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Il y a à peine trois mois, nous vous rapportions le lancement réussi de la Xiaomi SU7 Ultra, une version « ultra » sportive du tout premier modèle de la marque, la SU7. En effet, à peine deux heures après sa présentation, 10.000 exemplaires furent écoulés ! En une seule année, Xiaomi a réussi à vendre pas moins de 215.000 unités de la SU7, y compris dans sa version Ultra. De quoi relever les objectifs de vente pour 2025 à 350.000 véhicules. Et pourtant, malgré ce départ prometteur, Xiaomi semble aujourd’hui en pleine tourmente. Les ventes chutent soudainement, semaine après semaine. Que s’est-il passé entre-temps ?
Le 10 mai, Lei Jun, fondateur et CEO de Xiaomi, déclarait qu’il s’agissait de « la période la plus difficile depuis la création de Xiaomi. » Une manière de souligner à quel point la situation est grave… et aussi à quel point Xiaomi la prend au sérieux.
Des questions sur la sécurité de la Xiaomi SU7 après un accident mortel
Tout a commencé par un accident dramatique le 29 mars, dans lequel trois jeunes étudiantes chinoises ont perdu la vie. Très vite, de nombreuses questions furent posées au sujet de la sécurité de la version standard de la SU7, à bord de laquelle les victimes se trouvaient. Il a notamment été affirmé que les portières ne pouvaient être ouvertes, empêchant ainsi les victimes d’échapper à l’incendie. De plus, la voiture roulait à 116 km/h en mode autopilote, juste avant la collision !
Cette tragédie a non seulement fortement affecté le cours des actions de Xiaomi, mais aussi et de manière plus générale, la confiance dans les fonctions de conduite autonome des voitures chinoises. À tel point que le ministère chinois de l’Industrie et des Technologies de l’Information (MIIT) a décidé d’interdire aux constructeurs automobiles de faire des déclarations trompeuses sur les limites et les risques liés à la conduite autonome. Les termes comme « conduite autonome » ont été remplacés par « conduite assistée », et les constructeurs soulignent désormais que les systèmes de type ADAS de niveau L2 ne doivent être utilisés que sous la supervision du conducteur.
SU7 Ultra : puissance presque réduite de moitié après une mise à jour controversée
En mai, les propriétaires de la SU7 Ultra ont eu la mauvaise surprise de découvrir une mise à jour « over-the-air » qui réduisait soudainement la puissance de leur voiture, passant de plus de 1.500 ch à « seulement » 900 ch. Pour retrouver toute la puissance, les conducteurs devaient d’abord passer un test, en effectuant un tour d’essai sur un circuit reconnu par Xiaomi.
Et comme si cela ne suffisait pas, une temporisation de 60 secondes a également été imposée à l’activation de la fonction launch control. Xiaomi a justifié ces ajustements comme des mesures de sécurité accrues… Cela n’a toutefois pas duré : face à une levée de boucliers des clients, la marque a finalement dû faire marche arrière.
Erreur de communication ou faux pas stratégique ? On peut parler, au minimum, d’un manque de cohérence… Xiaomi avait en effet déjà annoncé bien avant le lancement officiel de la SU7 Ultra, que la pleine puissance ne serait disponible qu’après une sorte de test de compétence du conducteur. Pourquoi dès lors avoir vendu les premières unités sans aucune restriction de puissance ? Mystère… Mais offrir quelque chose pour ensuite le reprendre s’est révélé être une grosse erreur sur le plan stratégique.
Fausses prises d’air et problèmes de fiabilité de la Xiaomi SU7
Autre polémique : l’affaire des prises d’air… Le prototype de la SU7 Ultra ayant explosé les chronos sur le Nürburgring était équipé d’ouvertures sur le capot. Celles-ci étaient censées réduire le poids de 1,3 kg, tout en améliorant l’aérodynamisme et le refroidissement du véhicule.
Mais les premiers propriétaires ont vite constaté qu’il ne s’agissait que de décorations esthétiques n’ayant aucun effet sur les performances. Une décoration coûteuse, puisque cette option facturée plus de 5.000 euros ne servait à… rien ! Les clients mécontents ont alors décidé d’agir contre Xiaomi, en organisant notamment des manifestations au centre de livraison à Pékin, en exigeant le remboursement total de leur achat, assorti de dommages triplés, et en lançant une action collective en justice contre le constructeur !
Les exigences peuvent sembler excessives, mais pour plus de la moitié des propriétaires, il s’agit de leur toute première voiture haut de gamme ! Ils s’attendaient donc légitimement à recevoir ce qui leur avait été promis. Xiaomi a depuis reconnu ses torts, a présenté ses excuses et a proposé une compensation d’environ 2.500 euros. Les clients ont aussi la possibilité de remplacer gratuitement leur capot par la version standard en aluminium.
Parallèlement, des problèmes de fiabilité semblent également toucher la SU7. D’après un rapport récent, basé sur le nombre de plaintes et de défaillances signalées par modèle, la Xiaomi SU7 fait partie des pires élèves sur une liste de 29 grandes berlines électriques chinoises...
Perspectives : Xiaomi mise sur la sécurité
Fait étonnant : malgré tous ces revers, la SU7 de Xiaomi reste à ce jour la voiture la plus vendue de sa catégorie, tous segments et types de motorisation confondus. Xiaomi semble donc réussir, pour l’instant, à limiter les dégâts sur son image de marque. Mais combien de coups peut encaisser ce nouveau venu avant de sombrer ? Espérons que Xiaomi parvienne à se redresser et à regagner la confiance du marché avant qu’il ne soit trop tard.
Dans un discours adressé aux employés à l’occasion du 15ème anniversaire de l’entreprise, Lei Jun a reconnu que Xiaomi ne pouvait plus se comporter comme une start-up dans le secteur automobile. L’entreprise doit en effet assumer ses responsabilités. En référence à l’accident mortel, Lei a promis que Xiaomi ferait désormais tout son possible pour faire de ses voitures les plus sûres de leur catégorie.
