Dragster à 4 places

Présentation

La recette est on ne peut plus simple et a déjà été maintes fois expérimentée par le rival de Münich, j’ai nommé BMW pour sa fabuleuse et mythique M3 ! Prenez une berline classique, placez-y un moteur bourré de chevaux sous le capot et vous obtenez un ensemble détonnant ! Mercedes, pâle copieur, alors ? Non, pas exactement ! Le constructeur à l’étoile a poussé le concept encore un peu plus loin en plaçant un véritable réacteur atomique sous le capot ! Un mariage sulfureux, c’est le moins que l’on puisse dire !

De l’extérieur, la panoplie complète de la bonne berline de guerre est de sortie ! Cela va des quatre sorties d’échappements aux jantes spécifiques de 18 pouces, en passant par le bouclier avant troué de toutes parts et par le diffuseur arrière... Quant au sigle « 6.3 AMG » sur les ailes, il n’est là que pour embarrasser encore plus les occupants, la cylindrée du moteur se limitant en fait, à 6.2 l ! Mais le patrimoine historique a exigé cette appellation... Voilà qui fleure bon la nostalgie, mais pas franchement le politiquement correct !

Moteur

Oubliez tout ce que vous savez sur les moteurs à explosion classiques... La mécanique qui se trouve sous le capot de cette Mercedes semble avoir été conçue, non pas pour animer une berline de classe moyenne de manière relativement dynamique, mais bien pour expédier ses occupants tout droit vers une autre galaxie ! Techniquement parlant, il s’agit d’un colossal V8 cubant pas moins de 6.2 l ! Glubs ! A titre de comparaison, une M3 s’en tient à 4 litres... Bref, comme diraient mes confrères des magazines tuning, c’est du lourd qui envoie grave ! La puissance est de 457 chevaux (420 pour la Münichoise), ce qui est plus qu’assez, croyez-moi, et le couple atteint pas moins de... 600 Nm (200 de plus que sa rivale) ! La boîte de vitesses est l’habituelle 7G-Tronic qui propose trois modes : confort, sport ou manuel. La gestion a été peaufinée par AMG et les palettes derrière le volant sont de série !

L’agrément ? Absolument diabolique ! Cela commence même avant d’avoir parcouru le moindre mètre ! La mise en route du V8 est déjà un véritable festival ! Sourd et caverneux, le moteur s’ébroue avec une voix franchement explicite sur son potentiel. Donnez un coup de gaz à l’arrêt et c’est toute la caisse qui frémit, en même temps que le voisinage ! Pour la discrétion, on repassera... Pied sur le frein, levier sur D et on démarre en douceur. Pas facile, notez bien, avec une telle cavalerie sous le pied droit et prête à tous les débordements... Bref, c’est avec beaucoup de circonspection que s’abordent les trajets urbains. Le pied droit se fait on ne peut plus léger sur la pédale et les quatre sorties d’échappements s’occupent de gratifier les badauds de borborygmes terrassants ! Un véritable spectacle ! Heureusement, la boîte agit avec suffisamment de douceur, quel que soit le mode, ce qui permet de ne pas trop se faire peur entre deux feux rouges !

Route bien dégagée, boîte en mode manuel, la main gauche rétrograde de quelques rapports, ce qui est l’occasion pour la gestion de donner quelques coups de gaz, histoire de simuler un talon-pointe et de rendre la bête encore moins discrète ! Deuxième, 4.000 tr/min, le pied droit se fait plus insistant ! Je peux vous assurer qu’à ce moment précis, vous êtes bien conscient de la poussée endurée par les cosmonautes en route vers la lune ! Le V8 rugit sourdement, emplit la vallée de sa voix rauque et la Classe C est propulsée avec une énergie incroyable droit vers l’horizon ! La main droite s’empresse de passer le rapport suivant, tant l’aiguille semble littéralement aspirée par la zone rouge, et le même schéma se reproduit ! La poussée ne se calme jamais vraiment ! La hargne du V8 est donc hallucinante, et ce, à tous les régimes ! Quant à la bande-son, elle rappelle les bolides de Nascar... Un pur bonheur !

Pour terminer ce chapitre en beauté, citons encore quelques chiffres : 250 km/h en pointe, 4,5 secondes pour le 0 à 100 km/h et... 319 grammes de CO2 au kilomètre !

Tenue de route

Avec autant de puissance sur deux malheureux pneumatiques larges de 255 mm, il faut forcément ne pas avoir les yeux plus gros que la physique ! Pourtant, de manière assez étonnante, la C63 AMG motrice assez bien, sur le sec du moins ! Prière de ne pas oublier certaines règles élémentaires de physique au moment de remettre les gaz en sortie de virage, ou c’est le tête à queue assuré ! A la condition d’avoir cette règle bien en tête, il est tout à fait possible de virer autant avec le volant qu’avec l’accélérateur ! Aucun doute là-dessus, la C63 AMG ferait excellente impression lors des concours de « drift » ! Quant à l’efficacité, elle bien réelle et la voiture ne se fait pas prier pour se placer idéalement en entrée de virage. Le reste n’est jamais qu’une question de dosage... et de talent ! Preuve de la définition routière de la bête, les réactions sont très progressives ! L’ESP agit à bon escient et présente trois modes : « ON », « Sport » ou « OFF ». Avec son train avant tranchant et son postérieur assez mobile, cette Classe C étonne par son agilité ! Il ne manque plus qu’un autobloquant pour parfaire le tout ! Et vous savez quoi ? Il est disponible en option ! Que demande le peuple ?

Confort

Naturellement, n’en attendez pas le confort d’une Classe C « classique » ! Pour garantir un comportement routier à la hauteur de la puissance disponible, l’ensemble s’est forcément raffermi ! Donc, c’est plutôt sec... Sec, mais pas mal amorti pour autant, tant l’ensemble ressort/amortisseur fait parfaitement son boulot. Donc ne craignez pas d’être un peu secoué, c’est pour la bonne cause ! Heureusement, les sièges sont d’excellente facture et permettent de limiter les dégâts. D’autant plus que la position de conduite ne supporte pas la critique. Cerise sur le gâteau, ces pseudos baquets maintiennent parfaitement le corps.

AMG ou pas, une Classe C reste une Classe C, avec sa finition de très bonne facture, sa finition de qualité et son habitabilité plutôt restreinte. Toujours sur le même plan, regrettons les espaces de rangement, peu nombreux et surtout, peu spacieux ! L’insonorisation laisse filtrer les rugissements démoniaques du V8, ce qui est plutôt sympathique ! A moins que vos passagers ne l’entendent pas de cette oreille...

Tarif et équipement

73.447 € ! Non, ce n’est évidemment pas donné ! A ce prix-là, en plus du moteur disons, intéressant, la liste des équipements de série comprend de nombreuses lacunes ! La climatisation n’est que semi-automatique et il faut rajouter un supplément (généralement important) pour des éléments qui semblent pourtant, quasiment indispensables ! Je pense aux phares Bi-Xénon, au cuir Nappa, aux rétroviseurs électrochromes... De série, la dotation comprend le régulateur/limiteur de vitesse (indispensable pour conserver son permis !), les sièges sport, le volant multifonction,...

Deux concurrentes de choix : la BMW M3, vendue à 70.400 € (en version berline et manuelle, comptez 74.265 € pour bénéficier de la boîte séquentielle) et la Lexus IS-F à 72.460 €. Tout le monde semble donc dans la même zone de prix, mais la Lexus, seule nippone entre ces deux teutonnes paraît sensiblement mieux équipée... De toutes façons, à ce niveau, c’est surtout affaire de goût !

Sujet délicat, la consommation ! Avec une moyenne de 15 l/100 km, la Mercedes avale donc assez goulûment sa ration de Super 98. Cela peut paraître énorme, mais rapporté à la cylindrée, cela n’a finalement rien d’excessif...

Conclusion

Alors bien sûr, on pourra toujours critiquer ce genre d’automobiles, des dinosaures qui sont, sans doute, appelés à disparaître dans un avenir plus ou moins proche. La Mercedes C63 AMG est pur objet de plaisir qu’il est de plus, possible de savourer à quatre. Certes, son gros V8 va à l’encontre de toute politique de downsizing, mais l’agrément dispensé par cette grosse cylindrée est tout simplement inimitable... Mercedes ressuscite donc, et pour notre plus grand plaisir, la glorieuse époque des muscle cars...