Il faut se méfier de l’eau qui dort. C’est bien connu. Et cela se confirme avec nos trois concurrentes qui, bien que survitaminées, restent globalement assez discrètes. Bon point pour ne pas éveiller le moindre soupçon dans la belle-famille en arrivant aux repas dominicaux. Par contre, mieux vaut taire le prix de son nouvel engin si l’on ne veut pas mettre la puce à l’oreille.

Le prix de l’étoile…

Pour des modèles compacts, les tarifs commencent en effet doucement à s’envoler. Chez Mercedes, le choix sera vite fait : la Classe A 45 AMG ne se décline qu’en version à 5 portes, en transmission intégrale et en boîte automatique (double embrayage à 7 rapports). Coût de l’engin : 48.642€. Ouf ! A version équivalente (Quattro, Sportback et S-Tronic), l’Audi S3 s’avère déjà plus raisonnable (42.600€). BMW facture, quant à lui, sa M135i xDrive équivalente (5 portes, automatique et quatre roues motrices) entre les deux : 44.150€.

De 300 à 360 ch !

Maintenant que les questions d’argent sont réglées, entrons dans le vif du sujet et parlons moteurs. S’il faut se contenter de « vulgaires » quatre cylindres à bord des Audi et Mercedes, on jouit d’un six cylindres en ligne sur la M135i : un 3.0l bi-turbo de 320 ch/450 Nm.

L’architecture et la cylindrée plus modeste du nouveau bloc AMG ne l’empêche toutefois pas d’aligner des chiffres encore plus impressionnants. Soigné aux petits oignons par les sorciers d’Affalterbach, le 2.0l quatre cylindres AMG libère… 360 ch ! Soit 180 ch/l, un record pour un moteur de série ! Mieux : le couple égale les 450 Nm du « gros » 3.0l BMW.

Reprenant le 2.0l TFSI retravaillé de la Golf GTI, l’Audi S3 le pousse quant à elle de 220 à 300 ch (380 Nm). Sensiblement moins puissante, la sportive compacte d’Audi tient tout de même la comparaison sur le papier avec ses deux concurrentes en sprintant jusqu’à 100 km/h en 4,9s contre 4,7s pour la BMW et 4,6s pour la Mercedes.

Linéaire…

Bien aidées par leurs transmissions intégrales, nos trois sportives ne semblent pas le moins du monde perturbée par les routes grasses et détrempées de notre parcours d’essai : la hargne des mécaniques transite efficacement vers le sol. L’occasion de noter une première différence de caractère entre les trois blocs.

Le 2.0 TFSI du groupe Volkswagen pousse, dans une sonorité assez feutrée, comme un gros turbo-diesel. Disponible dès 1.800 tr/min, le couple maxi permet de sortir d’une courbe serrée comme un boulet de canon. Sur toute sa plage d’utilisation, ce moteur ne semble jamais faiblir. Une caractéristique excellente pour les prestations… Mais un peu moins pour les sensations plus lissées.

… ou explosif ?

C’est tout l’inverse à bord de l’A 45 AMG. Si elle peut se montrer docile en mode normal, la Mercedes change de visage en mode Sport. Les accélérations sont démoniaques, avec un temps de réponse du moteur incroyablement réduit pour un bloc turbo. On a même droit à un nouveau petit coup de rein vers 5.500 tr/min, juste avant la zone rouge. Diable, quel moteur incroyable ! Vous êtes sûrs que c’est juste un 2.0l ? Sans parler de sa sonorité, si l’on retient l’échappement sport optionnel, qui offre des pétarades aux levers de pied. J’en rêve encore la nuit…

Cela dit, malgré toutes ces qualités, le bloc AMG n’égalera pas la sonorité naturellement chantante du six en ligne de BMW pour les puristes. Ni sa rondeur dans les basses rotations (couple maxi dès 1.300 tr/min !) et son allonge lorsque l’on essore le compte-tours, d’ailleurs… C’est une autre philosophie.

Amortissement piloté ?

En conduite coulée, on apprécie la souplesse de la transmission automatique de la BMW (la seule « vraie » automatique du lot) profitant de son convertisseur de couple pour soigner la douceur de ses changements de rapports. La BMW se démarque également avec son amortissement piloté optionnel (775€) offrant un toucher de route ouaté en mode confort.

Tout aussi efficace, mais proposée à un tarif nettement moins abordable, la suspension pilotée de la S3 (1.167€), ne s’impose pas comme un choix obligatoire : l’amortissement statique de base s’avère étonnamment filtrant pour une sportive de cette trempe.

Nettement plus, en tous les cas, que celui de la Classe A 45 AMG sensiblement plus figé. Efficace en piste, il s’avère un peu « dur » à vivre sur nos routes belges au quotidien… Et, pas de chance, aucun amortissement piloté n’est prévu dans le catalogue d’options.

Propulsion dans l’âme

Contrairement à la BMW qui privilégie sensiblement ses roues postérieures (40-60% du couple), l’Audi et la Mercedes envoient la totalité du couple vers les roues avant (100-0%) en condition normale. Dans le pire (ou le meilleur, c’est selon…) des cas, la répartition peut varier au maximum jusqu’à 50-50%. Pas question donc de glisse à l’accélérateur comme avec la BMW. Sur un revêtement gras, c’est finalement l’Audi S3 qui se montre la plus efficace.

Légère et vive, elle virevolte et accepte d’enrouler les courbes des quatre roues pendant que la BMW survire (généreusement) et que la Mercedes sous-vire (légèrement). Pour être parfaite, il lui faudrait juste un peu plus de pêche pour les relances (ça sera pour la RS3…).

Avec son moteur explosif, ses freins largement dimensionnés et sa direction précise, la Classe A 45 AMG se rapproche tout de même plus d’une voiture de compétition. Et dès que la route s’assèche, ce missile sol-sol affole les chronos !

Conclusion

Alors, laquelle choisir ? Entre une BMW qui s’adresse aux puristes avec son moteur distingué et son comportement typé, et une Mercedes très démonstrative, ultra efficace, mais un peu dure à vivre sur nos routes, l’Audi S3 semble tirer son épingle du jeu, en jouant la carte de l’homogénéité et du confort au quotidien. Dans tous les cas, c’est surtout une affaire de cœur…