Jean-Francois Christiaens

24 DÉC 2018

Modèle oublié : DB HBR5, éclipsé par l’Alpine ?

Dans la France des années 50 et 60, les moyens financiers sont limités, contrairement à la créativité ! Et avec l’arrivée du plastique facile à mouler, nombreux seront les petits artisans à vouloir se faire une place au soleil sur le segment doré des sportives…

DB, Alpine, CG, Sovam, Marathon… A l’exception d’Alpine, tous ces constructeurs ont disparu de la scène quasiment aussi vite qu’ils n’y sont apparus. Dans la plupart des cas, la recette est la même : une carrosserie suggestive en plastique, un moteur gonflé issu de la grande série, deux places et une masse totale maintenue au plus bas.

Deux copains que tout oppose

DB (acronyme de Deutsch-Bonnet), c’est d’abord et avant tout, l’histoire de deux gaillards que tout oppose, mais réunis par une cause commune. Charles Deutsch est un brillant ingénieur, féru de chiffres, mais d’une grande discrétion. René Bonnet, lui, est tout son opposé : plus flamboyant, pilote à ses heures, il a le caractère bien trempé et est doté d’un talent brut. Unis par une belle amitié, ces deux compères fondent au lendemain de la guerre une firme qui portera haut les couleurs françaises en compétition.

Un petit cœur sportif !

Après s’être essayé au moteur Citroën, Deutsch et Bonnet toquent à la porte de la maison Panhard pour motoriser leur nouveau bolide avec le petit bicylindre à plat de la marque doyenne. Un moteur de petite cylindrée, refroidi par air, capricieux et pétaradant, mais dont la puissance spécifique de 50 ch/litre (invraisemblable pour l’époque) le rendait impitoyable dans sa catégorie en compétition ! Un premier modèle est né en 1952, suivi en 1954 par un modèle ambitieux : l’HBR5, un nom faisant référence à un code sportif.

Détails techniques

D’un point de vue technique, l’HBR 5 est un festival avant-gardiste : châssis-poutre avec carrosserie en plastique, traction avant (détail insolite pour une sportive de cette époque), moteur à haut rendement et chambres de combustion hémisphériques, phares pivotants, le tout avec une masse contenue de moins de… 600 kg ! Rapidement engagé en compétition, le DB HBR5 récolte facilement ses premières victoires, écrasant sa classe de cylindrée (750 cm³). Par la suite, le modèle évolue, les phares deviennent fixes et sous globes, alors que DB propose un moteur de 850 cm³ et 50 chevaux.

Le divorce

En 1960, une version surbaissée au bicylindre hyper tonifié (954 cm³, 2 carbus double corps et 75 chevaux) fait son apparition. Mais la concurrence sur le marché est extrêmement rude et seuls 10 exemplaires seront produits. La suite est moins glorieuse : René Bonnet veut un plus gros moteur pour affronter la concurrence, alors que Charles Deutsch désire rester fidèle au bicylindre Panhard. Le divorce est inéluctable, le premier donnera naissance à la René Bonnet Djet, le second à la Panhard CD.

Aujourd’hui

Trouver un DB HBR5 n’est pas chose aisée, car environ 660 exemplaires furent produits. La cote est assez variable, de 30.000 € pour un modèle à revoir à 130.000 € pour un rarissime coach surbaissé. Dans tous les cas, sachez que si les pièces se trouvent en France pour la partie mécanique, elle demande des soins réguliers et d’une très grande précision. La fiabilité est à ce prix, mais n’atteindra jamais celle d’une Alpine ou d’un CG. En revanche, vous serez le bienvenu dans toutes les grandes manifestations, avec une voiture éligible partout et dotée d’un pedigree, d’une élégance et d’une exclusivité certaine. Sans compter son agilité stupéfiante pour l’époque…
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