En 2024, Leapmotor débarquait chez nous grâce à un partenariat avec Stellantis, qui s’occupe de l’importation et de la distribution de la marque chinoise. À son lancement, la gamme comptait deux modèles électriques : le C10, un SUV de taille moyenne et la petite citadine T03. Bientôt, un SUV compact nommé B10 viendra compléter l’offre. Mais entre-temps, Leapmotor a élargi la gamme du C10 avec une seconde motorisation : la version REEV, ou « Range Extended Electric Vehicle ». En d’autres mots : un petit moteur essence qui augmente l’autonomie totale du Leapmotor C10 REEV qui peut ainsi frôler les 1.000 km. Serait-ce le SUV de moins de 40.000 euros le plus polyvalent du marché ?
Design
Aspect identique
D’un point de vue esthétique, le Leapmotor C10 REEV ne diffère quasiment pas de son jumeau électrique. L’échappement est dissimulé, la calandre n’a pas été agrandie, et il n’y a même pas de badge spécifique pour signaler la présence d’un moteur thermique ! La seule différence ? La trappe à carburant sur le flanc droit. Notez que nous ne faisons aucun reproche à Leapmotor, car le C10 reste un SUV joliment dessiné. On ne le qualifiera pas de spectaculaire, mais sa discrétion plaira à coup sûr à un large public !
Habitacle générique mais luxueux
L’intérieur du Leapmotor C10 est un peu plus banal, et la version REEV n’y change pas grand-chose. Leapmotor applique la recette que semblent suivre tous les constructeurs chinois : design minimaliste, grands écrans, volant à deux branches avec boutons multifonctions et un maximum de matériaux souples pour donner une impression haut de gamme. Sur ce dernier point, rien à redire : pour son prix, le Leapmotor C10 REEV offre une ambiance plutôt luxueuse. Mais on aurait aimé un peu plus d’originalité !



Expérience
Entrer par le rétroviseur
Le système de déverrouillage du Leapmotor C10 REEV est original, mais malheureusement pas dans le bon sens du terme. En effet, le SUV ne s’embarrasse pas d’une clé, mais d’une carte NFC qu’il faut approcher du rétroviseur côté conducteur pour déverrouiller la voiture. Impossible donc d’ouvrir sans les mains, et il faut toujours revenir de ce côté pour verrouiller la voiture ! Ensuite, pour mettre le contact, il faut poser cette même carte sur le chargeur à induction placé au centre de la console… L’alternative, c’est de passer par l’application mobile Leapmotor, qui permet aussi de préchauffer l’habitacle. Mais cette appli ne récolte qu’une note de 2,3 étoiles sur l’App Store... et semble également criblée de bugs !
Habitacle spacieux pour 5 personnes
Une fois à bord, on remarque à quel point le Leapmotor C10 est spacieux, et cette version REEV offre autant d’espace que la version 100 % électrique. Avec ses 4,74 m de long, 1,90 m de large et 1,68 m de haut, le C10 est comparable à un Skoda Kodiaq (4,76 m) ou un Volkswagen Tayron (4,77 m). Si Leapmotor ne propose pas de version 7 places, les 5 places disponibles sont confortables et généreuses. Le coffre dispose d’un volume de 435 litres sous la tablette, ou jusqu’à 1.410 litres avec les sièges arrière rabattus. Grâce à ses formes bien carrées, l’espace paraît même bien plus vaste ! Bien entendu, vous ne trouverez pas de frunk ici : ce dernier a cédé sa place au moteur thermique.
De beaux écrans, mais un logiciel décevant
Côté infodivertissement, nous avons relevé peu de progrès depuis notre premier essai du Leapmotor C10, voici bientôt un an. Les écrans de 10,25 pouces (face au conducteur) et de 14,6 pouces (au centre) restent nets et faciles à lire, mais le logiciel est à la traîne. Le système de menus à la Tesla (encore un trait commun à de nombreuses marques chinoises) demande trop de manipulations pour des réglages essentiels ! De plus, Android Auto et Apple CarPlay sont toujours absents. Certaines fonctions ne peuvent être modifiées que lorsque la voiture est à l’arrêt, ce qui ajoute frustration et distraction… D’autres marques chinoises font bien mieux, avec des mises à jour fréquentes et davantage de possibilités de personnalisation.
Et l’ergonomie dans tout ça ?
Et notre liste de reproches n’est pas terminée. Pourquoi tant de marques chinoises utilisent-elles des boutons multifonctions au volant... sans marquage clair, ce qui oblige à deviner leur fonction ? Pourquoi, en 2025, faut-il régler les rétroviseurs et les aérateurs via l’écran central ? Et pourquoi le pare-soleil du toit panoramique s’ouvre-t-il d’un simple clic sur une commande... qui doit être pressée pendant 20 secondes pour voir le store se refermer ?! Autant de détails qui nous donnent l’impression que le développement du Leapmotor C10 REEV a été un peu bâclé, ce qui est d’autant plus regrettable que rien ne semble avoir changé depuis notre premier contact en 2024. Et ce n’est pas tout…



Conduite
SUV particulièrement confortable
Commençons par souligner les points positifs du Leapmotor C10 REEV. Pour un prix inférieur à 40.000 euros, ce SUV est particulièrement confortable. Le confort de suspension est excellent : tous les nids-de-poule et dos-d’âne sont absorbés sans broncher. En contrepartie, ce SUV prend du roulis dans les virages, mais on ne lui en tient pas rigueur : il ne prétend pas être sportif. Les sièges sont confortables, l’insonorisation est très correcte et la motorisation électrique (160 kW/218 ch et 320 Nm) offre des accélérations douces mais efficaces. Le 0 à 100 km/h s’effectue en environ 7,7 secondes, avec une vitesse maximale limitée à 170 km/h.
Jusqu’à 145 km en électrique, ou 950 km au total
Parlons justement de la motorisation : c’est là que se trouve la grande différence entre le Leapmotor C10 et ce C10 REEV. Le REEV embarque une plus petite batterie (28,4 kWh au lieu de 69,9 kWh), mais il gagne un moteur essence de 1.5 litre faisant office de générateur, ainsi qu’un réservoir de 50 litres. Résultat : 145 km d’autonomie électrique selon le cycle WLTP, ou 950 km d’autonomie totale avec une batterie et un réservoir pleins.
Et cette autonomie électrique est réellement pertinente au quotidien ! Les 145 km nous paraissent optimistes, mais durant notre essai estival, nous avons tout de même atteint 130 km, du moins tant que nous ne roulions pas exclusivement sur autoroute. Bonne nouvelle : le Leapmotor C10 REEV accepte la recharge rapide, jusqu’à 65 kW en théorie (de 30 à 80 % en 18 minutes). Nous avons même vu un pic à 75 kW sur une borne rapide en courant continu ! En recharge AC, la puissance est limitée à 6,6 kW (monophasé), ce qui signifie plus de 4 heures pour une charge complète.
Moteur essence au doux ronron
Quatre modes de conduite sont disponibles (Fuel+, Fuel, EV et EV+), chacun avec son propre seuil de déclenchement du moteur essence, utilisé pour recharger la batterie. Lorsque vous roulez uniquement à l’essence, la consommation s’établit entre 6,5 et 7 l/100 km, ce qui permet environ 700 à 750 km d’autonomie avant de devoir refaire le plein. Le moteur essence reste généralement discret, sauf si vous sollicitez fortement l’accélérateur, ce qui fait monter le régime du générateur. Mais dans la plupart des cas, on ne le remarque pas, car la propulsion est toujours assurée par le moteur électrique situé sur les roues arrière.
Panne moteur
Alors pourquoi avons-nous dû recharger si le Leapmotor C10 REEV dispose d’une aussi grande autonomie ? Eh bien… parce que le moteur essence est tombé en panne le dernier jour de notre essai ! Il restait pourtant plus de 300 km d’autonomie thermique, mais un message s’est affiché pour nous prévenir que nous devions nous contenter du peu d’énergie restante dans la batterie. Inquiétant, mais heureusement, le C10 REEV fonctionne principalement à l’électricité, et nous avons pu le recharger rapidement sur la route pour le ramener à bon port.
Aides à la conduite irritantes, voire dangereuses
Notez que ce n’est toutefois pas son plus grand défaut... En effet, les aides à la conduite sont très mal calibrées, et en particulier l’assistant au maintien de voie qui réagit de manière paniquée dès que vous vous approchez à moins d’un mètre d’une ligne continue… au point de vous diriger vers la berme centrale ! Et si vous souhaitez désactiver ce dangereux système? Il vous faudra prendre la prochaine sortie et vous arrêter, car la désactivation n’est pas possible en roulant… Ce sont des frustrations que nous avions déjà ressenties avec le C10 BEV, et qui auraient dû être corrigées via une mise à jour logicielle !
Le régulateur de vitesse adaptatif n’est pas non plus une réussite : même avec la distance réglée sur le minimum, il freine bien trop tôt. Il semble également incapable de maintenir une vitesse constante, comme si le véhicule dosait l’accélérateur par petites touches, plutôt que d’appliquer une pression stable. Et pourquoi n’existe-t-il pas un bouton pour reprendre la vitesse précédemment mémorisée ? Ou alors nous ne l’avons pas trouvé, faute d’indications claires…



Budget
Quel est le prix du Leapmotor C10 REEV 2025 en Belgique ?
Le Leapmotor C10 REEV est affiché au même prix que la version entièrement électrique : à partir de 37.400 euros, ou 38.900 euros pour la finition Design, richement équipée. Un tarif particulièrement compétitif pour un SUV de ce gabarit, quelle que soit sa motorisation ! L’équipement est très complet, et pour ces 1.500 euros supplémentaires, la version Design ajoute de belles jantes de 20 pouces, un volant chauffant, des sièges avant chauffants et ventilés ainsi qu’un hayon électrique. Une différence de prix qui se justifie pleinement à nos yeux !
Parmi les concurrents, on retrouve notamment le BYD Seal U DM-i, avec 77 km d’autonomie électrique et un tarif démarrant à 37.900 euros. La Jaecoo J7 SHS se positionne dans la même gamme de prix (36.900 euros), offre une autonomie un peu inférieure (90 km), mais dispose d’une motorisation bien plus puissante (347 ch).
Verdict
À ce prix, on peut pardonner beaucoup de choses au Leapmotor C10 REEV. Un SUV de ce format, avec autant d’espace intérieur et un tel niveau d’équipement pour moins de 40.000 euros, c’est presque imbattable. Même comparé à des modèles non électrifiés ! Malheureusement, ses défauts sont trop irritants pour être ignorés. Le logiciel est tout simplement inabouti et Leapmotor ne semble pas pressé d’y remédier via des mises à jour. Pire : même durant cette brève semaine d’essai, nous avons connu une panne moteur. La grande autonomie du REEV est un atout indéniable dans la gamme C10, mais nous ne pouvons tout simplement pas le recommander, ou du moins, pas tant que les problèmes ne sont pas résolus.