On était à deux doigts de vivre un véritable séisme. Imaginez plutôt : une Jeep deux roues motrices ! Mais cette version de la Compass restera de l’autre côté de l’Atlantique, le constructeur ayant décidé de nous proposer exclusivement la version 4x4. Mais la Compass est belle et bien, à la base, un véhicule doté d’une transmission aux roues avant et aux suspensions entièrement indépendantes. Cela n’a rien d’étonnant puisqu’elle est construite sur la même plate-forme que la Dodge Caliber. Les deux voitures sortent de la même chaîne de montage, à Belvidere dans l’Illinois. Cette unité de production est capable de construire sur une seule ligne trois modèles (la Jeep Patriot viendra s’ajouter d’ici peu). Et les économies d’échelle sont énormes puisque le coût de production de la Compass se limite à 15% seulement de l’investissement initial. Mais revenons à notre mouton : la Compass. Chez Jeep, le design est clairement scindé en deux orientations : Jeep Classic et Jeep Modern. La Compass fait assurément partie de la deuxième, avec ses allures de « SUV des villes ». On est loin du look radical, des lignes coupées à la serpe, comme celles de la nouvelle Commander, par exemple. Davantage encore que la Cherokee, la Compass se veut douce et bien dans l’air du temps, taillée pour affronter les leaders du segment des SUV compacts que sont le Toyota Rav-4 et le Hyundai Tucson. Jeep ne pouvait naturellement pas être absent d’un marché (celui des SUV compacts) qui devrait passer d’un volume d’environ 344.000 unités en 2005 à 400.000 unités en 2010. Un look au parfum de compromis Alors, elle ressemble à quoi cette nouvelle Jeep ? Eh bien, de l’avant, à une Jeep. Le constructeur a en effet voulu conserver les traits de caractères de la marque, avec les éternels phares ronds et la mythique calandre à sept ouïes. Les passages de roues de forme trapézoïdale sont également typiques, mais pour le reste… c’est la révolution. Le pare-brise est incliné comme jamais il ne l’a été sur une Jeep et les optiques arrière semblent directement empruntées à une… Skoda Octavia Combi. Les poignées de portes arrière sont intégrés dans les montants, mais restent proéminentes. Quant à la garde au sol, elle est tout de même de 20 cm, ce qui sous-entend que la Compass peut faire autre chose que se garer sur les trottoirs de l’avenue Louise. Pratique, mais peu flatteur On vous l’a dit : Dodge Caliber et Jeep Compass sortent de la même usine. Et vous, vous aurez l’impression d’entrer dans la même voiture… Différence notoire tout de même, on est assis 5,1 cm plus haut dans le Jeep que dans la Dodge. Mais pour le reste, les cousines sont très proches. On retrouve notamment l’accoudoir central coulissant équipé d’un présentoir pivotant pouvant accueillir un lecteur MP3 ou un téléphone portable. Le problème c’est qu’une petite étiquette stipule qu’on ne peut pas le laisser ouvert en roulant pour des raisons de sécurité en cas de choc… Les deux haut-parleurs articulés intégrés au hayon (pour le pique-nique sur la plage) sont également de la partie, mais en option. La qualité des plastiques est également de la même qualité que dans la Caliber, c'est-à-dire médiocre. Mais si on peut passer l’éponge sur ce plan à la Dodge en raison de son prix hyper-compétitif, ce n’est pas le cas de la Compass dont les tarifs sont comparables à ceux de la concurrence. Par contre, Jeep a eu la bonne idée de recouvrir le plancher du coffre d’une surface lavable amovible. Pratique aussi, le dossier du siège passager avant qui se replie en portefeuille pour le transport d’objets longs. Excellente idée enfin que cette lampe de poche à LED intégrée au ciel de toit, et qui se recharge automatiquement. Merci Volkswagen Dans les entrailles de la Compass, on retrouve deux motorisations. Passons rapidement sur le 2,4 litres essence qui, même s’il est disponible avec une transmission CVT moderne, ne risque pas de trouver beaucoup d’acheteurs. La seconde offre est, comme pour la Caliber, composée du moteur 2 litres turbodiesel acheté chez Volkswagen. La chanson est donc connue : couple omniprésent et sensation de franche accélération grâce à la technologie des injecteurs-pompe, mais aussi vibrations parfois mal maîtrisées et niveau sonore un peu élevé. Quoi qu’il en soit, la Compass 2.0 CRD est la première Jeep de l’histoire à être capable de consommer moins de 7 l/100 km, d’autant qu’elle est équipée d’une boîte mécanique à six rapports. Du bitume à la boue Côté transmission, on a droit au système « Freedom Drive I ». Il s’agit d’une transmission intégrale permanente active disposant d’un accouplement central verrouillable qui permet d’évoluer en mode « lock », idéal dans la neige ou le sable. En utilisation normale, le système transmet le couple aux roues arrière par le biais d’un double embrayage en fonction de la vitesse du véhicule, du rayon de braquage et du taux de patinage des roues avant. Ce n’est désormais plus un secret : la Compass n’a rien d’une franchisseuse, mais elle reste tout de même une Jeep. La garde au sol de 20 cm et les différents angles d’attaque lui permettent d’appréhender sans crainte les escapades hors du bitume. Les bourbiers desquels nous nous sommes sortis dans la forêt suédoise sont là pour en témoigner.