François Piette

27 SEP 2010

Spa 6 Hours: Un très grand cru… bien arrosé !

En dépit de conditions météorologiques absolument détestables, F1 Historic & Spa Six Hours a battu son plein ce week-end sur le circuit de Spa-Francorchamps, accueillant un plateau riche de 650 bolides et d’un millier de pilotes qui se sont affrontés au cours de quelque 14 épreuves allant du sprint de 20 minutes à l’endurance de 6 heures. Et comme le veut la tradition depuis plusieurs années, le public s’est déplacé en masse pour apprécier les bolides d’antan, dont les dompteurs ont dû composer avec une piste plus piégeuse que jamais, ce qui a occasionné pas mal de soucis, incidents et accidents.

Incontestable tête d’affiche du meeting, l’épreuve des Spa Six Hours, disputée samedi entre 16 et 22 heures, a proposé un spectacle à couper le souffle, avec au programme une bataille de tous les instants entre les Ford GT40, qui avaient dominé les essais qualificatifs, AC Cobra, Jaguar E-Type, TVR Griffith, Chevrolet Corvette et autres Ford Mustang. Les meilleurs spécialistes de ce genre de course, Britanniques pour la plupart, ont répondu à l’appel, redoublant d’audace au moment où la pluie faisait sa réapparition (notamment durant la dernière heure), et croisant les doigts pour ne pas perdre trop de temps lors des ravitaillements en carburant, qui se déroulaient à la pompe du circuit, dans le paddock endurance.

Si les Ford GT40 étaient données favorites, c’est néanmoins une Jaguar E-Type qui a émergé, celle de John et Jason Minshaw, parfaitement accompagnés de Martin Stretton. Un trio qui remportait les 6 Heures de Spa pour la troisième fois, le tout au volant d’un félin qui a effectué ses grands débuts en course il y a quelques mois à peine, ce qui est toujours assez cocasse pour une voiture ancienne.

La Jaguar lauréate a néanmoins dû attendre la dernière partie de la course pour faire le break face aux GT40, qui ont complété le podium, avec Leo Voyazides et Simon Hadfield devançant Richard Meins et Chris Lillingstone-Price. Exceptionnelle prestation de la superbe Aston Martin DP214, en fait une voiture reconstruite à l’identique, que Thornton, Garrett et Willmott ont menée au 4ème rang absolu, précédant l’AC Cobra des frangins Oliver et Grahame Bryant, associés à Smith, et la Jaguar E-Type de Clark, Clark et McCaig. La Chevrolet Corvette de David Hart et Nicky Pastorelli a dû se contenter du 7ème rang après avoir revendiqué un top 5.

On signalera également l’incroyable démonstration du pilote BTCC Anthony Reid sous les hallebardes de fin de course, le Britannique tournant plus de 10 secondes au tour plus vite que tous ses concurrents, au volant d’une pourtant modeste Marcos 1800 GT, redoutable dans ces conditions apocalyptiques.

Dans les rangs belges, après les retraits rapides des Ford Shelby Mustang 350 GT de Vincent Vosse (moteur) et Marc Duez (moteur) et de la Ford GT40 de Loïc Deman (arrivée d’essence), ce sont Frédéric Bouvy et Gérard Marcy qui ont décroché la palme au volant d’une Porsche 911 au potentiel bien plus modeste que les bolides de pointe. Ils ont achevé l’épreuve aux portes du top 10, non sans remporter leur classe. Belle prestation également pour Guy Lauwers et Patrick Van Heurck, qui ont intégré le top 20 au volant de leur Lotus Elan, précédant de peu les frères Anthony et Stephan Schrauwen, ralentis en fin de parcours, eux aussi au volant d’une Lotus Elan. Encore moins de chance pour l’AC Cobra de François Kicq et Hervé Regout, victime d’une chute dans le classement en fin de parcours, tout comme la Lotus Elan de Fawé, Cartenian et Van Riet.  

Que d’eau, que d’eau !

Du côté des Grand Prix Masters, réunissant les F1 alignées dans le championnat du monde entre la fin des années ’60 et le début des années ’80, la pluie a considérablement perturbé les débats. La première manche, programmée samedi, voyait certains concurrents privilégier des enveloppes rainurées, tandis que d’autres partaient en slicks. En fait, si la piste était sèche au moment de l’envol, la pluie effectuait son retour pendant la course… avant que le soleil n’assèche de nouveau le bitume. Un casse-tête dont le Britannique Rob Austin (Arrows A3-3) est sorti vainqueur devant la Tyrrell 009 de Bill Coombs et la Copersucar F5A de Richard Barber. S’étant immobilisé à la fin de premier tour pour chausser des pneus pluie, Jean-Michel Martin (Fittipaldi F8) remontait au 5ème rang, précédant du côté belge Hervé Regout (Williams FW07, 8ème) et Christophe D’Ansembourg (McLaren M26, 9ème).

Quant à la course dominicale, elle était réduite à sa plus simple expression en raison de nouvelles trombes d’eau s’abattant sur la perle des Ardennes. Les F1 n’effectuaient que trois petits tours, et Rob Austin remportait une nouvelle victoire devant Bill Coombs. Défiant les lois de l’équilibre, Jean-Michel Martin arrachait la plus petite marche du podium, tandis que Hervé Regout (McLaren M26) se classait au 2ème rang de la catégorie Pré-1978. De quoi nous valoir un double podium belge. 

Autre épreuve attendue, les Masters Sports Cars ont tourné à la démonstration de Lola de différentes générations, et si l’Américain Bobby Rahal (Lola T212), vainqueur d’Indy 500 et double champion CART, profitait de la moindre puissance de son bolide pour prendre sous les hallebardes la mesure des monstrueuses T70, il écopait néanmoins d’une pénalité de 30 secondes pour avoir effectué son pit-stop un tour trop tard ! Tout profit pour Jason Minshaw le Britannique et David Hart le Hollandais, qui l’emportaient devant l’Abarth Osella du Britannique Richard Evans, et… Bobby Rahal, qui décidait néanmoins de bouder le podium. Au volant d’une autre Lola T70, Marc Devis intégrait de justesse le top 10 en dépit d’une pénalité, tandis que Loïc Deman croisait le drapeau à damier au 4ème rang de sa classe au volant de sa Lola T70 Spyder ex-Jackie Stewart et John Surtees, en dépit d’une monte pneumatique obligatoire, mais non adaptée aux bals aquatiques.  

Parmi les autres épreuves, on signalait la double victoire du Néo-Zélandais Roger Wills (Cooper T51) en Historic Grand Prix Cars Association, tandis qu’Andy Smith (March 79B) enlevait la totalité de la mise en Open Wheels. La catégorie Formula Junior tombait dans l’escarcelle de l’Allemand Roland Fischer (Tecno) et du Croate John Milicevic (Cooper). Course mouvementée et victoire finale de Leo Voyazides et Simon Hadfield en U2TC (Tourisme moins de 2 litres) au volant de leur Ford Cortina Lotus, et totale domination des Lotus XV dans le Stirling Moss Trophy, avec Danny Whright sur la plus haute marche du podium. Les Belges Wanty et Van de Wauwer (Lotus XI) se classaient 8èmes et remportaient leur classe. La Top Hat Masters All Series se clôturait par un succès de la Jaguar E-Type de Harry Wyndham devant la Ford Capri de Tom Pochciol. Quant au RAC Woodcote Trophy, il s’achevait par un doublé des Jaguar, avec la D-Type de Monteverde et Pearson devant la C-Type de Arif et Buncombe. Enfin, le British Sports, GT and Saloon Challenge voyait Lim et Dickson imposer leur RAM Cobra face à la très belle Aston Martin DB4 de Melling et Snowdon.

C’est par une épreuve de deux heures, les Masters Gentlemen Drivers, que se clôturait le week-end, et cette fois, les AC Cobra prenaient leur revanche de la veille, le Grec Leo Voyazides, qui a célébré ses 62 printemps à Francorchamps, et le Britannique Simon Hadfield remportant la victoire devant un Oliver Bryant qui a évolué en solo. La Jaguar E-Type des rallymen anglais Haddon et Lockyear complétait le podium, tandis qu’en moins de deux litres, les habiles et redoutables Marcos 1800 GT signaient le doublé, précédant la Lotus Elan des Belges Guy Fawé et Christophe Van Riet. A noter la 10ème place générale d’Eric Mestdagh et Pierre-Alain Thibaut, au volant de leur Bizzarini 5300 America, tandis qu’une autre Bizzarini, pilotée par le jeune Suisse Fredy Barth, étoile montante du WTCC, prenait le début de course à son compte, avant que le vétéran Alberto Francioni ne rentre dans le rang.

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