On parle de plus en plus de la disparition des équipes Minardi et Arrows, mais pourquoi ? L’histoire de la F1 est faite de passion, d’amateurs, de plaisir, d’artisanat. Mais que reste t’il de tout cela à l’heure actuelle ? La formule un est-elle condamnée à devenir un business ? La vitrine technologique qu ‘est ce sport se transforme t’il en galerie d’exposition pour les grands constructeurs ? C’est à voir …
10 ans, cela parait long mais ce n’est pas si lointain. En 1992, Nigel Mansell remporte le championnat sur Williams. Cette année là, des équipes comme Tyrrel, Venturi, Lotus, Footwork ou encore Brabham participent à l’intégralité du championnat. Ces petites équipes n’avaient presque aucun budget, elles subsistaient tant bien que mal grâce à des ingénieurs passionnés, qui passaient leurs nuits à travailler sur la voiture, mais elles étaient là ! Que reste-t-il de cette passion, de cet artisanat ?
En quelques années, le nombre d’équipes rachetées par un grand constructeur est impressionnant. Stewart devient Ford, Benetton est racheté par Renault, Tyrrel est reprit par BAR qui est en fait dirigé par Honda et Toyota a racheté la place libre encore laissée vacante. Mais au niveau des moteurs, les grands constructeurs ont encore plus de pouvoir. BMW à imposer son nom aux côtés de Williams, Mercedes est maître chez McLaren, Honda domine chez BAR et Jordan, … La seule équipe actuelle qui ne soit pas sous la main mise d’un grand constructeur est Minardi. Les moteurs de la « petite Scudéria » sont fournis gratuitement par Asiatech, un groupe financier occulte qui désire posséder sa propre équipe d’ici deux ou trois ans.
Mais la problématique réside dans le fait que les gros groupes financiers qui investissent dans la F1 ont des ressources presque illimitées et que les petites écuries n’ont pas les moyens de contrer ces assauts. Pourtant le savoir-faire est là ! L’exemple le plus flagrant de la saison 2002 est la comparaison entre les équipes Arrows et Jaguar. L'écurie jaguar est en fait financée par Ford, le géant américain de l’automobile. Depuis le début de cette saison, Arrows achète et utilise les mêmes moteurs que Jaguar, qui sont fabriqués par une filiale de Ford : Cosworth. Arrows possède le deuxième plus petit budget en F1, juste devant Minardi et doit en plus payer les moteurs Ford. Jaguar possède un compte en banque inépuisable, reçoit ses moteurs gratuitement et a engagé les ingénieurs les plus réputés. Constat à la mi-saison : Arrows est presque toujours devant jaguar en qualification alors que les verts pataugent dans des problèmes politiques interne. Mais voilà, Arrows risque de disparaître à la fin de cette saison, tout comme Minardi, suivant l’exemple de Prost grand prix l’année dernière.
Les industries arrivant avec leurs millions de dollars, leurs bureaux d’étude, leur prestige et leur suffisance mais traînent les pieds dans des problèmes de politique interne, de conflit d’influence. Elles clament que Bernie gère mal les finances de la F1 et lui réclament plus de bénéfices ! Les résultats récoltés par BAR et Jaguar sont éloquents !
Quand on lui parle de la disparition de deux équipes pour 2003, Bernie propose la solution, sa solution ! Il déclare que les équipes pourraient engager 4 voitures en course au lieu de deux. Si 4 Ferrari, 4 Williams, 4 McLaren et 4 Renault se trouvent sur la grille, y a t’il encore une chance de voir un Sauber ou une Jordan dans les points ? Après avoir détruit les petites écuries, la F1 va-t-elle éliminer aussi les moyennes équipes ?
Max Mosley a lui aussi proposé une solution, plus rationnelle mais comportant aussi de graves problèmes. Le président de la FIA déclare que l’on pourrait permettre aux grandes équipes de revendre leur matériel en fin de saison. Minardi pourrait utiliser les suspensions Williams de l’année précédente, sans être obligée de produire les siennes et donc devoir supporter un coût de fabrication pour la voiture bien moins élevé. Si ce procédé réduirait les frais, il creuserait encore un peu plus l’écart entre les grands et les petits, et donc reléguer définitivement les moins bien lotis à un rôle de figurant.
Personne ne possède de solution miracle à ce problème, mais tout le monde souhaite faire quelque chose. Voir certains gaspiller des sommes considérables alors que d’autres travaillent dur et efficacement mais sans obtenir de résultat à quelque chose de malsain. Reverrons-nous un jour un championnat où les meilleurs gagnent ?
Hugues renard
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