En février dernier, Stellantis annonçait encore avec une certaine fierté STLA AutoDrive, sa technologie de conduite autonome. Celle-ci devait permettre de laisser la voiture se déplacer toute seule jusqu’à 60 km/h, sans garder les yeux sur la route ! Dans le jargon, c’est ce que l’on appelle la conduite autonome de niveau 3. Plus tard, cette vitesse aurait pu être portée à 95 km/h, avec même la possibilité de conduite tout-terrain autonome. Mais aujourd’hui, à peine six mois plus tard, Reuters rapporte que cette technologie serait déjà abandonnée. La raison officielle ? Un manque de demande. Mais il pourrait y avoir d’autres raisons…
Selon plusieurs sources anonymes citées par Reuters, Stellantis aurait décidé de ne pas lancer STLA AutoDrive pour l’instant. La justification officielle est la suivante : « Pour le moment, la demande du marché est limitée, ce qui explique que la technologie n’ait pas été commercialisée. Mais elle est prête à être utilisée et déployée », a déclaré un porte-parole du groupe automobile. D’après ces mêmes sources toutefois, ce lancement ne devrait jamais avoir lieu.
Un investissement colossal pour… rien ?
Avec cette annulation, c’est aussi un investissement massif qui s’évapore. Stellantis travaillait déjà sur AutoDrive depuis au moins 2021 et avait racheté en 2022 aiMotive, une start-up hongroise spécialisée dans les technologies de conduite autonome basées sur des systèmes de caméras et des logiciels IA. Ce rachat aurait coûté environ 300 millions de dollars (257 millions d’euros) ! Et cela ne comprend évidemment pas les investissements internes, que ce soit en temps ou en argent…

Des problèmes dans le développement du logiciel ?
Il est toutefois possible que le logiciel AutoDrive ne soit pas aussi prêt que Stellantis le laisse entendre... Ce système de conduite autonome fait partie d’un triptyque de nouvelles technologies baptisé STLA ABC. Les deux autres composantes sont SmartCockpit, la prochaine génération de logiciels embarqués, et STLA Brain, la technologie informatique qui les fait tourner. Or, SmartCockpit a déjà connu quelques déboires : Stellantis avait commencé à le développer en partenariat avec Amazon, mais cette collaboration a pris fin plus tôt cette année. Le groupe prévoit désormais de bâtir un système basé sur Android, à l’image de Volvo, Polestar ou Renault.

Une décision surtout stratégique ?
Il se peut donc que Stellantis ait découvert en interne que STLA AutoDrive n’était pas en mesure d’atteindre le niveau de sécurité requis pour être intégré à des voitures de série ! Mais il pourrait aussi y avoir une dimension plus idéologique : STLA ABC et AutoDrive étaient des projets portés par l’ancien CEO Carlos Tavares. Désormais, c’est Antonio Filosa qui est aux commandes, avec pour mission de décider dans quels domaines l’entreprise doit investir davantage et où les économies doivent être réalisées. Le développement de logiciels et de technologies maison pourrait donc bien passer à la trappe ! Notez que la stratégie de Filosa ne sera toutefois pas dévoilée officiellement avant début 2026. C’est peut-être à ce moment-là que nous en saurons plus sur le sort réservé à AutoDrive…