François Piette

13 DÉC 2006

Kia Sorento CRDI : cavalerie renforcée

Le SUV coréen était réputé pour son rapport qualité/prix, mais pas pour la hargne de son moteur. Sous une apparence quasiment inchangée, c'est chose maintenant réparée grâce à un turbo à géométrie variable qui promet 23 chevaux et autant de Nm de plus. L'agrément fait un bond en avant, tout comme, et c'est à regretter, le prix. Il s'agit maintenant de savoir si ce SUV coréen reste toujours une affaire…

Moteur dans le coup ! Ce gros 4 cylindres de 2,5 litres développe maintenant 163 chevaux et 343 Nm à 2.000 tours/minute. Une cavalerie enfin respectable, et qui n'est pas de trop pour mouvoir les plus de deux tonnes à vide. Et sur la route, le turbo à géométrie variable apporte un surcroît de souplesse indéniable, ce qui assure une rondeur de premier aloi au Sorento. Agréablement souple, il n'hésite pas à pousser avec vigueur quand il le faut. Une réussite donc ! Enfin presque, car les chevaux supplémentaires ne sont pas des dromadaires et ils demandent leur rasade de mazout (80 litres tout de même) tous les 650 kilomètres environ. Avec 12,3 l/ 100 km environ de moyenne, ce Kia ne sera donc pas l'engin idéal pour les "economy run". Le deuxième point faible concerne la boîte de vitesse. Manuelle sur notre exemplaire, elle présente un agrément très perfectible avec une commande molle et parfois accrocheuse. Elle ne comporte de plus que 5 vitesses… Si vous cherchez à investir 1.600 € quelque part, pensez donc à la boîte de vitesses automatique optionnelle… Maman les p'tits bateaux… Rien à redire au niveau du confort : les sièges sont agréables et la suspension assez molle… Trop, à vrai dire… Le Sorento tangue, prends du roulis, plonge et se cabre de manière parfois assez surprenante. Les ondulations de la route sont propices à des mouvements de caisse pour le moins désordonnés. Ce qui ne va pas sans lasser les passagers à longue… Tout cela n'entame pas trop le comportement, qui reste sain en toutes circonstances, 4 roues motrices oblige. Même si, évidemment, la conduite sportive n'est naturellement pas à conseiller… La suspension arrière à essieu rigide ne constitue en effet pas ce qu'il se fait de mieux pour taquiner le chrono dans une descente de col de montagne. Reste l'efficacité en tout terrain : à ce sujet, le Sorento bénéficie d'une gamme (vraiment) courte pour les rapports. La transmission s'effectue en conditions normales, aux roues arrière. Si celles-ci perdent de l'adhérence, 50 % du couple peut être transféré vers les roues avant. En pratique, tout cela fonctionne plutôt bien et le Kia affiche de très bonnes aptitudes pour aller vagabonder hors des sentiers battus. Détails bâclés S'il présente plutôt bien, autant extérieurement que dans l'habitacle, le Sorento avoue quelques fautes de goût par endroit. Notamment en ce qui concerne les plastiques, vraiment "cheap". Notre exemplaire était doté de la navigation GPS Kenwood qui ne brille certes pas pour son graphisme ou sa facilité d'utilisation : les touches sont ridiculement petites et changer de station de radio, ou de piste dans le cas d'un CD, ne se fait pas très intuitivement. L'absence de commandes au volant (seules les touches concernant le cruise control ornent le volant) rend la tâche encore plus ardue. Parmi les autres bricoles qui fâchent, on retiendra la clé avec télécommande séparée, l'antenne télescopique (attention aux arbres !) électrique, l'absence de détecteur de pluie ou de phares au xénon, l'ordinateur de bord situé… au plafond et enfin, notons que la poignée de porte arrière droite de notre exemplaire était empreinte d'une velléité d'indépendance… Ces quelques mauvaises notes ne doivent pas gâcher un point fort du modèle, à savoir l'abondance des équipements de série : on retrouve notamment la radio mp3, les capteurs arrière de parking, la sellerie cuir (noire de série, pour le beige, c'est option), l'air conditionné automatique bi-zone, l'allumage automatique des phares, les jantes en alliage de 17 pouces, le cruise control, les rétroviseurs rabattables électriquement,… Au rayon des options, on notera la boîte automatique (1.600 €), la peinture métallisée (400 €) et le toit ouvrant (650 €). Mieux vaut donc oublier le GPS à 2.400 € et opter pour un élément amovible. Vendu dans sa version Executive à 37.990 €, le Sorento est donc devenu sensiblement plus cher que ses concurrents : le Hyundai Terracan (2.9 l, 163 chevaux) GLS S coûte 33.999 €, le Jeep Cherokee (34.000 € dans sa version haut de gamme, 2.8 l, 163 chevaux et boîte 6 !) et le Hyundai Santa FE (2.2 l, 150 chevaux) affiché à 33.999 dans sa version Executive. Conclusion Ce nouveau moteur présente sans conteste un agrément d'utilisation convainquant. Le Sorento reste toujours ce SUV très bien équipé, confortable et présentant de bonnes capacités en tout terrain. Malheureusement, s'il se montre plus performant, il le fait au travers d'une boîte manuelle sans âme et en échange d'un prix qui s'est envolé. Et à ce tarif, on aurait pu espérer une suspension mieux accordée…
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