Jean-Francois Christiaens

27 AVR 2023

Essai: Jeep Avenger, pour les jungles urbaines ?

Jeep ouvre un nouveau chapitre de son histoire avec l’Avenger, son premier modèle électrique. Ce SUV compact parvient-il à marier l’ADN aventurier de Jeep à la mobilité électrique. Et le tout dans un format de poche ?

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Si Jeep représente indiscutablement l’aventure et la liberté dans l’imaginaire collectif, la marque américaine traine aussi une image de véhicules encombrants énergivores et peu adaptés à un usage urbain. Bref, pas vraiment les caractéristiques idéales pour convaincre une société européenne qui s’urbanise de plus en plus tout en traquant drastiquement les émissions de CO2. Pour s’adapter à ce nouvel environnement sans renier son ADN, Jeep a progressivement étoffé son catalogue de modèles plus compacts tout électrifiant ses groupes motopropulseurs. Point d’orgue de cette nouvelle vague, l’Avenger devient à la fois le modèle le plus compact du catalogue Jeep en se glissant, avec ses 4,08 m, encore sous le Renegade (4,24 m). Mais également le premier modèle entièrement électrique de l’histoire de Jeep.

Personnalité propre…

Techniquement, l’Avenger profite de la plateforme technique e-CMP2 de ses cousins du groupe Stellantis à l’instar de l’Opel Mokka Electric, la Peugeot e-2008 ou encore la DS 3 E-Tense. Mais Jeep a personnalisé l’ensemble pour respecter son ADN. L’Avenger présente ainsi un look cubique robuste, une garde au sol généreuse (20 cm), des angles d’attaque (20 °) et de fuite (32 °) dignes d’un véhicule tout-terrain ainsi que les traditionnels « gimmicks » de Jeep. Comme la calandre à 7 (fausses dans ce cas-ci) ouïes d’aération, les phares arrière en « X » ou encore les nombreux petits détails « cachés » à découvrir tant sur la carrosserie qu’à l’intérieur. Pour ne pas gâcher votre plaisir de partir à leur découverte, on ne mentionnera que la coccinelle cachée sur le toit ou la constellation d’étoiles sur le sommet du pare-brise. Mais il y en a beaucoup d’autres…



… à la carte

Pour renforcer son côté jeune et cool, l’Avenger peut aussi compter sur un vaste programme de personnalisation. Plus de 150 accessoires « Jeep Authentic » sont proposés. Les stickers modulaires pour le capot et le toit offrent notamment de nombreuses possibilités : simple ou double bande, uniquement sur le capot ou sur le capot ainsi que sur le toit, etc. Si on le souhaite, des accessoires aux accents bleus peuvent également être ajoutés sur diverses zones pour rappeler le côté électrifié du modèle.



Gabarit compact

Jeep a tenté de maximiser le rapport encombrement / habitabilité de l’Avenger en rognant surtout sur ses porte-à-faux. Mais il n’y a pas de miracle : avec une longueur totale de seulement 4,08 m, l’Avenger ne peut offrir qu’un espace réduit à ses passagers arrière. La garde au toit ne posera pas de problème et la banquette pourra accueillir trois adultes pour de courts dépannages à l’occasion. Mais l’espace disponible pour caser les jambes des grands gabarits ou pour attacher confortablement de jeunes enfants (souvent fortement avancés dans leurs rehausseurs) pourra manquer.

Le volume de coffre est, en revanche, plutôt appréciable pour un véhicule électrique de ce gabarit. Située sous les sièges (avant et arrière) et sous le tunnel central, la batterie ne rogne pas sur le coffre qui présente 355 l et des formes facilement exploitables. Un double plancher permet de conserver une petite zone pour ranger le câble de recharge. Le moteur électrique, situé à l’avant, ne laisse en revanche pas de place pour jouir d’un coffre supplémentaire à l’avant.

2 x 10,25 pouces

En se glissant aux places avant, on se trouve face à une planche de bord moderne et dépouillée, mais pas de trop. On conserve, en effet, des touches directes pour commander la climatisation. L’écran tactile central de 10,25 pouces commandant l’info-divertissement est offert en série sur toutes les versions. L’écran situé devant les yeux du conducteur remplaçant les traditionnels compteurs affiche quant à lui une diagonale de 8 pouces ou 10,25 pouces en fonction de la ligne d’équipement retenue. Dans l’ensemble, on note la présence de nombreux plastiques durs peu flatteurs ainsi que d’une finition pas toujours très soignée.

Uconnect Services

Le système d’info-divertissement Uconnect Services ainsi que l'application mobile Jeep permettent de contrôler / configurer facilement les principaux paramètres de l’Avenger, comme la programmation de charge ou de la climatisation, vérifier le niveau de la batterie, trouver la borne de recharge publique la plus proche, etc.

400 km WLTP

Arrivé plus tard sur le marché que ses cousins électriques, l’Avenger profite directement du nouveau moteur et de la batterie développés par Stellantis pour le facelift de ses crossovers électriques compacts. En pratique, on retrouve donc sur l’Avenger le nouveau module batterie de 54 kWh (51 kWh utiles) de Stellantis ainsi que le premier moteur lancé par eMotors (la joint-venture 50/50 de Stellantis et Nidec) développant 115 kW (156 ch) et 260 Nm de couple maximum. Grâce à une consommation officielle contenue (15,4 kWh/100 km), l’Avenger peut alors revendiquer une autonomie WLTP de 400 km. La charge rapide en courant continu est possible jusqu’à 100 kW, ce qui permet de récupérer de 20 à 80 % de charge en 24 minutes. Le chargeur embarqué digère, quant à lui, le courant alternatif triphasé jusqu’à 11 kW assurant une charge complète en environ 5 heures sur une borne adaptée.

Compromis réussi

Profitant de la météo espagnole clémente lors de notre prise en main, l’Avenger a réussi à conserver un appétit réel sous la barre des 16 kWh/100 km malgré un parcours au relief parfois exigeant. De quoi laisser envisager une autonomie réelle d’environ 320 km. Il faut dire que l’Avenger conserve un poids total (1.500 kg) relativement contenu pour un SUV électrique, ainsi qu’un Cx (0,33) assez favorable en dépit de ce que son allure de baroudeur cubique pourrait laisser penser.

En route, les performances offertes par le nouveau moteur électrique s’avèrent suffisantes. Le 0 à 100 km/h est couvert en 9 s et la vitesse maximale est limitée électroniquement à 150 km/h. Mais c’est surtout la « rondeur » du moteur électrique et ses accélérations sans rupture de charge qui s’apprécient à l’usage.

Calibrées pour ménager un bon confort d’amortissement tout en maîtrisant efficacement les mouvements de caisse, les suspensions présentent un compromis convaincant. Sans être dynamique, l’Avenger reste agréable à conduire grâce à un comportement efficace et des commandes correctement calibrées.

Jungle urbaine

Sur le plan pratique, on appréciera aussi son diamètre de braquage contenu (10,5 m) pour se faufiler en ville. En revanche, la visibilité périphérique aurait pû être meilleure. Les montants avant et arrière ainsi que le capot « droit » gênent parfois la vue lors des manœuvres. La garde au sol généreuse permet en revanche d’évoluer sereinement dans la jungle urbaine : rampes de garages pentues, casse-vitesses abruptes et gros trottoirs n’effraient pas l’Avenger. Notons aussi que l’Avenger est la première Jeep à traction avant équipée de série du freinage automatique en descente (Hill Descent Control) ainsi que du système Selec-Terrain. De quoi s’aventurer plus sereinement en-dehors des sentiers battus, l’électronique permettant alors via les modes sable, boue ou neige de moduler le patinage des roues motrices pour maximiser la motricité. Pour les plus exigeants, sachez toutefois que Jeep confirme le lancement d’une version à quatre roues motrices de son petit SUV électrique, inspirée du concept Avenger 4xe, dans le courant 2024. Pour être complet, notons aussi que si Jeep a décidé de ne commercialiser la version thermique « conventionnelle » de l’Avenger que sur certains marchés ciblés en Europe (Italie et Espagne, notamment), sa future motorisation micro-hybride devrait également être proposée chez nous.



Prix Jeep Avenger 2023

Jeep propose l’Avenger électrique en quatre niveaux d’exécutions en Belgique. La version d’accès, Avenger, débute à 38.500 €. Elle offre notamment déjà une climatisation automatique, le démarrage sans clé et la radio Uconnect sur son écran de 10,25 pouces avec compatibilité Apple CarPlay / Android Auto. Le cœur de gamme Avenger Longitude coûte de son côté 39.500 € et ajoute notamment en sus des jantes en aluminium de 16 pouces, des capteurs de recul, des rétroviseurs chauffants et six haut-parleurs. L’Avenger Altitude dépasse la barre des 40.000 € (41.500 €) mais s’offre des jantes de 17 pouces, le cockpit digital de 10,25 pouces, un régulateur de vitesse adaptatif, l’accès mains libres, le hayon électrique ou encore un volant en cuir. La version haut de gamme Avenger Summit coûte, quant à elle, 43.500 €. Pour ce tarif, elle s’offre en sus des jantes alu 18 pouces, des phares full LED, un chargeur à induction, la conduite autonome de niveau 2, la surveillance des angles morts, des capteurs de parking à l’avant, etc.

Notez que si l’Avenger dispose d’une pompe à chaleur en série pour ménager son autonomie même par temps froids, aucune fonction « V2L » permettant d’utiliser sa batterie haute tension pour alimenter des équipements électriques portatifs n’est malheureusement prévue.

Notre verdict

L’Avenger constitue une entrée réussie pour Jeep sur le segment encore balbutiant du SUV compact électrique. Certes, il faudra composer avec une habitabilité arrière limitée et une finition assez moyenne pour ce niveau de prix. Mais dans l’ensemble, l’Avenger est une bonne Jeep. Et une bonne voiture électrique.

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