C’est ce qu’on peut appeler un accouchement difficile. Après une déferlante de critiques sur les réseaux sociaux, principalement liées au design de la nouvelle petite Alfa Romeo, Jean-Philippe Imparato, le patron de la marque, doit à présent composer avec des politiques froissés par le nom du modèle. Afin de ménager les susceptibilités de ces derniers, il a été décidé d’abandonner la dénomination Milano au profit du terme Junior, nettement plus passe-partout.

AOC automobile

Cette embardée malheureuse est due à une loi italienne datant de 2003 qui stipule qu’un produit manufacturé hors du pays ne peut adopter un nom à consonance italienne. Certes, cette règle a avant tout été pensée pour protéger le patrimoine gastronomique de la Botte mais dans un contexte social particulièrement tendu entre les syndicats locaux et le groupe Stellantis, ladite loi a été opportunément dégainée afin de mettre des bâtons dans les roues du management de la marque. C’est que la Milano est produite à Tichy, en Pologne, sur la base d’une plateforme qui est partagée avec Jeep, Fiat, Opel et Peugeot. Pour les Italiens, la Milano n’est donc pas italienne…

Une sacrée tuile pour le Français Imparato qui, depuis le lancement du modèle la semaine dernière, avait déjà fort à faire face à un afflux de critiques sans précédent, comparant la nouvelle venue à tout sauf à une Alfa Romeo. Cette fois, il ne s’agit pas de calmer des Alfistes en furie mais bel et bien d’obtempérer suite aux instructions données par Adolfo Urso, le ministre de l’Industrie italien, qui a affirmé que cette production délocalisée constitue un affront pour l’Italie doublé d’une tromperie du consommateur qui pense acheter du made in Italy. Imparato et son équipe ont essayé de désamorcer la chose en arguant que le développement du modèle s’est fait en Italie, mais rien n’y a fait.

Dégâts collatéraux

Ce changement de nom peu glorieux a été annoncé hier par le directeur général de Stellantis, Carlos Tavares, alors qu’il visitait l’usine de Metz Tremery qui assemble des moteurs électriques pour les modèles zéro émission du groupe automobile. Une négligence qui va coûter cher à Alfa Romeo, sans compter sur le fait que Stellantis ne sort pas grandi suite à cet épisode qui témoigne d’une certaine impréparation. En effet, il est peu probable que l’avis négatif du gouvernement italien soit tombé ces derniers jours, la dénomination Milano ayant été annoncée en décembre dernier. Pourquoi ce signal d’alarme n’a-t-il pas été écouté ? Qui a décidé d’outrepasser cet avis ? Une chose est sûre, en ce moment, l’ambiance doit être plutôt électrique dans les bureaux de la marque…