Bruno Wouters

31 JAN 2015

Honda CBR650F: Trop consensuelle?

"Sportive urbaine décontractée". C'est ainsi que Teishiro Goto, responsable du développement de la CBR650F définit cette machine. Le beurre, l'argent du beurre et le sourire de la crémière? Voyons ça!

Développée sur la plateforme de la CB650F, la CBR s'en différencie par un traitement plus sportif, exacerbé ici par la robe "HRC" bleu-blanc-rouge de notre modèle d'essai, consistant principalement en un carénage intégral et, bien sûr, des demi-guidons, heureusement montés au dessus du té de fourche. Les réglages de suspension diffèrent aussi, avec des ressorts plus durs et des lois d'amortissement adaptées.

Entièrement nouvelle, cette CBR, ou plutôt cette CB650F carénée a donc été dès le départ pensée comme une moto sportive utilisable au quotidien, en ville comme sur route, quel que soit le niveau de compétence de son pilote.

Sportive, mais pas trop

Pour ce faire, le bloc de 649 cc est conçu pour obtenir un couple élevé dès les plus bas régimes sans s'épuiser dans une course à la puissance. Résultat, 87 ch à 11.000 trs/min, 63 Nm à 8.000 trs/min. Pas de folie non plus pour le châssis, qui retient très classiquement l'acier comme composant principal, l'aluminium étant retenu pour le bras oscillant.

Honda a veillé à contenir le prix de sa petite CBR. Ca ne saute pas aux yeux, et la finition soignée ne laisse guère deviner une suspension avec pour seul réglage la précontrainte de l'amortisseur arrière, ou le freinage confié à des étriers double piston à l'avant. Le tableau de bord, quasiment identique à celui de la CB650F ne croule pas sous les infos et l'absence d'indication du rapport engagé se fait vite sentir.

A borde de la CBR, nous apprécions directement la position de conduite, largement plus tolérante que celle, radicale, offerte par les "vraies" sportives aujourd'hui, mais nous déplorons dans la foulée une position en appui sur les poignets, bien moins confortable que celle du roadster dont la CBR650F est issue. Une affaire de compromis…

Poli

Premiers tours de roues, du maîtrisé comme Honda nous en a donné l'habitude: du propre, du précis, de l'équilibré, du facile. Le tout nouveau bloc, moderne, compact et même joli, ce qui ne gâche rien, est d'une bonne volonté désarmante: il enroule sur le dernier rapport dès le ralenti. Pas de problème pour rester en sixième, de 25 à 225 km/h, en parfaite harmonie. Bien éduqué, le gamin!

Un peu trop, sans doute, car il manque par contre sérieusement de caractère et de "niaque". Pour un minimum de reprises, passage obligé par la case "boîte de vitesses". Comme ce berlingot dégouline de bonne éducation, vous vous retrouvez, quelle que soit la vitesse, sur le sixième rapport. Mais voilà, pour vous arracher avec vigueur, lors d'un dépassement, par exemple, vous êtes bon pour tricoter du pied gauche, histoire d'assurer des relances plus vigoureuses.

Trop poli?

Et pas la peine d'aller titiller le fond du compte-tours, on n'y trouvera pas le déchaînement de puissance espéré. Attention, la CBR n'a rien d'un poumon, mais ce bloc témoigne décidément d'un caractère beaucoup trop lisse.

Dans cette cylindrée, un quatre pattes ne pourra jamais rien contre un twin ou un triple en matière de reprises et de tempérament. Son élasticité ne cadre en fait pas vraiment avec la définition "sport" de la CBR; au contraire, il incite plutôt à une conduite coulée et apaisée, malgré quelques vibrations parfois désagréables à la longue.

A contrario, malgré son habillage "sport", la CBR se révèle largement exploitable au quotidien par sa facilité de conduite et son relatif confort. Très sain, le châssis garantit à la Honda une excellente stabilité, tout en offrant à son pilote un agrément certain sur les routes sinueuses dont les motards raffolent. Rien à dire non plus sur le freinage, tout-à-fait satisfaisant.

Au final, cette CBR650F en promet visuellement plus qu'elle n'en offre au niveau de son tempérament moteur. Ca n'en fait pas pour autant une mauvaise moto, mais autant le savoir avant d'être déçu…

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