François Piette

22 MAR 2007

Forte en gueule

La politique commerciale de Dodge est limpide : proposer des voitures à l’esthétique très affirmée en guise d’alternative aux standards européens habituels. Mais que se cache-t-il derrière cette allure musclée ?

Si vous voulez passer inaperçu, n’achetez pas une Dodge. Et surtout pas une Nitro ! A ses côtés, même une Jeep Cherokee (dont elle est pourtant dérivée), ressemble à un lapin de six semaines. Pourtant, les dimensions de cette américaine ne sont pas extravagantes : 4,58 m de long, on est bien loin d’un Audi Q7 ou d’une Mercedes GL. Mais la Nitro a soigné son look. Les plus réservés diront ostentatoire, les autres parleront d’extravagance. Et franchement, c’est plutôt réussi. C’est évidemment de l’avant que la Nitro en jette le plus. Impossible de la rater si elle pointe le bout de son nez (que dire, de son mufle !) dans le rétroviseur. Avec ses allures de « truck » américain, elle joue à fond la carte de l’exotisme. Les passages de roues sont généreusement bodybuildés et la ceinture de caisse monte si haut que les fenêtres prennent des allures de meurtrières. Les énormes jantes, dont la dimension peut atteindre 20 pouces, accentuent encore cette impression. Finalement, seule la partie arrière ne coupe pas le souffle de celui qui la regarde. Mal installé Dans le cas de cette Nitro, le terme « grimper » à bord convient parfaitement, mais une fois installé derrière le volant, c’est la déception. Pourquoi ? Tout simplement parce que la position de conduite est mauvaise, et ce aussi bien pour les petits que pour les grands. Le volant n’est réglable qu’en hauteur (pas en profondeur), et le siège ne descend pas suffisamment bas. Du coup, avec le toit ouvrant, j’avais pratiquement la tête dans le toit. Un comble pour une voiture à architecture haute. Mauvais point aussi pour le pédalier, repoussé vers la gauche en raison de la proéminence du couloir de transmission. Visiblement, l’espace a été conçu pour accueillir les deux pédales d’une version automatique, ce qui pose problème lorsqu’il faut y ajouter un embrayage. Du coup, le repose-pied passe à la trappe. A l’arrière, l’espace pour les jambes ne manque pas, mais il est par contre impossible de glisser correctement ses pieds sous les assises des sièges avant. Mais la Nitro a d’autres atouts, à commencer par le siège passager avant qui se rabat à plat. Dans le coffre, dont le volume varie de 369 à 1.994 litres une fois la banquette (60/40) rabattue, on peut également opter (Nitro SXT et R/T) pour un très pratique plateau de chargement coulissant sur 45 cm et pouvant supporter jusqu’à 181 kilos. Anti-taches Mais en tant que père de famille, je dois bien vous avouer que ce qui m’a le plus séduit concerne le tissu YES Essentials. Antimicrobien, antisalissures et facile à nettoyer, il empêche l’apparition des taches, des odeurs et évite la décoloration des sièges. Génial ! Côté équipements, la Nitro peut s’offrir un système multimédia (baptisé MyGIG) particulièrement sophistiqué. Outre le vaste écran tactile motorisé, ce système utilise un disque dur de 20 GO permettant d’enregistrer jusqu’à 1.600 chansons. On peut également personnaliser le fond d’écran avec ses propres photos, et il est possible de visionner des films, mais uniquement à l’arrêt. GPS, MP3 et Bluetooth sont bien évidemment de la partie. Tout-terrain limité Dérivée de la Cherokee, la Nitro est une propulsion qu’il est possible de bloquer en mode 4x4. Mais attention : amateurs de franchissement et de off-road pur et dur, passez votre chemin. La Nitro ne propose pas de réducteur de boîte, et encore moins de blocage de différentiel. De plus, l’ESP n’est pas déconnectable (il existe bien un bouton « off », mais il se rebranche automatiquement à la moindre dérobade), ce qui limite fortement son utilisation en terrain meuble. Enfin, le spoiler type « ramasse miettes » limite la garde au sol et l’angle d’attaque. Vous l’aurez donc compris, il s’agit d’un 4x4 pour aller au sport d’hiver, pas pour participer au Camel Trophy. En Belgique, il est d’ailleurs possible d’opter pour une version strictement à roues motrices. Sous le capot, Dodge propose trois moteurs, mais l’importateur belge n’en a retenu (à juste titre) que deux : le 2.8 CRD et le 4.0 V6. Nous avons comme il se doit jeté notre dévolu sur le premier, qui représentera la quasi-totalité des ventes. Il s’agit d’un quatre cylindres construit par l’italien VM pour le compte de Dodge. Disponible en combinaison avec une boîte manuelle à 6 vitesses ou une transmission automatique à 5 rapports, il développe 177 chevaux et un couple de 460 Nm. Plutôt « agricole », il n’a pas l’onctuosité d’un 6 cylindres CDi Mercedes, mais convient finalement parfaitement au caractère de la Nitro. Souple et disponible, il offre des relances correctes, mais se montre trop bruyant à vitesse stabilisée sur autoroute. Quant à sa consommation, elle est annoncée pour 8,6 l/100 km en moyenne, ce qui ne semble pas très réaliste puisque nous étions au-delà de 10l/100 km lors de notre essai. Un mot enfin sur le comportement routier, conforme à ce que l’on peut attendre d’un véhicule de ce genre. Les débattements de suspension sont importants, et il convient de faire attention sur les ondulations abordées à vitesse élevée. Mais dans l’ensemble, la Nitro donne satisfaction tant qu’on l’utilise à bon escient.
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