Pour ce qu’il apparaît clairement pionnier dans le domaine
de l’hybridation, le groupe japonais Toyota semble plutôt parait réfractaire à
la technologie hybride rechargeable. Ne cherchez pas : chez Lexus, aucun
modèle n’accepte de recharger ses batteries sur le réseau. Et l’offre n’est pas
beaucoup plus vaste chez Toyota. Seule la pionnière, Prius, accepte depuis deux
générations de se prêter à l’exercice. Et c’est tout. Du moins pour le moment…
Du bout des lèvres…
Contrairement à la précédente génération de Prius qui n’avait
accepté de se muer en hybride rechargeable que du bout des lèvres, la quatrième
du nom accepte de plus nombreuses modifications. Pour rappel, moyennant un
supplément de coût de plus de 7.000€ par rapport à une Prius classique, la
précédente génération hybride rechargeable ne proposait un rayon d’action 100%
électrique que d’une vingtaine de kilomètres à la vitesse maximale de 85 km/h. On
devine, dès le premier regard, qu’il va en être autrement avec cette nouvelle
génération !
… au toit solaire !
La mutation de Prius à Prius plug-in saute cette fois aux
yeux ! Il n’est plus simplement question d’ajouter un portillon
supplémentaire destiné à la recharge. La Prius rechargeable s’offre une
identité stylistique tout à fait personnelle. On aime, ou pas. Mais, en tous
les cas, ses petits phares LED à l’avant et le double bosselage de sa lunette
arrière lui assurent un charisme indéniable ! Cerise sur le gâteau :
on peut même s’offrir un toit couvert de cellules photovoltaïques pour s’assurer
entre 3 et 5 km d’autonomie électrique supplémentaire les jours de soleil !
63 km
Officiellement, le rayon d’action 100% électrique de la
Prius rechargeable atteint dorénavant 63 km. Il faut dire que Toyota lui offre
cette fois une batterie capable de stocker 8,8 kWh. Ce qui représente une
augmentation de… 100% par rapport à la précédente Prius rechargeable ! On
apprécie d’autant plus cette augmentation quand on sait que dans le même temps,
l’encombrement du pack n’a évolué que de 66% et son poids de 50%. Dans la
pratique, on peut tabler sur une bonne cinquantaine de kilomètres en mode électrique.
Notons également que le système de pompe à chaleur intégré
permet ici de rouler en mode électrique même en hiver sans que le moteur
thermique ne soit appelé à la rescousse pour chauffer l’habitacle contrairement
à certains modèles hybrides rechargeables concurrents.
Astuce d’ingénieur !
Autre bonne nouvelle : cette fois, plus question de
ronger son freins sur les relances ou de rester sous la barre des 85 km/h quand
on évolue en mode 100% électrique. En plus d’étendre sensiblement son rayon d’action,
l’équipe chargée du développement de la deuxième génération de Prius plug-in s’est
attelée à lui offrir plus de muscle en mode électrique. Comment ? Grâce à
une astuce d’ingénieur !
Concrètement, la Prius rechargeable peut dorénavant compter
tant sur le moteur électrique de la Prius classique que sur la machine
électrique servant généralement de générateur pour évoluer en mode « zéro
émission ». En pratique, on se retrouve avec 68 kW (92 ch) disponibles
sous le pied droit en mode électrique contre 53 kW (72 ch) sur une Prius
classique.
1l/100km
Autrement dit : on peut dorénavant évoluer jusqu’à 135
km/h en mode 100% électrique et accélérer plus franchement lors des démarrages
pour évoluer dans le trafic sans réveiller le bloc thermique. Ce dernier, le
1.8l hérité de la Prius classique, développe toujours 92 ch. Au total, pour les
dépassements on dispose toujours de 122 ch en puissance cumulée (thermique + électrique).
Les performances baissent donc par rapport à la Prius classique environ 180 kg
moins lourde. Mais elles restent « honorables » pour une
voiture dont la consommation officielle descend à seulement 1l/100km : 0 à
100 km/h en 11,2 s et vitesse de pointe de 162 km/h.
Concessions
Cette montée en force de la partie électrique ne se fait
toutefois pas sans concession. Malgré son porte-à-faux sensiblement étiré (+10,5
cm), la Prius rechargeable voit notamment son volume de coffre fondre dans l’aventure.
Sous le (un peu cheap…) filet cache-bagages, on ne retrouve plus que 360l
disponibles. Autre concession : la Prius se transforme en stricte quatre
places. La place centrale arrière, pour des raisons d’homologation, disparaît en
effet au profit d’un accoudoir peu ergonomique (il est positionné très bas).
Enfin, notons que le poids total de la Prius dépasse maintenant les 1.500 kg dans
cette version rechargeable dont une bonne partie sur l’essieu arrière. Ce qui
rend le comportement de la Prius IV (pourtant plus flatteur que celui des
précédentes Prius) moins dynamique sur cette version rechargeable campée, qui
plus est, uniquement sur des pneus de 15 pouces aux grands flancs.
Bilan consommation
flatteur !
Des petits détails que l’on oubliera toutefois facilement
lors des passages à la pompe ! Car si les hybrides rechargeables
concurrents parviennent à afficher des consommations minimales intéressantes,
le bilan devient encore nettement plus flatteur quand on part d’une voiture
hybride déjà imaginée pour siroter le carburant avec parcimonie à la base !
Tabler sur une consommation réelle de carburant inférieure à… 3l/100km n’a rien
d’utopique avec cette Prius plug-in. Il faut presque le voir pour le croire !
Du moins si l’on prend la peine de recharger, en 2 heures sur une borne ou un
peu plus de 3 heures sur une prise domestique, ses batteries dès que possible.
Plus de 40.000€
La technologie embarquée par la Prius plug-in ne l’aide pas
à se présenter comme l’hybride rechargeable le plus abordable du marché. Toyota
la propose à partir de 41.980€ en version Solar ou à 42.970€ en Business. Avec,
dans les deux cas, un équipement de série très généreux. Mais compte tenu de
ses caractéristiques techniques, la Prius rechargeable n’a toutefois pas à
rougir face aux 40.060€ exigés pour une Golf GTE ou aux 37.190€ réclamés par
Kia pour sa Niro PHEV (40.390€ en version Sense). Faut-il préciser, en outre,
que son homologation CO2/km de seulement 22g s’avère fiscalement intéressante ?
Conclusion
Dans sa version rechargeable, la Prius perd une
partie de l’agrément dynamique que sa nouvelle plateforme lui avait apporté. Et
il faudra également accepter quelques concessions à l’usage sur le plan
pratique en raison d’un volume de coffre réduit et d’une homologation à
seulement 4 places. Si la Prius perd de sa polyvalence familiale dans sa
transformation en hybride rechargeable, elle gagne néanmoins encore clairement
en sobriété et en confort d’utilisation dans les milieux urbains. On y glisse
plus que jamais en silence et sans émission. Reste à se faire à son style extérieur
et à son intérieur plutôt plastique… Mais ça, c’est une autre histoire !