François Piette

22 OCT 2013

Bourgeoise en survêt !

« Bonnes manières et mauvaises mœurs : un grand bourgeois ! » disait Françoise Chandernagor. La 208, petite bourgeoise de la famille Peugeot, aurait-elle les mœurs légères, en se déclinant en GTi ? Voyons voir si la sportivité affichée n’a pas eu raison de ses bonnes manières…

Gamin, j’en rêvais !

Petit, je bavais devant une 205 GTI noire… Elle appartenait à un monsieur assez âgé, habitant la même rue que mes parents. J’en étais dingue ! Depuis ses petits sigles rouges à ses jantes alliage, en passant par l’habitacle mariant avec élégance le rouge et le noir, elle représentait pour moi, le graal absolu ! Les années ont passé, mais Peugeot a ressorti le mythe du musée ! La 208 GTi joue de l’effet nostalgique pour séduire les gamins des années 80… Comme moi ! D’autant que, comme l’originale, elle n’est disponible qu’en 3 portes avec une boîte manuelle ! Bon sang ne saurait mentir…

Des signes qui ne trompent pas…

Et elle a fière allure, cette 208 GTi ! Le petit logo de custode chromé, les jantes spécifiques, les liserés rouges… Tout l’attirail y est ! Dans l’habitacle, le charme opère encore et toujours : petit volant gainé de cuir, surpiqûres rouges disséminées un peu partout, inserts de cuir sur le tableau de bord, pommeau de levier de vitesse et pédalier en alu… Bref, je ne sais pas vous, mais moi, je suis conquis ! D’autant que, contrairement à ses fougueuses rivales Fiesta ST et Clio RS, la finition est ici, bel et bien au rendez-vous ! A quelques détails près, ceci dit…

Une position de conduite à apprivoiser

Une fois installé au volant, je me retrouve à de nouveau pester contre la nouvelle position de conduite de la marque, avec le volant quasi entre les genoux ! Que le volant soit petit ne pose pas tant problème, mais qu’il soit installé si bas, ça, en revanche, c’en est un, de problème ! Quant au combiné d’instrumentation, il viendra soit se caler pile sous votre regard… Soit se dissimuler derrière le volant, au choix, selon votre taille et votre position de conduite !

Un petit tour de clé…

…Pour réveiller le moteur ! A savoir en l’occurrence, le bien connu 1.6 THP, dans sa version à 200 chevaux. La reviviscence mécanique n’a toutefois rien de tonitruante… Fade et sans grande inspiration, la sonorité déçoit. Un petit coup de gaz pour voir, ou plutôt entendre, et non, c’est rond et assez grave, mais ça n’envoûte pas.

Une raison à cela : l’étroitesse du compartiment moteur à obliger les ingénieurs à se passer du « résonateur », amplifiant les bruits d’admission. En contrepartie, ils ont peaufiné l’échappement, mais rien n’à faire, la 208 GTi semble bien timide face aux aboiements de la Fiesta ST et aux explosions sourdes de la Clio RS.

Tout se passe pour le mieux…

Ce qui est sûr, c’est que les bonnes manières ne sont pas perdues ! Cette petite balade urbaine a le mérite de révéler une 208 GTi aussi confortable et reposante que ses petites sœurs mazoutées. Le moteur silencieux, la suspension tolérante, l’excellente stéréo JBL, rien ne vient perturber le bien-être de l’équipage. Un peu trop sage tout ça ?

Fureur de vivre !

Engageons-nous sur un itinéraire plus typé « GTI » pour voir ce que la belle a dans le ventre… Pédale de droite enfoncée, le 4 cylindres s’envole dans les tours et affiche une santé épatante ! J’enquille les rapports, mais la boîte un brin accrocheuse ne semble pas trop apprécier les passages à la volée. Longue courbe rapide en vue : je soulage légèrement, inscris le museau et renvoie la pédale au plancher. La 208 ne bronche pas, se soude sur sa trajectoire et bondit à l’assaut de la ligne droite suivante !

Pas drôle ?

Attention, virage serré en approche : je plonge sur les freins qui ralentissent puissamment la voiture. D’un petit mouvement sec, je pointe le train avant vers la corde, toujours sur les freins. Je m’attends à une dérobade du train arrière mais… rien ! Celui-ci est vissé au tarmac et suit gentiment.

Au virage suivant, je m’encanaille avec un petit lever de pied au beau milieu de la courbe, pour voir, et ça consent à gentiment enrouler, là derrière… Sans plus. Pas drôle ! La 208 GTi n’a pas le tempérament aussi joueur qu’une Clio RS, voire qu’une Fiesta ST. Mais question efficacité, rien à redire, mon général !

Mais ça va fort !

Tarmac bosselé en vue : toujours aussi inébranlable, la 208 GTi avale le tout sans frémir. Les routes belges ? Même pas peur ! Non seulement l’amortissement maintient constamment le contact entre les roues et le sol, mais en plus, le confort reste assuré ! Et sur ce dernier point, une Fiesta ST ne peut en dire autant.

Au fil des virages, voire des journées passées en sa compagnie, on finit par l’apprécier à sa juste valeur. Non, elle n’est pas la plus drôle à conduire, mais sa folle polyvalence et sa rigueur la rendent aisément maîtrisable par n’importe qui. Et croyez-moi sur parole : elle va fort. Très fort ! Même si elle ne gigote pas du popotin !

Budget

Située à mi-chemin entre la très bon marché Fiesta ST et l’onéreuse Clio RS, la 208 GTI réclame 23.535 €. Une somme qui comprend le régulateur/limiteur de vitesse, la climatisation automatique, les jantes alliage de 17 pouces, les rétroviseurs chauffants…

La consommation se sera cantonnée sous les 8 l/100 km. Un constat raisonnable, d’autant que Peugeot annonce 139 g CO2/km.

Conclusion

Beaucoup d’encre a coulé au sujet de cette 208 GTi. La plupart de mes confrères regrettent son caractère assagi, notamment face à ses pétulantes rivales et… son ancêtre, la 205 GTI. Pour ma part, je reste convaincu qu’il s’agit d’une excellente bombinette des temps modernes. Connectée avec sa tablette, confortable au quotidien, bien finie pour madame, elle se révèle également très rapide lorsque les virages se présentent. Non, elle n’y joint pas la fantaisie d’un tempérament survireur, mais l’efficacité est là. Quels que soient la météo, l’état de la route ou… les compétences du pilote. Au quotidien, la 208 GTi tire donc son épingle du jeu… Car on ne roule pas constamment sur des spéciales de rallye, fermées à la circulation !

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