Essai : Porsche Taycan Turbo GT, plus de 1.000 ch et même pas peur !

Berline biplace avec pack Weissach

Si la Porsche Taycan mise à jour existe aussi en « breaks » Sport Turismo et Cross Tursismo, la Turbo GT n’existe qu’en berline (Sport Limousine, comme on dit chez Porsche…).

Basée sur la Turbo S, cette « GT » s’allège de 75 kilos (il en reste tout de même encore 2.290 sur la balance…), grâce à des jantes de 21’’ spécifiques, des freins « carbone-céramique » et plusieurs éléments en fibre de carbone (sièges baquets, garnitures des montants B, coques supérieures des rétros, etc.).

En option gratuite, le pack Weissach fait encore gagner 70 kilos, en supprimant notamment plusieurs matériaux insonorisants et… la banquette arrière ! Vous aurez dès lors une Taycan biplace, par ailleurs ornée d’un gros aileron arrière fixe en carbone, générant à lui seul jusqu’à 220 kilos d’appui. Dans tous les cas, cette Taycan surpuissante (et toujours homologuée pour la voie publique) conserve ses deux coffres : avant et arrière.

Ambiance sport à bord

À l’intérieur, le tableau de bord de cette Turbo GT est identique à celui des autres Taycan, mais avec plusieurs garnitures en microfibre (Race-Tech), notamment pour le contour du volant. On trouve aussi des sièges baquets très enveloppants en fibre de carbone et à dossier fixe (les sièges « Sport Plus » plus conventionnels et réglables en inclinaison sont disponibles en option gratuite).

On retrouve aussi la forêt d’écrans : il y en a un devant le volant et deux sur la console centrale. En option, une dalle digitale peut s’ajouter devant le passager, lui permettant notamment de programmer la navigation, mais aussi désormais de regarder des films en streaming, via un abonnement au service Screenhits.

Jusqu’à 1.108 ch en pic

Techniquement, cette Taycan s’arme de la batterie Performance Plus (105 kWh bruts/97 nets). Combien de kilomètres peut-on boucler dans une Taycan Turbo GT 2024 avec une charge électrique ? En théorie jusqu’à 555 km, selon le cycle WLTP. Mais ça dépendra de votre pied droit… La Turbo GT reprend les deux moteurs de la Turbo S, mais le propulseur arrière est encore peaufiné. Résultat : la puissance combinée nominale atteint 789 ch. Avec le launch control, la cavalerie passe à 1.034 ch pendant dix secondes et peut même être portée en pic à 1.108 ch pendant deux secondes. De quoi passer de 0 à 100 km/h en 2,3 secondes (et même 2,2 avec le pack Weissach, qui porte aussi la vitesse maxi de 290 à 305 km/h). Après, la puissance retombe à 789 ch, mais une impulsion sur la palette située à droite du volant enclenche le mode « Attack », qui regonfle momentanément la bête à 952 ch. Bref, on en a toujours sous le pied droit.

Des accélérations de Formule E

Les photos ne le montrent pas, mais lors de notre visite à Séville, il pleuvait plein pot. C’est donc un circuit de Monteblanco détrempé qui nous attendait. Première épreuve : un départ canon, avec donc 1.108 ch sous la semelle droite... Mode « Sport Plus » engagé et launch control armé, la Turbo GT s’arrache des starting-blocks dans un léger patinage des roues arrière. Dans le même temps, l’estomac se retourne et le cerveau, lui, aurait atterri direct dans le coffre arrière sans la présence de l’appuie-tête… Une catapulte, cette Turbo GT ! Elle accélère aussi fort qu’une monoplace de Formule E. Mais pas besoin d’être pilote pour réussir le départ parfait : l’électronique s’occupe de tout. Trop facile !

Siffler sous la pluie

Place aux choses sérieuses : on se lance pour 4 tours de piste dans le sillage arrosé de notre instructeur chevronné et pressé. Là encore, on bénit l’électronique. Car en sortie de virage, même lorsque l’ESP est branché, le volant veut nous sauter des doigts si on accélère avant que les roues ne soient bien droites. Mais si on attend le bon moment avant de souder l’accélérateur au plancher, l’efficacité épate et le moteur siffle sa joie (vous pouvez aussi brancher le générateur de son artificiel, qui laisse échapper un grondement plutôt agréable).

Le volant nous met en liaison directe avec l’excellent train avant ; la suspension pneumatique avec amortisseurs électrohydrauliques Active Ride canalise presque tous les mouvements de caisse ; et les roues arrière directrices assurent une belle agilité malgré le poids très élevé. Les nouveaux pneus Pirelli « P-Zero R », développés spécialement pour la Turbo GT, font aussi un excellent boulot (des nouveaux semi-slicks « P Zero Trofeo RS » sont proposés en option). Une seule critique en conduite sportive : le freinage n’est pas toujours aisé à doser. La pédale offre un ressenti moins naturel que celle des Porsche thermiques, à cause de la présence ici du système de régénération d’énergie. Pour le reste, chapeau bas (ou parapluie, dirons-nous dans ce cas-ci…).

Le prix de la Porsche Taycan Turbo GT 2024

Si les performances et l’efficacité du châssis sont ahurissantes, le tarif l’est tout autant : 257.194 €. Le pack Weissach est gratuit, mais les options payantes restent nombreuses et très chères. Sur circuit sec, prévoyez aussi un gros budget pneus et freins…

Franchement, l’idée d’exploiter sur circuit détrempé une voiture de 1.000 ch et 1.340 Nm de couple ne nous faisait qu’à moitié rigoler... On est pourtant sorti du bain sans trembler. Et cela grâce à l’étonnante efficacité de cette sportive électrique, qui témoigne une fois de plus du savoir-faire technologique de la marque de Zuffenhausen. Ceci dit, une telle débauche de puissance n’a pas d’intérêt sur route ouverte. La Turbo GT est avant tout une voiture-image. Une image qui défile vite, très vite…