François Piette

17 JAN 2012

Edito salon : La blonde découvre la moto

Mettre une blonde une semaine au Salon, c’est comme enfermer un footballeur dans un atelier de tricot : autant vous dire que je ne connais rien à rien (moi, quand il faut remplacer un filtre à huile, je me rachète une nouvelle voiture). Mais depuis quelques jours je me soigne à grands coups de CC, d’émissions de CO2 et de bolides vrombissants.

Poussant la conscience professionnelle à son paroxysme, je décide de m’aventurer du côté des motos. Une opération suicide pour une fille qui a abandonné le deux-roues en 1981 après une chute en trottinette, mais ces engins qui déchainent de folles passions au point que de filles en bikini et blouson de cuir s’y frottent comme des chats contre un poêle à bois, voilà bien un phénomène que je voudrais comprendre.
Palais 1, me voici.

Au départ, vu les regards qu’on me lance, je me demande si j’ai oublié de mettre une jupe, ou si mes cheveux sont devenus violets pendant la nuit… mais en fait, il semblerait que ce qui me vaut ce sentiment de solitude est juste lié à mes chromosomes: cet endroit n’est pas fort fréquenté par la gent féminine, il n’y a que 22% de femmes parmi les visiteurs du Salon de l’Auto et il semble bien que, dans le palais réservé aux motos, ce pourcentage tombe à 2% (et encore, je vous compte les hôtesses et Madame Pipi).

Avant de tourner les talons et de conclure que je n’ai rien à faire ici, je déniche une vendeuse. (oui, UNE vendeuse, sans tatouages, sans blouson de cuir ni muscles saillants, une fille souriante, qui adore la moto.)

Elle comprend mon désarroi et me fait grâce des descriptions ultra-chiffrées des moteurs et du nombre de cylindres en ligne qui me filent le tournis. Elle sait parler aux filles : elle m’explique que la moto, c’est une affaire de sensations. L’effet grisant de la vitesse, le bruit du moteur, la route qui défile,… Alléchant. Elle me propose un essai et je serais presque tentée mais devant la Triumph qui m’arrive aux épaules, je décide de la croire sur parole.

Après, elle m’assure que son univers peut séduire les femmes, et que les accros féminines de la moto sont souvent d’excellents pilotes, rapport à la souplesse de nos hanche (et toc !).

Cela étant dit, elle insiste sur une distinction qui vaut son pesant de cacahuètes: les amateurs de moto se classent en deux catégories : il y a les aventuriers et les rationnels. Les aventuriers sont ceux qui aiment la moto comme un sport, avec de la boue, des sauts et des circuits enduro : cette catégorie est moins plébiscitée par les femmes. « C’est un sport mécanique, cela peut être dangereux », m’explique t’elle « mais même quand on parle de routière, cela reste un sport assez solitaire. » C’est sûr que d’y embarquer deux enfants hyperactifs, ça ne va pas le faire, …

Par contre, et c’est là que je tends l’oreille, quand on est un rationnel, on envisage la moto comme moyen de déplacement, et comme alternative à la voiture. Là les femmes reprennent leur place, surtout dans le secteur des scooters qui annonce globalement une croissance à deux chiffres ces deux dernières années (la crise, mon œil !).

Et là, je dois bien dire qu’en déambulant dans le Palais 3, je finis par en avoir presque envie. Ces petites machines affichent un charme évident, consomment trois fois rien et se faufilent partout, tout en vous donnant des airs de Brigitte Bardot pour le tiers du prix d’une petite voiture; j’aime bien ce concept (Il me reste juste un détail à régler : un enfant de 4 ans, ca peut prendre le bus tout seul, non ?).

En plus, il faut bien avouer que, côté personnalisation, la voiture a des leçons à prendre : Lambretta présente un sublime scooter ‘sixties’ bicolore dans des tons pastel, le LN125. La marque LML propose de faire la nique aux embouteillages sur un engin étoilé, rouge vif, mauve, turquoise ou sur une selle vert pomme ; mais, la plus convaincante pour une blonde comme moi, c’est l’Aprilia Mojito 125 Custom et son petit air rétro ; qui non seulement porte le nom de mon cocktail préféré (on ne se refait pas), mais en plus s’affiche ici au salon en blanc ultrachic, avec une selle en simili croco blanc. Qu’on me trouve un casque qui ne vous ruine pas le brushing et je vous refais la Dolce Vita sur la Place de Brouckère, promis !

PUBLICITÉ
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ