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La manœuvre est un peu surprenante, mais on ne va clairement pas s’en plaindre ! Ford Pro, le département utilitaire de Ford, ne se contente en effet plus d’une unique version sportive développée sur base de son pick-up Ranger. Après l’impressionnant Raptor capable de survoler les bosses des terrains difficiles, voici en effet maintenant un Ranger MS-RT destiné à briller sur les rubans asphaltés. Et comme c’était le cas avec le Raptor, pas question de limiter la préparation à seulement quelques stickers sur la carrosserie pour l’esbrouffe ! Ce Ranger « de course » est le fruit d’une conception conjointe menée par Ford et MS-RT, l’antenne routière de M-Sport qui n’est autre que le partenaire du programme sportif de Ford en WRC. MS-RT signifie d’ailleurs, pour la petite histoire, « M-Sport Road Technology ». Rien que ça ! Notez, du reste, que le traitement MS-RT ne s’applique pas qu’au pick-up Ranger, le nouveau fourgon moyen Transit Custom de Ford y a aussi droit.
Design - Ford Ranger
Outil de travail… et de loisirs !
Un pick-up n’est pas qu’un « simple » véhicule utilitaire. Outre ses aspects pratiques indéniables pour toute une catégorie de professionnels pendant la semaine, un pick-up s’apprécie en effet souvent aussi pour son style et sa polyvalence d’usage le week-end. C’est d’ailleurs pour ça que les séries spéciales dites « lifestyle » au style soigné et à l’équipement haut de gamme s’arrachent souvent dans le segment auprès des professionnels. Mais chez Ford, on va clairement plus loin qu’un simple ajout de chromes ou d’autocollants pour aguicher. Quand on se lance dans une transformation, on n’y va pas avec le dos de la cuillère !
Séance de musculation
Après le Raptor au style bodybuildé d’aventurier, la même recette « intégrale » est appliquée pour ce Ranger MS-RT au typage sportif nettement plus routier. Dès le premier coup d’œil, les amateurs auront les yeux qui pétillent. Sensiblement élargies (+ 8,2 cm), les ailes de ce Ranger pas comme les autres impressionnent. Elles accueillent des grandes jantes de 21 pouces chaussées de pneus taille basse (enfin, taille basse pour un pick-up, on s’entend : 275/45) et posées sur des voies étirées (+ 4 cm).
Queue de canard
La calandre spécifique avec son maillage en nid d’abeilles est tout aussi remarquable. Mais pour tout vous avouer, la petite touche qui nous a encore plus tapée dans l’œil se trouve à l’arrière de ce Ranger MS-RT. Sur le sommet de sa ridelle, on retrouve en effet un petit aileron façon queue de canard, comme la première Porsche 911 Carrera RS 2.7, qui étire sa silhouette. Bon, à nouveau, tout est relatif bien sûr et la comparaison avec la mythique 911 s’arrête là ! Mais apprécions tout de même que MS-RT se soit appliqué à optimiser le style du Ranger depuis sa calandre jusqu’au bout de sa benne !
Plus classiquement, on notera aussi la présence d’une suspension abaissée qui réduit la garde au sol de 4 cm par rapport à un Ranger classique. Pas de quoi empêcher cette version de sortir des sentiers battus en cas de besoin à l’occasion toutefois, on garde encore de la marge par rapport à une voiture de sport traditionnelle !
Plus bas, mais sans marchepied
Cette suspension abaissée assied tout de même aussi le style de ce pick-up, tout en rendant son accès à bord un peu plus aisé. Quoiqu’on se passe, dans ce cas-ci, de marchepieds latéraux. On ne pourra plus les utiliser comme « strapontin » pour grimper à bord comme sur les autres Ranger. On notera d’ailleurs une autre petite différence « pratique » par rapport au Ranger conventionnel : le pare-chocs sport de cette version MS-RT, à l’arrière, n’accueille plus non plus les petites encoches latérales qui permettent de glisser son pied afin d’accéder plus facilement à la benne. Bref, le MS-RT sacrifie de petits détails pratiques sur l’autel du style.
Expérience - Ford Ranger
Renforts latéraux
En revanche, il ne faudra composer avec aucun sacrifice à bord ! Au contraire, le Ranger MS-RT conserve non seulement toutes les qualités appréciées de la dernière génération de Ranger, mais s’offre en sus quelques petits équipements et détails bleus séduisants pour égayer son habitacle. Outre le rappel du point milieu qui vient par exemple orner le sommet du volant, on appréciera tout particulièrement les sièges baquets enveloppants. Les renforts latéraux plus généreusement dimensionnés maintiennent efficacement quand on attaque les virages le couteau entre les dents. Exercice qu’on se plaint à réaliser dès que les conditions le permettent, on y reviendra !
SYNC 4 et dotation de série complète
Mais au-delà de ses surpiqûres bleues et badges MS-RT spécifiques, ce pick-up bodybuildé reste avant tout un Ranger double cabine. On découvre donc une habitabilité généreuse aux places arrière et un tableau de bord moderne. Très moderne, même, pour un pick-up ! Pour rappel, Ford a en effet offert à la dernière génération de son populaire pick-up un cockpit digital configurable ainsi qu’un grand écran tactile central (12 pouces) intégrant son système d’infodivertissement de pointe SYNC 4. Un module qui offre non seulement toutes les fonctions attendues d’un véhicule moderne particulier (Apple CarPlay et Android Auto sans fil ; mises à jour à distance ; etc.), mais s’offre en sus quelques attentions pratiques pour utiliser un pick-up. Comme le système d’éclairage de zones extérieures qui permet de commander via la tablette l’allumage de lampes tout autour du véhicule une fois la nuit tombée. Ou encore l’efficace système de caméra à 360° plutôt bienvenu pour manœuvrer les 5,35 m de long de l’engin dans les endroits réduits. C’est finalement ce « petit détail » qui rappelle d’ailleurs rapidement dans les villes qu’on roule à bord d’un pick-up et non d’une voiture particulière classique…
Conduite - Ford Ranger
Essieu arrière (très) ferme mais…
Enfin, dans le cas de la version MS-RT, un autre détail vient rappeler très rapidement qu’on évolue à bord d’un pick-up : la fermeté de l’essieu arrière ! Car si Ford a réussi à quasiment supprimer le caractère sautillant du postérieur de son Ranger quand il évolue à vide sur sa dernière évolution, le durcissement des suspensions de la version MS-RT le rappelle assez nettement sur les mauvais revêtements. Surtout pour les passagers arrière : « on dirait qu’on est assis sur un cheval au trot » m’a glissé mon passager (de quatre ans) quand on roulait sur une route secondaire en plaques de béton. Je trouve que l’image est assez parlante ! Mais si les raccords latéraux et autres grosses déformations sont répercutés assez sèchement, le confort général reste acceptable sur les routes mieux revêtues.
… train avant (très) mordant !
Mais la bonne nouvelle, c’est que ce sacrifice n’est pas inutile ! Au contraire. Passé entre les mains des spécialistes de M-Sport, le Ranger devient le pick-up le plus précis et le plus plaisant à cravacher de la catégorie. On oublie la direction floue et (très) largement démultipliée des congénères rappelant l’univers du tout-terrain. Ici, on commande une direction plus proche de celle d’un véhicule particulier. Sur les petites routes sinueuses, on se prend alors au jeu de plonger vers la corde et même de freiner pied-gauche comme à bord d’une petite sportive ! Je ne me souviens pas d’avoir déjà été tenté de faire ça à bord d’un pick-up…
Contrairement au Raptor dont l’amortissement et les pneus sont prévus pour galoper sur les terrains difficiles, le Ranger MS-RT se délecte d’une conduite sportive sur la route. On peut freiner nettement plus tard, passer nettement plus vite dans les courbes et aussi réaccélérer sans risquer de ruades intempestives. Avec ses pneus cross, le Raptor est (nettement…) plus coton à conduire rapidement sur les routes. Surtout quand il pleut ! Le Ranger MS-RT, de son côté, change d’appui sans temps mort, vire à plat et conserve surtout une excellente motricité même si on le cravache en mode propulsion.
Cela dit, pour encore plus d’efficacité, on peut bien sûr aussi passer en 4X4 auto puisque le Ranger MS-RT conserve l’excellente transmission à la carte des autres Ranger. Elle permet de rouler en quatre roues motrices aussi sur la route si on le souhaite, contrairement à certains concurrents qui n’offrent cette possibilité que sur des sols meubles.
Pas de mode « Sport »
Dommage, en revanche, que les modes de conduite proposés sur la version MS-RT restent identiques à ceux des autres Ranger (le Raptor a droit à plus de modes). Il manque en tous les cas un mode « sport » qui aurait au moins rendu la boîte de vitesses plus réactive en conduite soutenue. De série, le Ranger MS-RT dispose en effet de la boîte automatique à 10 rapports des autres Ranger. Globalement, elle est efficace et convaincante mais elle aurait pu être un peu plus vive en conduite sportive.
V6 diesel pour tout le monde
Enfin, notons que le Ranger MS-RT n’est pas proposé avec le bouillonnant V6 3.0 l biturbo EcoBoost essence de 292 ch qui reste l’apanage du Raptor. En revanche, contrairement au Raptor qui n’existe qu’en quatre cylindres si on l’envisage en version diesel (2.0 EcoBlue de 210 ch), le Ranger MS-RT conserve un V6 sous son capot. Cette nouvelle version proposée au catalogue est, en effet, uniquement proposée avec le V6 3.0 EcoBlue de 240 ch. On dispose alors de 600 Nm de couple (contre 500 Nm avec le quatre cylindres diesel ou 491 Nm avec le V6 essence) et d’un fonctionnement « rond » particulièrement plaisant. Les performances offertes sont suffisantes pour se faire plaisir et, surtout, on conserve une consommation plus raisonnable qu’avec le Raptor à essence. On peut tabler sur un appétit réel tournant dans ce cas-ci autour des 10l/100 km en conduite quotidienne ou tirant vers les +- 14l/100 km en conduite sportive. On avait relevé nettement plus avec le Raptor sans-plomb dans les mêmes conditions…
1.067 kg et 3.500 kg
Enfin, dernier détail qui a son importance : le Ranger MS-RT conserve exactement les mêmes capacités de charge et de remorquage que les autres Ranger. Contrairement au Raptor dont l’essieu arrière spécifique (à parallélogramme de Watt) ne permet d’embarquer « que » 652 kg et tracter 2.500 kg, le MS-RT peut encore embarquer 1.067 kg dans sa benne et tracter 3.500 kg comme les autres Ranger. Sportif, et pratique !
Budget - Ford Ranger
Prix Ford Ranger MS-RT 2024
Le Ranger MS-RT V6 3.0 EcoBlue est disponible à partir de 58.415 € HTVA. Soit un supplément de 13.000 € HTVA par rapport au Ranger Wildtrak 2.0 EcoBlue. Mais c’est un tarif assez proche de celui du Raptor diesel quatre cylindres affiché à partir de 56.715 € HTVA. Le MS-RT se profile donc comme une alternative intéressante au Raptor diesel grâce à son V6 plus rond, son comportement routier plus efficace et ses capacités de charge/remorquage plus élevées. A titre de comparaison, le Raptor V6 EcoBoost à essence démarre de son côté à 61.615 € HTVA, mais imposera un appétit en sans-plomb qui peut vite grimper.
Enfin, notons que l’équipement de série du Ranger MS-RT est complet. Les options individuelles ou les packs sont rares. Epinglons juste la peinture Conquer Grey spécifique au modèle (800 € HTVA), l’installation audio Bang & Olufsen (320 € HTVA) ; le store cache-bagages électrique (1.800 € HTVA) ou encore le pack Technology (550 €, comprenant l’attelage et la surveillance des angles morts).
Verdict - Ford Ranger
Le Ranger MS-RT se profile comme une alternative intéressante au Raptor pour les clients à la recherche d’un pick-up « charismatique »… mais roulant plus souvent sur les routes qu’en-dehors ! Le Raptor est plus à l’aise dans les grands espaces non asphaltés. Néanmoins, notons que le Ranger Wildtrak 2.0 EcoBlue avance un rapport qualité / prestation / prix plus compétitif pour les clients aux attentes plus rationnelles. Du moins ceux qui n’envisagent pas forcément de sauter d’un virage à l’autre avec le couteau entre les dents à bord de leur pick-up !
