François Piette

4 JUN 2014

Opinion : Ferrari met le turbo ! La fin d’une époque ?

C’est peut-être un discours de nostalgique, mais je pense qu’il est l’heure de faire nos adieux aux moteurs atmosphériques. Selon les magazines britanniques Car et Top Gear, même Ferrari serait sur le point d’abandonner ses fantastiques moteurs à aspiration naturelle, pour s’orienter définitivement vers le suralimenté. Concrètement, ça veut dire quoi ?

Plus de 9.000 tr/min, une voix de diva libérée et un moteur hargneux, violent, voulant sans cesse grimper dans les tours et ne se sentant jamais à l’aise qu’une fois arrivé au bord de la zone rouge : voilà les caractéristiques fondamentales du moteur de la Ferrari 458 Italia. Ce V8 d’anthologie est une pièce d’orfèvrerie pour les amateurs ; c’est lui, le cœur de cette Ferrari. Un caractère unique, bien trempé et résolument mécanique.

Un turbo, ça booste, mais ça étouffe !

Un moteur turbo, ça se comporte différemment : la puissance déboule beaucoup plus tôt, le moteur s’étrangle dans les tours, la sonorité est étouffée et un petit temps de réponse se fait sentir après avoir pressé l’accélérateur. Bref, si tout ceci est parfaitement acceptable, et même plutôt bien vu pour une familiale, il en va tout autrement pour une voiture de caractère, comme une Ferrari…

Artificiel

Alors, comme Ferrari l’a déjà démontré avec sa California T qui carbure au régime forcé par turbo, il y a des solutions artificielles… Notamment, en limitant le couple à bas régimes sur les premiers rapports pour donner l’illusion d’un moteur pointu et en chipotant avec l’échappement pour tenter de trouver des harmoniques… Imaginez-vous un seul instant le paradoxe que ceci signifie : un moteur volontairement bridé pour calquer le tempérament de l’ancien !

J’te la reprogramme ta Ferra’ ?

Cela veut également dire que les électroniciens du dimanche auront tôt fait de nous concocter un boîtier qui permettra aux amateurs de sensations fortes de profiter du plein potentiel du moteur sur toute sa plage de régimes ! Chose impensable actuellement : un moteur atmo, surtout à Maranello, c’est de l’orfèvrerie qui ne se bricole pas entre la poire et le café ! Voilà qui pourrait également laisser une porte ouverte à une folle course à la puissance car il est très facile de tirer des chevaux à un moteur turbo…

Et pourtant…

Un moteur turbo, chez Ferrari, ce n’est pas une nouveauté… Souvenez-vous : entre les 208 GTB Turbo et les glorieuses 288 GTO et autres F40, la marque a déjà prouvé son savoir-faire en la matière. Mais si à l’époque la turbine servait surtout à doper des mécaniques limitées en cylindrée, elle se destine aujourd’hui à faire dégringoler les valeurs de consommation et d’émissions… Reste à voir, au-delà des chiffres officiels, dans quelles proportions tout ceci se vérifiera à la pompe…

L’avenir probable ?

En coulisse, il se dit que la future 458 Italia devrait délivrer environ 670 chevaux. Nous sommes les premiers à affirmer qu’une telle cavalerie est parfaitement ridicule, car tout-à-fait inexploitable non seulement sur la route, mais également sur la piste pour le commun des mortels. Il est plus que grand temps de revenir à d’autres valeurs, sans doute moins mesurables, comme les sensations délivrées. Ma vieille Triumph ne pousse vraiment pas fort, mais l’ambiance, l’odeur, la position de conduite et le son me font croire le contraire. Ce qui permet de se faire plaisir à allure légale, quand le conducteur d’une Porsche Turbo s’endort… Nous parlions de « politiquement correct » ? Je ne suis pas vieux, mais j’assume : c’est dans les vieilles marmites que l’on fait les meilleures soupes.

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