On peut lui adresser bien des reproches, mais sans faire preuve d’une certaine mauvaise foi, difficile de ne pas reconnaître tout de même le statut de référence de son segment à la Tesla Model 3. Une sorte de mètre étalon de la berline électrique, l’équivalent de la Volkswagen Golf de l’ère post-thermique. Un rôle que Mercedes entend néanmoins endosser à son tour avec sa CLA électrique. Pari réussi ?
Si le succès de la Model 3 a été freiné par le lancement de sa déclinaison SUV Model Y et, plus récemment, par les frasques d’Elon Musk, cette berline n’en demeure pas moins l’une des voitures électriques les plus répandues sur la planète. C’est aussi l’un des modèles qui a établi de nouvelles références pour la mobilité électrique, comme en témoigne par exemple l’autonomie officielle de 702 km WLTP avancée par la variante Grande Autonomie, en propulsion, de sa dernière mouture modernisée en 2023. Une référence que Mercedes entend maintenant bien déstabiliser avec sa CLA électrique 2025. Soit le modèle qui lance la nouvelle offensive électrique, en 800 volts cette fois, de la marque allemande. Et qui se targue, de son côté, de pouvoir espacer ses recharges de… 775 km WLTP. De quoi définitivement détrôner la Model 3 ?

Aspects pratiques : léger avantage Tesla
Avant de vérifier ça sur la route, commençons notre confrontation en douceur, en faisant le tour des aspects pratiques de nos deux concurrentes. Côté gabarit, on évolue clairement dans la même cour. Quasiment au centimètre près : pour sa nouvelle vie, la CLA mesure, en effet, dorénavant 4,73 m de long contre 4,72 m pour la Model 3. Et les largeurs sont aussi équivalentes (1,85 m dans les deux cas). En revanche, bien qu’elle se présente comme un « coupé à quatre portes », la CLA ne baisse pas davantage son pavillon que l’Américaine (1,47 m contre 1,44 m pour la Model 3). Mais finalement, c’est surtout du côté des empattements que les deux modèles se différencient le plus. Exclusivement électrique, la Tesla Model 3 repose sur un empattement plus long de quasiment 10 cm (2,88 m contre 2,79 m). La CLA, qui sera aussi déclinée en version thermique, ne parvient pas à étirer autant ses deux essieux.
Cela se ressent un peu quand on se glisse aux places arrière. Les passagers installés sur la banquette de la Model 3 disposent d’un peu plus de place. Mais dans les deux cas, il faudra composer avec un plancher assez épais qui impose de voyager avec les genoux relevés. Grâce à sa banquette arrière plus inclinée, la Model 3 soutient néanmoins mieux les jambes de ses passagers postérieurs. Mais ces derniers glissent plus facilement leurs pieds sous les sièges avant de la Mercedes.



Bref, côté habitabilité, la rencontre démarre par un résultat assez serré. Et côté coffres, alors ?
Les « frunks » restent aussi assez équivalents. Ils peuvent s’ouvrir tous les deux sans devoir redéverrouiller, à tâtons, l’attache sous le capot avant. Et ils se montrent tous les deux généreux, rendant la possibilité d’embarquer un sac souple en plus pour les vacances. On dispose tout de même d’un volume plus grand du côté de la CLA : 101 l contre 88 l.


Mais l’Américaine remporte de justesse le point des aspects pratiques grâce à son coffre arrière. Au-dessus des planchers, les volumes s’avèrent certes assez équivalents. Mais la Tesla Model 3 se démarque grâce à son généreux bac ménagé sous le plancher. Il permet de facilement ranger les câbles de recharge et une petite valise supplémentaire. Le minuscule rangement sous le plancher de la Mercedes ne permet, de son côté, même pas de glisser un câble de recharge, même si l’on est un pro de l’origami ! Bref, ce bac supplémentaire donne un petit avantage pratique à la Model 3. Ce que confirment les chiffres officiels avancés : 405 l pour la CLA contre 594 l pour la Model 3.




Ergonomie : grand avantage Mercedes
L’écart est moins ténu quand on étudie l’ergonomie du poste de conduite de nos deux concurrentes électriques. On donne d’emblée le point à la Mercedes. Car si la Model 3 était déjà connue pour afficher un poste de conduite « dépouillé » depuis son lancement, sa dernière évolution pousse le bouchon encore plus loin. Là, ce n’est plus du dépouillement… c’est carrément le désert !

Bien sûr, certains aficionados de la marque parviendront toujours à crier au génie. On y voit surtout un moyen de diminuer à l’extrême les coûts de production. Cela a, certes, un impact positif sur le prix de la voiture ainsi que sur son poids, on y reviendra. Mais sur le plan de l’ergonomie, cela n’a pas que des conséquences heureuses… Rien que le remplacement du commodo des clignotants par des touches sur le volant suffit à désarçonner un conducteur lambda. L’Américain qui a validé ça n’avait sûrement jamais emprunté un rond-point de sa vie ! Ajoutez à cela l’obligation de passer par des sous-menus dans la tablette centrale, puis une action via une molette sur le volant pour des réglages aussi basiques que la hauteur du volant ou les rétroviseurs et vous comprendrez que l’ergonomie au quotidien d’une Tesla Model 3 puisse rapidement être problématique. D’autant plus que les menus dans la grande tablette ne sont pas toujours simples à choisir en roulant du premier coup compte tenu des icônes assez petites. Bien sûr, avec un peu d’entraînement, on peut se faire à tout… Mais disons que le poste de conduite de la Mercedes CLA reste plus proche de celui d’une voiture que d’une tablette sur roues.

On conserve ici un écran devant les yeux du conducteur pour les informations de conduite. Et les menus dans la tablette centrale sont plus ergonomiques (grandes icônes, structure claire, etc.). Ajoutez à cela la présence de commodos pour la sélection du sens de marche, pour moduler le freinage régénératif, pour allumer les essuie-glaces… et vous aurez assurément la préférence des « conducteurs à l’ancienne ». En plus, ici, on peut connecter son smartphone via Android Auto et Apple Carplay. Bref, la Mercedes CLA remporte le point côté ergonomie de la planche de bord. En revanche, côté finition, la « petite Mercedes électrique » souffle un peu le chaud et le froid. Certains assemblages et matériaux sont, certes, flatteurs. Mais on note aussi la présence de plastiques moins qualitatifs. Et notre modèle d’essai laissait percevoir certains « rossignols ». Pour ce niveau de prix, c’est un peu problématique. Surtout que la Tesla Model 3 a sensiblement amélioré sa qualité perçue depuis son dernier facelift…
Autonomie / consommation : égalité
Reste le point crucial de la comparaison : avec toutes ses innovations techniques, la Mercedes CLA parvient-elle à égaler la consommation de moineau d’une Model 3 ? Quasiment. Au bout de notre boucle commune, mêlant nationales roulantes et autoroutes abordées aux vitesses réglementaires, on a relevé un appétit réel de 13,7 kWh/100 km avec la Model 3 contre 14,7 kWh/100 km pour la CLA. Dans des conditions équivalentes, la Tesla Model 3 Grande Autonomie Propulsion consomme donc toujours un peu moins que la CLA 250+. Mais un petit coup d’œil vers les cartes grises mettent tout de même en évidence une différence de poids très sensible : 2.098 kg pour « notre » CLA contre 1.822 kg pour « notre » Model 3. Soit 276 kg ! La CLA parvient donc plutôt bien à maîtriser sa consommation réelle au vu de son poids.

La grosse batterie de 85,5 kWh de la Mercedes autorise alors, dans ces conditions, une autonomie réelle de 580 km en vidant la totalité de ses électrons. Tesla ne communique pas officiellement la capacité de stockage de ses batteries, mais si on part sur une capacité estimée de 78,8 kWh, on arrive à une autonomie réelle quasiment identique (+- 575 km) pour la Model 3 Grande Autonomie, Propulsion.
Charge rapide : avantage Mercedes
Du côté des recharges, on n’a pas eu l’occasion de comparer les temps d’immobilisation nécessaires dans des conditions parfaitement identiques. On se contentera donc ici des chiffres officiels. Sur le plan théorique, la Mercedes CLA se montre la plus véloce pour récupérer ses électrons en cas de besoin. Son architecture 800 volts lui permet de récupérer jusqu’à 350 km d’autonomie en 10 minutes avec des pics pouvant monter à 320 kW. Tesla annonce, de son côté, pouvoir redonner 282 km d’autonomie à sa Model 3 en 15 minutes, avec des pointes jusqu’à 250 kW. Avantage (théorique) à Mercedes, donc. Même si, dans la pratique, il faut bien reconnaître que les deux modèles permettent de jouir de recharges largement assez rapides pour ne pas allonger inutilement les pauses lors des longs trajets.

Agrément de conduite : avantage Mercedes
En conduite coulée, les deux concurrentes se montrent, une fois encore, assez proches. Et assez confortables dans les deux cas, malgré un typage d’amortissement plutôt ferme. La Mercedes soigne juste un peu mieux l’insonorisation de ses bruits de roulement. La différence d’agrément se marque plus quand on hausse le tempo. Certes, la Model 3 Grande Autonomie Propulsion accélère plus fort. Elle est non seulement plus légère de près de 300 kg, mais aussi un peu plus puissante que la CLA 250+ (235 kW / 320 ch contre 200 kW / 272 ch). Et même si la CLA innove pour le segment en se dotant d’une transmission à deux rapports, comme sur une Porsche Taycan, elle n’accélère donc pas aussi rapidement que l’Américaine : 0 à 100 km/h en 6,7 s contre 5,2 s. Cela dit, en conduite plus dynamique, la Mercedes maîtrise mieux ses mouvements de caisse et présente une direction au rendu plus naturel. Il n’y a juste que le gros à-coup vers les 110 km/h, quand la transmission change de rapports, qui surprend un peu en conduite soutenue avec la CLA.

Prix : grand avantage Tesla
Reste, enfin, à parler prix. Et là, c’est du côté de Tesla que la balance penche clairement. La Model 3 Grande Autonomie Propulsion est, en effet, proposée en Belgique à partir de 45.990 €. La Mercedes CLA 250+ réclame de son côté, au minimum, 56.870 € en Business Edition. Mais peut monter jusqu’à 63.283 € en AMG Line, comme notre modèle d’essai. De plus, le prix peut ensuite encore s’envoler davantage chez Mercedes en piochant dans les options individuelles ou les packs bien plus nombreux que chez Tesla. En revanche, il faut reconnaître que le pack « Autopilot entièrement autonome » est facturé à prix d’or chez Tesla (7.500 €), tout comme certaines peintures d’ailleurs (2.000 € pour le rouge, par exemple). Chez Mercedes, le pack Assistance à la conduite Plus coûte, à titre de comparaison, 1.815 €. Et le rouge seulement 302,50 €.

Verdict :
A prix équivalent, il n’y aurait pas photo. La Mercedes CLA est une « meilleure voiture » que la Tesla Model 3. En revanche, malgré son développement bien plus tardif, la Mercedes n’est pas foncièrement une « meilleure électrique » que l’Américaine. En tous les cas, sur le plan de la consommation et de l’autonomie. Seule son architecture 800 volts permet à l’Allemande de récupérer en théorie bien plus rapidement ses électrons sur une borne adaptée pour les longs voyages. Reste la question de savoir si la CLA 250+ vaut vraiment près de 11.000 euros de plus que la Model 3 ? Mais ce sont surtout les valeurs résiduelles et les loyers de leasing qui aideront finalement à répondre à la question…
