occasion du 20ème anniversaire, nous avons calculé que grâce à Euro NCAP, quelque 15.000 décès ont pu être évités sur la route. J'estime que ce chiffre grimpe aujourd’hui à environ 20.000. Nous ne pouvons probablement pas éviter tous les décès sur la route, car parfois ce n'est pas la voiture mais l'infrastructure routière qui est en cause. Mais les voitures sont plus faciles à gérer car elles sont renouvelées après quelques années, alors que les infrastructures routières ne sont renouvelées que tous les 20 à 30 ans.

3. Toutes ces interventions ne rendent-elles pas les voitures beaucoup plus chères ? 

En principe, nous n'examinons pas le coût économique ; celui-ci est déjà pris en compte par ailleurs et pour nous, on ne peut pas mettre un prix sur une vie humaine. Nous constatons qu'en utilisant plus largement des technologies et des composants tels que les systèmes de radar et d'autres équipements de sécurité, le prix de ceux-ci diminue et il devient donc moins coûteux de les appliquer à grande échelle. De cette manière, Euro NCAP contribue à rendre la sécurité plus abordable. Nous discutons également avec les constructeurs automobiles des aspects qu'ils souhaitent voir couverts, des technologies en cours de développement et la meilleure façon de les tester.

4. Quels sont les défis à relever pour l'avenir ?

À court terme, notre objectif est de rendre les systèmes d'aides à la conduite encore plus performants. Par exemple, à l'heure actuelle, les systèmes de freinage automatique reconnaissent déjà les piétons et les cyclistes, mais seulement en partie. Ils ont parfois la même apparence pour les systèmes alors que les cyclistes se déplacent beaucoup plus vite. Ces derniers risquent donc de ne pas être encore correctement détectés. Cela doit être amélioré, mais il en va de même pour les systèmes qui surveillent le conducteur et interviennent en cas de problème, ou pour les systèmes qui empêchent les gens d'oublier leurs enfants sur la banquette arrière sous un soleil de plomb. Nous devons également adapter les procédures de test pour mieux répondre aux conditions réelles. Les « dummies » de crash test, par exemple, sont des mannequins masculins, car il s'agit d'une technologie issue de l'armée américaine, dont le personnel est majoritairement masculin. À l'avenir, nous devrons donc nous orienter vers un mélange de « dummies » masculins et féminins, en plus des enfants. 



Mais le grand défi est bien sûr la conduite autonome. Cela permettra de réduire le nombre d'accidents, car cela élimine une partie des erreurs humaines, mais d'un autre côté, les systèmes doivent être à la hauteur. Sinon, dans les situations d'urgence, ces systèmes feront des erreurs et provoqueront des accidents. C'est ce que nous voyons se produire chez Tesla, par exemple.

5. L’Euro NCAP a-t-il permis aux clients de prendre la sécurité en compte lors de l'achat d'une voiture ?

Aujourd'hui, la sécurité est l'une des priorités lorsque les gens achètent une voiture et je suis convaincu qu'avec l'Euro NCAP, nous avons joué un rôle. Bien sûr, vous pouvez comparer le rôle que nous jouons avec quelqu’un qui marche dans la mer. Les premiers mètres sont faciles, mais à mesure que l'on s'enfonce dans l'eau, cela devient plus difficile. Nous le constatons également avec notre impact. Au début, nous avons fait d'énormes progrès, avec des résultats clairement visibles pour les gens. Aujourd'hui, pour certains, l'impact est moins visuel avec tous ces systèmes de sécurité. Mais c'est précisément parce que nous repoussons sans cesse les limites que les voitures deviennent plus sûres et que le nombre de décès diminue. C'est également la raison pour laquelle l’Euro NCAP est aujourd'hui l'une des organisations les plus respectées au monde dans ce domaine, et pourquoi, par exemple, China NCAP suit de près ce que nous faisons, de sorte que notre impact va au-delà de l'Europe.

Question bonus : Avec quoi roulez-vous, et pourquoi ? 

C’est prévisible, peut-être, mais je roule en Volvo. J'aime le design, mais j'aime aussi la philosophie de sécurité du constructeur. Certains constructeurs investissent dans la sécurité afin d'obtenir un bon score Euro NCAP en plus des normes légales. C’est évidemment très bien, mais il y a aussi des entreprises où la sécurité est vraiment une priorité absolue, ancrée dans l'ADN, comme chez Mercedes ou Volvo. Voilà pourquoi je préfère choisir une voiture de ces marques…

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À propos de l'auteur : Henckaerts Arnaud Qu'il s'agisse d'une citadine, d'une sportive ou d'une voiture de collection, Arnaud a un faible pour les voitures de caractère... Il possède à ce titre une... Fiat Panda d'une quarantaine d'années ! En bon Limbourgeois, il préfère le chemin le plus sinueux à la route la plus rapide pour rentrer à la maison.
Photos ©: Euro NCAP.

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