Il va
falloir se faire une raison : l’époque des moteurs atmosphériques hurlant
jusqu’à plus de 8.000 tr/min semble bien révolue, à quelques rares exceptions
près. Même chez Audi, où les modèles RS avaient pour habitude de titiller nos
sens en rejetant toute suralimentation, le turbo s’est généralisé. Avec une
inévitable perte de caractère à la clé ?
Non, tu n’as pas changé…
S’il s’agit
bien d’un tout nouveau modèle, il faut tout de même avouer que les différences
esthétiques par rapport au modèle précédent ne sautent pas au premier regard.
Certes, les muscles sont plus saillants et les courbes se tendent davantage,
mais tout ceci est presque une affaire de connaisseurs.
Retenez
simplement que si la S5 joue la carte de la sobriété, la RS5 mise sur plus d’extravagance,
avec deux gros tubes d’échappement, des jantes que ne renieraient pas des
rappeurs de la côte Ouest américaine et une calandre béante à faire rougir un
soupirail industriel… Toutefois, si vous optez pour une teinte discrète comme
sur notre exemplaire, il est encore possible de longer les murs sans trop
affoler les badauds !
Deux cylindres de moins, ça a aussi ses
avantages…
Mais si la
partie extérieure ne semble pas avoir drastiquement évolué, il en va tout
autrement lorsque l’on se penche sur les entrailles du monstre. Exit le
fantastique V8 de 4,2 litres qui chantait divinement dans les tours, place à un
V6 2.9 l TFSI biturbo. Si la puissance ne bouge pas d’un iota, elle arrive
nettement plus tôt. Et pour cause : face au précédent V8, ce nouveau
moteur troque les vocalises grondantes contre un couple de tracteur !
Jugez plutôt : Audi annonce 600 Nm dès 1.900 tr/min et constamment jusque
5.000 tr/min !
Du côté de
la transmission, on relève une autre révolution : exit la boîte S-Tronic à
double embrayage et sept rapports ! Cette dernière se voit remplacée par
une unité automatique à 8 rapports. Heureusement, les quatre roues motrices (permanentes)
sont toujours au programme, avec un différentiel arrière sport en option.
Trop sage ?
Il faut
bien le dire, les journalistes ne sont jamais contents. De la précédente RS5, j’ai
le souvenir d’une voiture hyper efficace, au couple moteur-boîte endiablé,
cherchant toujours les plus hauts régimes dans un grondement fascinant et
claquant les rapports avec une célérité invraisemblable. Je me souviens avoir
aussi regretté le manque de couple à bas régimes et une boîte un brin trop
brutale en usage « civilisé »…
Et vous
savez quoi ? Avec cette nouvelle mouture, le constat est radicalement
opposé : ce V6 tonne sourdement, mais n’exprime pas sa joie de vivre avec
l’enthousiasme du précédent V8. S’il pousse « velu », son élan est
néanmoins stoppé dès 6.700 tr/min. A contrario, le moteur apporte un container
de couple à bas régimes ce qui, avec la nouvelle boîte, rend la conduite
nettement plus souple et facile !
Diabolique
Donc, oui,
en apparence, la RS5 peut paraître nettement plus sage que dans le passé. Mais
les performances, elles, n’ont rien de « sage » : avec un 0 à
100 km/h évacué en 3,9 secondes et une transmission qui colle la voiture au
bitume, on peut difficilement parler de « sagesse » ! Sur un
terrain adapté et en se retroussant les manches, la RS5 affiche un visage
diabolique : nul doute qu’elle soit plus rapide que la précédente !
Freinages
ultra tardifs, direction pointant le museau vers la corde, motricité
hallucinante en sortie de virage, la RS5 est difficile à prendre en défaut, plus
encore que la précédente, ce qui rehausse d’autant son efficacité. A ce rythme,
pas grand-chose ne peut vous suivre, si ce n’est un missile nord-coréen… Mais
vous reviendrez vite à la réalité : le compteur affiche dans ces
conditions, des vitesses qui paraissent invraisemblables et les freins (dont
seuls les disques avant peuvent être en céramique) crient rapidement forfait. C’est
qu’il y a 1,7 tonne à stopper…
Soirée détente…
Il n’y a
pas que le sport dans la vie. Et cela, Audi l’a bien compris. La RS5, c’est
aussi une voiture formidablement soignée, faisant plus qu’honneur à la
réputation du constructeur en matière de finition. La RS5, c’est aussi une Audi
aboutie avec tout ce que cela sous-entend en matière d’équipement et de
technologie. C’est aussi une voiture très facile à vivre, avec ses places
arrière acceptables pour un coupé, son coffre parfaitement décent et son
insonorisation réussie. Seul bémol : un amortissement un brin trop sec à
faible allure…
Budget
Le fleuron
de la gamme A5 s’échange à 85.400 €. Un prix costaud qui s’aligne toutefois sur
celui de ses concurrentes, BMW M4 et Mercedes-AMG C63 Coupé. La liste d’options
peut facilement rajouter 10.000, voire 20.000 € à la facture !
La bonne
nouvelle, c’est qu’à la pompe, la RS5 sait se montrer d’une belle sobriété. En
roulant souplement sur routes et autoroutes, sans trainer pour autant, loin de
là, nous avons réalisé une moyenne inférieure à 9 l/100 km ! Mais si vous
déclenchez les turbos à tout-va (chose compliquée de nos jours), attendez-vous
à consommer plus de 13 l/100 km, voire nettement plus.
Conclusion
La plus
grosse qualité de la RS5 est aussi son plus gros défaut : cette machine
est capable de moyennes sensationnelles, de performances sidérantes dans toutes
les circonstances et ce, sans trop mettre le conducteur à contribution. En
somme, considérez-la comme une super « S5 », une GT ultra aboutie.
Mais pas vraiment comme une sportive qui a le diable au corps et qui ne s’en
cache pas…