François Piette

18 APR 2007

enfin la grosse artillerie !

Immuable, aussi caractéristique de la Grande Bretagne que la Queen elle-même, le Range Rover méritait un diesel digne de ce nom. Le seul disponible, un 6 cylindres d’origine BMW avait en effet, un peu de mal à mouvoir comme il se doit un tel mastodonte. La bouffée d’oxygène est apportée par ce tout nouveau V8, qui entend remettre les pendules à l’heure avec la concurrence.

Ensemble moteur/boîte somptueux

Tout nouveau, tout beau, ce V8 d’une cylindrée de 3,6 litres développe une puissance de 272 chevaux et un couple de 640 Nm entre 2.000 et 2.500 tr/min. Soit près de 100 canassons de plus que l’ancienne version ! Pour la boîte, c’est ZF qui fournit, et elle est automatique et à 6 rapports.

Bon, pas de quoi s’affoler, tout cela ne procure pas des accélérations dantesques et le Range se laissera distancer par une bonne GTI bien rodée. Mais là n’est certainement pas la vocation du Range. La puissance, si elle est bien là, est distillée avec beaucoup de douceur et dans une sonorité précipitée, typée V8. Le moteur ne rechigne pas à monter dans les tours, bien aidé qu’il est par la superbe boîte automatique à laquelle il est accouplé. Intelligente, elle devient même vive en mode « sport », au point que l’on en oublie complètement le mode manuel !

Bref, le groupe motopropulseur ne mérite que des éloges, tant il enchante par son homogénéité, son raffinement et son allant. Pourtant, il se trouve sérieusement handicapé dans sa tâche par une masse réellement démesurée, dépassant les 2,6 tonnes !

A l’aise partout

Imperturbable sur la route et se maniant très facilement, le Range est l’un des meilleurs de sa classe lorsqu’il s’agit de crapahuter hors des sentiers battus. Pour cela, il s’équipe d’ailleurs de tout l’attirail nécessaire : le Terrain Response avec ses cinq modes programmés pour une utilisation optimale quelque soit le type de sol, le Hill Descent Control qui évitera de dévaler les pentes raides comme un kayak dans les chutes du Niagara, une gamme courte des rapports pour grimper aux arbres et une panoplie de béquilles électroniques, baptisées DSC, ETC,… et qui permettent au Range de rester sur le droit chemin.

Bref, le Range se joue des difficultés avec une aisance propre à ridiculiser la concurrence. Pour peu, on engagerait volontiers le cruise control en pleine ascension de l’Everest… Dommage que sa carrosserie semble si fragile, dépourvue qu’elle est de toute protections. Il serait regrettable de rayer une si belle peinture…

Sur la route, on l’a dit, il est rigoureusement imperturbable, se révélant même d’une agilité surprenante, vu la masse. Mais celle-ci se rappelle au bon souvenir du conducteur lorsqu’il s’attaque à une route sinueuse : la prise de roulis est alors bien réelle…

Confort royal

Si l’envie vous prend de descendre au fin fond de l’Espagne et de, sitôt arrivé, faire un jogging énergique sur la plage, le Range est l’engin qu’il vous faut ! Avalant des kilomètres comme Obélix des sangliers, il est un infatigable transporteur tout confort, avec des sièges superbes. Silencieux, bien amorti et doté d’un habitacle bien plus chaleureux que ses concurrents allemands, le Range perturbe tout de même par la panoplie de boutons présents sur la console centrale… Difficile de s’y retrouver au premier abord ! La finition est, elle aussi, un peu en retrait face à ce que propose les constructeurs d’outre-Rhin : quelques éléments mal ajustés et une clef hors d’âge nous font dire qu’il est possible de faire encore un peu mieux.

De conception déjà ancienne, le Range fait l’impasse sur les 7 places, un moins pour le marketing, mais un très grand plus pour le coffre, d’un volume de… 975 litres et qui peut grimper à 2.091… De quoi parcourir les brocantes du pays !

Tarifs

Vendu à 75.200 €, le Range fait cher payer ses qualités. Surtout qu’à ce prix, vous aurez droit à une version SE, autrement dit, pour laquelle il faudra débourser un supplément pour les phares au xénon, l’aide au stationnement (fort utile, vu le gabarit de l’engin), le système de navigation ou encore la sono haute fidélité. Bref, pour disposer de tous les gadgets indispensables à une telle monture, autant passer directement à la version HSE ou mieux, la Vogue, ce qui fait grimper le prix de plus de 6.000 € pour la HSE et de plus de 14.000 € pour la Vogue… Au-dessus, il y a toujours la version « Autobiography » vendue près de… 99.900 € !

Pour le reste, la sellerie cuir chauffante est de série sur toutes les versions, de même que la climatisation réglable depuis les places arrière, les rétroviseurs rabattables électriquement,…

Au niveau de la concurrence, citons le Mercedes ML 420 CDI, vendu 76.472 € (voire le GL, mais tarifié à… 90.629 € ! gloups…) et le Volkswagen Touareg V10 TDI à 79.470 €, tous un peu plus puissant que le Range, il est vrai…

Pour en finir avec le budget, signalons enfin que le moteur boit dans des quantités raisonnables, se contentant d’un 12,8 litres de moyenne sur notre parcours mixte. Au vu de la cylindrée et de la masse, il s’agit là d’une belle performance. Surtout que son réservoir de 105 litres permet de voir large, niveau autonomie…

Conclusion

Majestueux, le Range en impose sur la route, mais aussi en dehors. Se régalant des difficultés du terrain, on voit mal ce qui pourrait l’arrêter… Son confort superbe et sa mécanique enfin à la hauteur le positionne en tant qu’infatigable avaleur de kilomètres. S’il pouvait faire encore un petit effort sur la masse et sur le prix, il y aurait de quoi être comblé… Reste qu’un tel mastodonte ne suscitera pas que des réactions positives, surtout si on le cantonne à un usage urbain (quel gâchis !), grosses avenues stéréotypées exceptées, où il se montre assez maladroit.
 

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