Stellantis a dévoilé ses résultats financiers (provisoires) pour la première moitié de 2025. Et ils sont loin d’être encourageants : au cours des six premiers mois de l’année, l’entreprise a essuyé une perte de 2,3 milliards d’euros ! La cause ? Le groupe cite les droits de douane américains, mais pas uniquement. Le nouveau CEO, Antonio Filosa, pourra-t-il redresser la barre ?
Les chiffres du premier semestre 2025 sont dans le rouge foncé pour Stellantis : un chiffre d’affaires de 74,3 milliards d’euros (soit une baisse de 12,5 % par rapport à la même période en 2024) et une perte nette de 2,3 milliards d’euros. Fait stupéfiant, sur la même période l’année dernière, le groupe affichait encore un bénéfice de 5,6 milliards !
La principale raison ? La baisse des ventes en Amérique du Nord et en Europe. Au deuxième trimestre de 2025, 1.447.000 véhicules ont été vendus à l’échelle mondiale, soit une chute de 6 %. En Europe, la baisse a été similaire. Mais c’est surtout en Amérique du Nord que les résultats sont catastrophiques : seulement 322.000 véhicules y ont été écoulés, contre 431.000 l’an dernier, soit une chute vertigineuse de 25 % !
Les droits de douane américains : un casse-tête croissant pour le restant de l’année
Les droits de douane imposés par les États-Unis y sont évidemment pour quelque chose. Stellantis estime avoir payé 300 millions d’euros de taxes rien qu’au cours du premier semestre 2025… Alors qu’ils ne sont en vigueur que depuis avril ! Il y a donc fort à parier que ces taxes coûteront encore plus cher au second semestre (potentiellement deux à trois fois plus), sauf si l’administration Trump décide de les assouplir.

Tavares est-il allé trop loin ?
Mais ce sont surtout les mesures d’austérité imposées par l’ancien CEO, Carlos Tavares, évincé fin 2024, qui semblent poser problème. Si elles ont dans un premier temps permis d’enregistrer des bénéfices exceptionnels, il est vite apparu que l’accent mis sur l’électrification à tout prix et l’obligation pour les marques de partager leurs composants n’étaient pas du goût des clients.
C’est en Amérique du Nord que Stellantis a encaissé les plus gros revers. Le groupe y a laissé des marques emblématiques comme Chrysler et Dodge s’étioler. Et son plus grand succès, la version de base du pick-up RAM avec V8 « HEMI », a été sacrifiée au profit d’un nouveau moteur six cylindres turbo.

Un défi de taille pour le nouveau CEO
Les équipes nord-américaines de Stellantis attendent beaucoup de l’arrivée du nouveau CEO, Antonio Filosa. Ancien dirigeant de Stellantis North America, il devrait logiquement accorder davantage d’attention aux marques américaines du groupe. Les premières décisions ont déjà été prises : le RAM 1500 récupère son V8 HEMI, et la division SRT de Dodge – à qui l’on doit des modèles comme la Challenger Demon – fait son retour. Des mesures qui ne font rien pour la neutralité carbone du constructeur, mais ce n’est pas la priorité de la clientèle américaine !
Et en Europe ? Le groupe va également se recentrer sur des modèles thermiques abordables, à commencer par la Fiat 500 Hybrid, une version essence de la 500e initialement lancée en version 100 % électrique. En revanche, le projet hydrogène du groupe, qui visait à produire des utilitaires à pile à combustible pour Peugeot, Citroën, Fiat et Opel, a été abandonné pour des raisons d’économie.
Reste à savoir si cela suffira. Et ce qu’il adviendra des marques en difficulté comme Maserati, Chrysler, ou même Lancia, récemment relancée…