François Piette

11 OCT 2011

Emotions sous contrôle

« Une voiture pour fille à papa » ! Voilà comment mon ex-voisin considérait la SLK ! Un piètre hommage à ce roadster de grande qualité qui a réintroduit le concept du toit en dur basculant, me direz-vous… Pourtant, ce boute-en-train n’avait pas tort : la ligne féminine et le côté aseptisé de la SLK lui ont valu (parfois à tort) la moquerie des machos qui s’orientaient vers des machines considérées comme plus viriles… Aujourd’hui, Mercedes réoriente le tir pour un engin plus dynamique, mais également plus « vert »… Et oui, c’est dans l’air du temps…

En attendant la grosse cavalerie

Cette SLK 350, c’est le sommet d’un panier qui compte, pour le moment, trois motorisations. Les 200 et 250 s’en tiennent à un 4 cylindres à compresseur, affichant des puissances de respectivement 184 et 204 chevaux. Pas assez de cylindres, voire pas assez de chevaux ? La 350 répond à ces attentes, avec un V6 de 3,5 l et 306 chevaux ! Si cela vous paraît toujours trop juste, la version AMG est annoncée avec un V8 de 5.5 l qui approche les 450 chevaux ! Quant aux gros rouleurs, Mercedes a également pensé à eux, avec une variante… diesel ! Horreur crieront les puristes ! Du gras mazout sous le capot d’un roadster ! Pourtant, avec plus de 200 chevaux et un couple de 500 Nm, ce dernier ne devrait pas se traîner non plus…

Ligne séduisante…

Pour la partie stylistique, Mercedes s’est largement inspiré du museau de sa sportive SLS, comme pour toutes ces dernières créations, il est vrai. Pourtant, avec ce long capot freudien, ces ailes musclées et cet arrière tronqué, on lui trouve un incontestable tempérament sportif ! Du sport donc, mais également du luxe, en témoignent les innombrables touches chromées…

Somptueux !

Mais le véritable spectacle, il est à l’intérieur ! Quelle ambiance ! Surtout de nuit : les éclairages rouges indirects (optionnels…) procurent une atmosphère de club, tendance BCBG… Quant aux matériaux, Mercedes n’a pas mégoté sur la qualité : aluminium brossé, touches de chromes, cuir et plastiques rembourrés. C’est superbe et de très bon goût. Ce qui n’est pas une remarque si courante pour un véhicule teuton… Et pour illuminer le tout, vous pouvez toujours vous orienter vers le toit « Magic Sky » qui, sur une simple pression d’un bouton, fait varier l’intensité du toit en verre, du plus clair au plus sombre. Mais, attention à la note !

Symphonie sous le capot !

Pour parfaire l’ambiance, l’option « stéréo Harman Kardon » transforme l’habitacle en salle de concert… Mais honnêtement, le véritable passionné se satisfera de la symphonie pour 6 cylindres majeurs, opérée sous le capot. Le V6 de 3.5 l gronde, mugit, éructe pour finir par émettre une plainte orchestrale à l’approche de la zone rouge ! Mais contrairement à la version précédente, il évite les petits rots et autres explosions à l’échappement au passage des rapports.

Le son y est, mais…

Souple et onctueux à bas régimes, le V6 grimpe avec enthousiasme et musique dans les tours ! La boîte automatique à 7 rapports rythme le tout avec douceur et intelligence. Un profil parfait, alors ? Cela en a tout l’air sur le papier, mais pourtant… On regrette une petite pointe de caractère : il s’agit d’une sportive, après tout ! Alors, on espère que le V6 se réveille brusquement à un certain régime pour s’envoler férocement dans les tours mais…

Non, le moteur reste d’une grande linéarité. Je chipote, je sais, mais un flat-six Porsche, voire un 6 en ligne BMW présentent un caractère plus impressionnant. Cela dit, le bilan pour le moteur à l’étoile est extrêmement positif, d’autant qu’il s’avère incroyablement frugal : notre moyenne n’aura pas dépassé les 9,5 l/100 km ! Pour un moteur atmosphérique de cette puissance, c’est un record ! Mené dynamiquement, le petit 4 cylindres de la 200 Kompressor approche cette valeur !

Equilibre !

Le comportement routier reste sain et sûr en toutes circonstances. En aucun cas piégeuse, cette SLK accepte la dérive si vous le lui formulez, mais n’ira jamais vous rendre tremblant et en nage ! De toutes manières, l’ESP veille efficacement au grain. Trop peut-être, au point que les plus sportifs regretteront sans doute l’absence de mise hors circuit totale. Mais Mercedes leur réserve la version AMG pour cela… Equilibrée, cette SLK 350 l’est sensiblement moins que ses petites sœurs à 4 cylindres, mais parvient tout de même à sauver la balance grâce à sa direction suffisamment directe, qui donne l’impression d’un train avant tranchant.

Presque le confort d’une berline !

Mais le gros point fort de ce roadster, c’est incontestablement son confort de marche ! Généralement, un roadster, ça secoue ! Mercedes nous prouve le contraire avec une suspension remarquablement filtrante aux incontestables qualités d’absorption ! Bon, bien sûr, ne rêvez pas du confort d’une Classe S, ni même d’une Classe C, mais comparativement à ses concurrentes, cette SLK s’en tire avec les honneurs, que dis-je, les félicitations du jury ! L’habitabilité est large et les espaces de rangement ne sont pas ridicules. En revanche, le volume de coffre ne permet pas vraiment de partir en vacances avec la garde-robe complète, surtout s’il vous vient l’idée farfelue de décapoter !

Pas donnée…

A 55.055 €, la SLK 350 n’est franchement pas donnée. Quant à la finition « Edition 1 », elle ajoute quelque… 9.000 € à la facture. Bon, et pour 55.055 €, on a quoi ? Et bien, pas grand-chose ! Il s’agira de remettre la main au portefeuille pour bénéficier de la climatisation automatique, de la sellerie en cuir, des sièges chauffants, du chauffage de nuque (fort sympathique), du capteur de pluie, des palettes de changements de vitesse au volant, de l’alarme VV2, du système GPS-radio évolué, du toit Magic Sky (la nouveauté du modèle, mais facturée près de 2.500 €…), bref autant d’équipements que l’on aurait aimé retrouver de série, mais qui alourdissent la note de largement plus de… 10.000 € ! Pour un petit roadster, ça devient copieux !

Conclusion

Dans la catégorie des roadsters utilisables au quotidien, la SLK a toujours figuré parmi les meilleures du genre. Et la nouvelle venue ne change rien à la donne : étonnement confortable, superbement finie et presque pratique, elle joue la carte « confort » dans le segment. Quant à sa ligne nettement plus épicée, elle laisse augurer des dessous rageurs. Certes, le V6 pousse fort, chante juste et le comportement routier est équilibré, mais elle ne verse pas pour autant dans un délire primesautier ! La SLK est une maîtresse élégante et distinguée, mais qui fait, hélas, payer ses nombreux charmes au prix fort !
 

PUBLICITÉ
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ