Coronavirus ou non, il faut aller de l’avant. Cela vaut aussi pour le Salon de l’Auto. C’est la raison pour laquelle nous lançons une série d'interviews pour les amateurs d’automobile qui veulent rester informés des actualités du secteur, des conseils, des tendances et des lancements prévus en 2021.
Je m’appelle Hans et je travaille chez VROOM.be. Je suis moi-même passionné de voitures et de mobilité de manière générale. Dans cette interview, je m’entretiens avec Bernard Van Bellingen, PR Manager pour les marques de luxe de D’Ieteren. Lisez l’intégralité de l’interview avec Bernard ci-dessous. Nous y parlons notamment du coronavirus, de l’électrification, de Porsche, de Lamborghini et de Bugatti.
Bienvenue Bernard ! Quand je lis l’intitulé de votre emploi, je pense qu’il doit faire de nombreux jaloux. Les marques de prestige de D’Ieteren... Cela veut dire Porsche et Lamborghini, et Bugatti, et Bentley ! Je pense qu’il y a pire comme métier ! (rires)
Bernard Van Bellingen : En effet. (rires) Je suis avant tout un grand passionné d’automobile. C’est pour moi un job de rêve depuis quelques années. Je travaille aussi depuis plus de 14 ans pour Porsche. On peut dire que je suis un mordu d’automobile. (sourit)
J’imagine bien. (rires) Vous pouvez vous présenter un peu plus ? Cela fait donc 14 ans que vous travaillez pour Porsche ?
Bernard Van Bellingen : Oui. J’ai commencé en tant que pilote-instructeur pour le groupe D’Ieteren. J’étais responsable des clients qui commandaient une Porsche à l’époque. Ils recevaient un cours de maîtrise automobile. C’était alors à bord de la 993 RS, une superbe voiture, ou de la 996 Carrera 2. Je passais une journée entière avec des gens sur le circuit pour leur présenter les avantages et les inconvénients de la propulsion. Chez D’Ieteren, je suis ensuite passé au poste de Brand Manager pour Bugatti, le top du top. C’est quand même un autre monde. (sourit)
Ça ne fait pas de doute ! Pour le secteur automobile, 2020 a été une année difficile dans son ensemble. Était-ce aussi le cas pour les voitures des segments plus élevés ? Ou était-ce différent ?
Bernard Van Bellingen : C’était quand même différent pour de nombreuses raisons. Bien plus positif en ce qui nous concerne. Nous avons des clients qui investissent en bourse et les bourses se sont très bien portées en 2020. Nos clients avaient donc pas mal d’argent et se sont dit: « C’est maintenant ou jamais. Je veux me faire plaisir et profiter des voitures de stock disponibles. »
La deuxième raison est liée à l’aspect émotionnel. Les gens ont été confrontés à la perte d’amis et de membres de leur famille à cause du COVID-19. Ils pensaient: « On n’a qu’une vie. Je m’achète une voiture. »
La troisième raison est liée aux investissements. À l’heure actuelle, il faut payer pour que l’argent reste sur son compte en banque. En revanche, si vous investissez dans une voiture de luxe, vous pouvez rouler avec cet argent. En plus, la valeur de cette voiture va augmenter, ce qui permettra d’en tirer des bénéfices dans quelques années.
Nous allons peut-être commencer avec Porsche. Le nouveau Taycan a été déjà été élu meilleure voiture électrique, et ce, à plusieurs reprises. Que nous réservez-vous pour 2021 ?
Bernard Van Bellingen : 2020 a effectivement été une excellente année avec le lancement du Taycan en trois motorisations. Nous sortons maintenant une version de base à un prix très attractif et à propulsion. Cela signifie plus d’autonomie aussi. Nous attendons beaucoup de ce modèle.
Une version break fera aussi son apparition prochainement : le Taycan Cross Turismo. Le modèle est très important, notamment pour ceux qui trouvent le Taycan classique trop petit pour toute la famille. On aura donc une version break, comme la Sport Turismo de la Panamera.
Audi va également bénéficier de la plate-forme du Taycan avec l’e-tron GT. Y a-t-il d’autres marques qui ont des projets sur cette même plate-forme ?
Bernard Van Bellingen : Pas pour l’instant, mais c’est là l’avantage d’un groupe. Prenez Bentley par exemple. La Continental GT est construite sur la plate-forme de la Panamera. C’est une belle collaboration au sein du groupe.
Porsche domine de plus en plus en matière d’électrification chez les marques sportives. À quoi pouvons-nous encore nous attendre ?
Bernard Van Bellingen : Prenons d’abord le sport automobile. La Formule E est notre laboratoire pour concevoir de nouveaux modèles. D’ici quelques années, nous aurons aussi un Macan 100 % électrique. Nous allons procéder à l’électrification de la totalité de la gamme, mais conserverons toujours un moteur thermique pour Porsche, ne serait-ce que pour le bruit du moteur. Nos clients font vraiment partie de notre famille. Ils auront toujours la possibilité de rouler avec un moteur thermique, mais nous allons aussi miser sur l’électrification.
« Nos clients font vraiment partie de notre famille. Ils auront toujours la possibilité de rouler avec un moteur thermique, mais nous allons aussi miser sur l’électrification. »
Le bruit court qu’un carburant synthétique a été découvert et qu’il pourrait être utilisé pour la course. Une version commerciale est-elle prévue ?
Bernard Van Bellingen : Nos ingénieurs ont de nombreux projets en tête. Nous procédons à de nombreux tests dans tous les domaines et nous allons voir ce que ça donne. En attendant, nous nous concentrons sur la victoire en Formule E. Nous allons sortir un modèle exceptionnel d’ici quelques années, une sorte de Saint Graal pour Porsche : la 911 GT3. Elle est très attendue.
911. L’icône. Peut-on attendre une version électrique ? Une hybride ? Y a-t-il des projets à ce niveau-là ?
Bernard Van Bellingen : Des projets, oui. Pour l’instant, il n’y a cependant pas de version hybride à l’étude. Mais on ne sait jamais !
Très bien. Et maintenant : Bentley ! Pas de crise non plus l’année dernière ?
Bernard Van Bellingen : Non, Bentley n’a pas connu de crise elle non plus. La Bentayga est et reste un modèle exceptionnel. Elle le doit aussi au remodelage effectué l’année dernière. La Continental GT a un nouveau châssis avec de nouvelles technologies et une nouvelle motorisation. Le nouveau V8, en plus du W12 existant, permet de gagner 100 kg et de rendre la voiture plus écoénergétique. Avec une Flying Spur, vous avez facilement une autonomie de 600 à 640 km, ce qui est énorme pour une V8. Il y aura bientôt une version hybride de la Bentayga. Nous l’avons présentée l’année dernière.
Peut-on espérer une voiture 100 % électrique pour Bentley ? Ou est-ce encore trop tôt ?
Bernard Van Bellingen : Pas totalement, mais nous allons dans ce sens. Nous prenons aussi notre responsabilité en termes d’écologie. À l’avenir, nous aurons une voiture électrique.
Parlons de deux marques qui me font rêver : Lamborghini et Bugatti. Que nous réservent-elles dans un futur proche ?
Bernard Van Bellingen : Chez Lamborghini, nous avons bien commencé avec la Huracán STO ou « Super Trofeo Omologata ». Cette voiture de course a été homologuée pour la conduite sur route, en collaboration avec la division de sport automobile. Nous en avons fait une version pour évoluer sur route ouverte. De nombreux clients viennent configurer leur voiture chez nous. Nous espérons en recevoir suffisamment en Belgique.
« Chez Lamborghini, nous avons bien commencé avec la Huracán STO ou "Super Trofeo Omologata". Cette voiture de course a été homologuée pour la conduite sur route, en collaboration avec la division de sport automobile. »
Nous avons aussi la Lamborghini Urus, notre modèle principal avec plus de 50 % des ventes. Nous l’avons dans différentes finitions avec des capsules, des couleurs mattes et flashy... C’est une véritable réussite.
Pour Bugatti, nous avons dévoilé le projet de la « Bolide » l’an dernier. C’est une voiture de course, une concept car. Nous envisageons de la lancer en production. D’ici quelques mois, je saurai si nous pouvons réaliser ce projet ou l’oublier. Le nombre de voitures sera évidemment limité.
On en a évidemment beaucoup entendu parler. N’était-ce pas un Belge qui l’a achetée finalement ?
Bernard Van Bellingen : De nombreux clients belges sont fans de cette voiture. Peut-être que des clients en Belgique vont l’acheter, mais chez Bugatti, cette information est placée sous secret. (sourit)
Peut-on espérer des modèles électriques de ces deux marques ? Y a-t-il un marché pour ça dans ce segment ou les moteurs thermiques gardent-ils le monopole ?
Bernard Van Bellingen : Les moteurs thermiques restent les plus populaires. En revanche, des tests sont constamment à l’œuvre pour réduire la consommation en carburant. Les marques sont en train d’effectuer des essais et nous allons bien voir ce que cela va donner. Malheureusement, je ne peux pas vous en dire plus pour l’instant. (sourit)
On peut se demander où se trouvent les limites de ces marques. Peut-on aller encore plus loin en termes de performances ? Quand elle est sortie, la Veyron allait au-delà de toutes les attentes. Est-il encore possible, aujourd’hui, de repousser les frontières ?
Bernard Van Bellingen : Si vous pouvez comparer une Bugatti à une autre voiture, alors ce n’est plus une Bugatti. Il n’y a pas de limite. C’est une marque pour laquelle la technologie et l’ingénierie sont telles que nous allons toujours plus loin. Peut-être que la voiture volera dans 20 ans, mais ça, je n’en sais rien. (sourit)
« Si vous pouvez comparer une Bugatti à une autre voiture, alors ce n’est plus une Bugatti. Il n’y a pas de limite. »
Allons-nous retrouver ces technologies, comme le système de freinage innovant de la Veyron, chez d’autres marques à l’avenir ?
Bernard Van Bellingen : Pourquoi pas ! C’est l’avantage d’un groupe. La technologie d'une marque pourra également être utilisée par d’autres marques. C’est le plus gros avantage.
Revenons un peu sur la Lamborghini Urus. Vous attendiez-vous à un tel engouement ? On en voit circuler pas mal, ce qui est surprenant pour Lamborghini. En tout cas, j’ai été surpris par le succès rencontré par ce SUV d’une marque automobile de cette renommée.
Bernard Van Bellingen : Si vous êtes client chez Lamborghini et que vous recherchez un SUV, vous n’avez plus à vous tourner vers une autre marque. C’est la raison pour laquelle nous avons créé l’Urus. Les gens restent ainsi dans la famille Lamborghini. Il y a évidemment d’autres clients qui viennent s’y ajouter. Ils choisissent le calme, l’exotisme, la classe et la sportivité de Lamborghini. Une Lamborghini Urus avec un échappement d’Akrapovic ? C’est à en frissonner de plaisir. C’est magnifique. (rires)
Je l’imagine bien. (rires) Je pourrais en parler des heures avec vous, mais je vois que le moment est malheureusement venu de terminer cette interview. Finissons par une série de questions rapides. 10 questions, 2 réponses proposées, mais une seule réponse acceptée.
Vélo ou trottinette ?
Bernard Van Bellingen : Trottinette.
Sortie au resto ou à emporter ?
Bernard Van Bellingen : À emporter.
Cabriolet ou SUV ?
Bernard Van Bellingen : Cabriolet.
Formule 1 ou Formule E ?
Bernard Van Bellingen : Formule 1.
Manuelle ou automatique ?
Bernard Van Bellingen : Automatique.
Francorchamps ou Nürburgring ?
Bernard Van Bellingen : Francorchamps.
Radio ou podcast ?
Bernard Van Bellingen : Radio.
Ring d’Anvers ou Ring de Bruxelles ?
Bernard Van Bellingen : Ring de Bruxelles.
En voiture en centre-ville ou centre-ville sans voiture ?
Bernard Van Bellingen : Centre-ville sans voiture.
Une question pour Porsche : une 959 ou une Carrera GT ?
Bernard Van Bellingen : Carrera GT.
Un très grand merci à vous Bernard. À bientôt, j’espère !
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