Légitime tant dans le marché des voitures premium que dans
celui des véhicules utilitaires, Mercedes était le mieux placé pour proposer le
premier pick-up premium. Préfigurés par des concepts dès octobre 2016, les modèles
de série s’exposent dans les concessions européennes depuis la fin de l’année
dernière. Mais ce n’était qu’une première étape : la commercialisation du
Classe X va débuter en Afrique du Sud, en Australie et en Nouvelle-Zélande en
ce début 2018. L'Argentine et le Brésil recevront, quant à eux, leurs exemplaires
au début de l’année prochaine. Car c’est bien l’intérêt de ce nouveau modèle
ajouté à la gamme Mercedes : s’attaquer, d’un côté, à des marchés à grands
volumes friands de la silhouette pick-up. Et, de l’autre, séduire les clients à
la recherche d’un « 4X4 » premium mais offrant une fiscalité allégée.
Base connue
Pour limiter l’investissement et réduire le temps de gestation,
Mercedes n’a pas développé en interne l’intégralité de son Classe X. Ce n’est
pas un secret : ce nouveau pick-up se base sur le Nissan Navara, lui-même
déjà rebadgé Alaskan chez Renault. Bref, les modèles proposés par l’Alliance
Renault-Nissan avec laquelle les synergies industrielles consenties avec l’allemand
Daimler s’intensifient de plus en plus.
Signé Mercedes !
Pas question, toutefois, de simplement apposer l’étoile
Mercedes sur la calandre du Nissan Navara. Les modifications esthétiques sautent
au premier regard : calandre, capot, ailes, phares… tout est spécifique. Aucun
panneau de carrosserie n’est repris à l’identique sur le Classe X. Voilà qui
assure une certaine présence à ce nouveau pick-up, notamment grâce à sa grande
étoile signant une calandre plutôt impressionnante. Mais c’est surtout à l’intérieur
que le changement d’univers par rapport aux cousins est le plus sensible. La
présentation est moins utilitaire, la finition plus soignée et les matériaux
plus flatteurs. Certes, on retrouve toujours une majorité de plastiques durs,
plus robustes pour une utilisation utilitaire, dans les parties basses. Mais on
note aussi la présence de quelques plastiques moussés sur les parties les moins
exposées. On ne retrouve, en outre, pas le système d’info-divertissement signé
Nissan des Navara et Alaskan mais bien le module caractéristique des produits
Mercedes.
Molette centrale
L’écran tactile intégré à la planche de bord des cousins
cède donc sa place à un écran, flottant au-dessus de la planche de bord, commandé
par une molette située sur la console centrale. Une bonne et une mauvaise
nouvelle. La bonne nouvelle, c’est que cela permet de naviguer dans le menu
même avec des mains sales ou des gants dans des environnements poussiéreux (c’est
un pick-up après tout !) sans risquer de griffer l’écran. Par contre, il
faudra s’habituer à l’ergonomie du système un peu plus complexe à appréhender.
Et, surtout, se contenter de moins d’espaces de rangement.
Dossier très droit
Uniquement proposé en version double-cabine, le Mercedes
Classe X présente un habitacle spacieux pour 5 personnes. Un peu plus large que
ses cousins, le pick-up Mercedes libère un plus grand espace pour les coudes. La
banquette présente également un dessin plus marqué assurant un meilleur
maintient. Par contre, on y retrouve toujours un dossier assez droit qui rend
les longs trajets plutôt inconfortables. Côté pratique, la banquette à l’arrière
peut néanmoins toujours être relevée pour permettre le transport d’objets plus
fragiles à l’intérieur de l’habitacle.
17 fûts de bière !
Les nouvelles proportions offertes par Mercedes à son Classe
X, notamment des voies sensiblement élargies par rapport au Nissan Navara, lui permettent
de présenter une benne aux dimensions plus généreuses que celle de ses cousins.
On peut, notamment, y glisser une euro-palette tant en longueur qu’en largeur
ce qui est inédit sur le segment. La benne présente, en effet, une surface XXL
de 1,59 m de long sur 1,56 m de large avec un renfoncement réduit à 1,21 m (mais
donc toujours suffisant pour caser une palette de 1,20 m) entre les passages de
roue. Une « surface au sol » de 2,46 m² qui peut accepter jusqu’à 1,1
tonne de charge. Pour donner une idée, Mercedes précise que cela permet notamment
de charger 17 fûts de bière de 50 litres !
En attendant le V6
Sur le plan mécanique, le Classe X pourra jouir d’un V6l
diesel signé Mercedes pour assoir définitivement son positionnement premium. Et
donc faire face au Volkswagen Amarok V6, son plus proche concurrent. En
attendant, le Classe X reprend à son compte le quatre cylindres 2.3l diesel d’origine
Renault. Un moteur proposé, comme chez Nissan et Renault, dans une version à
simple turbo de 163 ch ou à double suralimentation de 190 ch. Le couple passe
alors de 403 Nm à 450 Nm. Chez Mercedes, ces versions sont siglées
respectivement X 220d ou X 250d. Le futur V6 3.0l diesel, intitulé X 350d,
développera quant à lui 258 ch et 550 Nm de couple.
Propulsion ou 4X4
Ce futur V6 diesel bénéficiera également d’une transmission
intégrale permanente dotée d’un différentiel central. Ce qui signifie que l’on
pourra aussi bénéficier d’une transmission intégrale pour évoluer sur les
routes. Les X 220d et X 250d se contentent quant à eux d’une transmission plus
basique : propulsion avec mode 4X4 « enclenchable » en option. En
pratique, on évolue sur la route en propulsion et l’on tourne la molette vers « 4H »
uniquement quand les conditions se détériorent pour bénéficier d’une
transmission intégrale. En cas de besoin, on peut également passer vers la
position « 4L » qui permet de jouir d’une gamme de rapports courts. Pour
une utilisation encore plus sévère, Mercedes propose d’opter en outre pour un
différentiel arrière verrouillable combiné à des pneus off-road mais aussi une
garde au sol légèrement surélevée (+ 2 cm).
Souverain
En route, il faut encore accepter quelques caractéristiques
héritées de l’univers utilitaire. Comme une position de conduite perfectible
(le volant est implanté assez bas et n’est pas réglage en profondeur) et,
surtout, une direction très démultipliée (quasiment 3,5 tours de volant de
butée à butée) et au rendu très artificiel. Dommage, car pour le reste, le
Classe X se montre plutôt « souverain » sur les routes. Son
insonorisation paraît relativement soignée (une fois son moteur, claquant à
froid, arrivé à température) et les performances offertes par le quatre
cylindres de 190 ch de « notre » version X 250d déjà largement
suffisantes. On peut d’ailleurs déjà tracter jusqu’à 3,5 t avec le quatre
cylindres. Le confort de marche paraît aussi plutôt convaincant pour le segment
grâce à l’abandon de l’essieu arrière rigide au profit de roues arrière
indépendantes comme sur le cousin Nissan Navara. Signalons, en outre, que
Mercedes a sensiblement fait évoluer les trains roulants (voies plus larges,
garde au sol légèrement abaissée, réglages d’amortisseurs différents) pour
rendre le Classe X plus routier.
Inconvénients de la
formule
À l’usage, le Classe X ne peut gommer les inconvénients classiques
des pick-up. Comme un encombrement XXL (5,34 m), un rayon de braquage
handicapant (13,4 m) une benne relativement haute (80 cm du sol) accessible via
une ridelle plutôt lourde à manipuler et une consommation réelle assez élevée.
Comptez au minimum 10 à 12l avec le bloc quatre cylindres de 190 ch et sa (bonne)
boîte automatique à 7 rapports comme sur notre modèle d’essai. Bon, par contre,
on jouit d’une fiscalité d’utilitaire. Autrement dit : nettement plus allégée
que pour un SUV traditionnel équivalent !
Plus cher, forcément…
Par rapport à ses cousins japonais et français, le pick-up
allemand s’offre plusieurs équipements spécifiques. Notamment un système de
freinage automatique d’urgence avec détection des piétons, des freins arrière à
disques (contre des tambours sur les cousins), une lunette arrière à ouverture électrique,
un avertisseur de franchissement de ligne ainsi que de nombreux renforts et
matériaux insonorisant spécifiques (qui augmentent le poids d’environ 100 kg au
passage !). Le tarif de base passe ainsi à 37.447€ pour le X 220 d en 4X2.
Comptez néanmoins un minimum de 42.894€ pour le X 250 d 4Matic, comme notre
exemplaire d’essai, dans sa version de base Pure voire 46.899€ avec l’exécution
Progressive au style plus soigné. Et même 52.078€ en version Power aux détails cosmétiques
plus « premium ».
Verdict
Le Classe X est bien le premier pick-up proposé par une
marque premium… mais pas vraiment le premier pick-up premium du marché !
La différence est subtile. Mais le Classe X ne se démarque finalement pas,
hormis par son blason plus noble, vraiment à l’usage des Volkswagen Amarok ou
Ford Ranger les plus huppés proposés au catalogue. Reconnaissons-tout de même à
Mercedes d’avoir sensiblement fait évoluer la présentation, les réglages et l’équipement
optionnel de son Classe X par rapport à ses cousins Nissan et Renault pour en
faire bien plus qu’une simple version « rebadgée » du Navara. Mais ce
sont des attentions qui, bien sûr, se paient !