Bruno Wouters

14 OCT 2008

Une bonne idée? Assurément!

Décidément, le groupe Piaggio fait feu de tout bois et donne à ses marques les moyens de s'exprimer. Guzzi se redresse comme jamais avec des produits compétitifs, Aprilia développe sa gamme avec une très réussie Shiver 750 ou une surprenante et originale Mana à transmission automatique.

Le groupe Piaggio a frappé récemment un grand coup en présentant le scoot ultime, superlatif, le GP800, équipé d'un V-Twin de 839cc et 75ch, capable de l'emmener à 200 compteur. Est-ce l'étonnante santé de celui-ci qui a donné aux ingénieurs l'idée de le glisser dans un châssis de moto? Notre équipe d'ingénieurs mérite en tout cas toutes nos félicitations tant le produit se montre original et abouti.

Un scoot?

La Mana possède tous les attributs d'une moto, tant au niveau de son aspect ou de son comportement que du ressenti de son pilote. Elle les marie remarquablement avec les qualités qui font le charme incontestable des gros scoots, à savoir une facilité de conduite épatante, un couple généreux disponible à tout instant, et des aspects pratiques non négligeables. Vous l'aurez compris, la Mana nous a séduit! Notre moto d'essai fut mise à notre disposition par l'importateur Moto Tricolore chez BMR, concessionnaire à Bruxelles. Son enthousiasme en nous en faisant le tour du propriétaire nous paraissait alors un peu… optimiste! Après huit jours passés au guidon de la Mana, nous comprenons mieux son attitude!

Une moto

La Mana se présente comme une moto plutôt joliment dessinée, affichant une personnalité propre, et offrant une position de conduite tout à fait plaisante et rassurante. Selle à deux niveaux calant bien les reins, repose-pieds naturellement placés, guidon droit donnant une position du tronc verticale et confortable. Notre Mana, montée d'un grand pare-brise et de deux valises, semble taillée pour la route. Commandes aux pieds classiques, avec un levier de vitesse (tiens, nous la croyions automatique!) mais main gauche bien seule au guidon marqué par l'absence de levier d'embrayage. En cherchant bien, nous trouvons au pouce et à l'index deux petits boutons, un + et un -. A droite, au-dessus du démarreur, un bouton "gear mode". Contact mis, moteur tournant au ralenti, une brève impulsion sur le bouton donne successivement trois cartographies: Rain, Touring et Sport, avec une puissance chaque fois développée en rapport. La position Rain, la plus sage, libère la puissance en douceur, la position Touring, finalement la plus adaptée, offre un couple disponible à tous les instants et satisfera à peu près tous les cas de figure.

Automatique

C'est ce mode-là que nous avons privilégié tout au long de l'essai, tant il se montre le plus adapté à la philosophie de la moto. En appuyant plus longuement sur le bouton gear mode, la programmation passe en manuel, et il faudra au pilote monter et descendre les 7 vitesses, indifféremment du pouce et de l'index, ou plus orthodoxe pour un motard, au pied. Les 7 rapports, purement artificiels, puisque la transmission se fait via un variateur, ne sont rien d'autre que des réglages préétablis des poulies reliées par une courroie. Le système est apparu sur le Suzuki Burgman 650, hormis le sélecteur au pied. Nous n'avions vu aucun intérêt à chipoter avec ce "machin" sur le Burgman, et ce sera pareil sur la Mana. C'est tellement plus agréable de se contenter de tourner la poignée des gaz et de sentir chaque fois le moteur reprendre sur une plage de couple idéale, sans craindre d'avoir choisi le mauvais rapport. Ceux qui ont goûté aux joies de la relance d'un 600 verront très bien à quoi nous faisons allusion! Soyons complet en ajoutant que le levier de vitesses permet, même en mode automatique, de rétrograder et donc de bénéficier d'un frein moteur plus conséquent, ce qui peut s'avérer pratique.

Expérience nouvelle

La Mana perturbera sans doute un peu le motard sans expérience du scooter, et surpris de ne pas retrouver de levier d'embrayage, il ravira le conducteur d'un scoot, étonné de retrouver cette merveilleuse facilité d'usage des scoots sur une "vraie" moto! Qu'on ne s'y trompe pas, malgré son vario et son coffre (sous le faux réservoir), la Mana se conduit et se perçoit comme une vraie moto. Agile, maniable et facile en ville, elle se montre bonne routière tant sur autoroute que sur route. Tout au plus regrettera-t-on une selle un peu dure à la longue, ainsi que des réactions parfois sèches de la suspension en solo. Rien de rédhibitoire, mais nous aurions préféré un zeste de confort en plus, histoire de rester en phase avec l'esprit de la moto.

Convaincant

Même remarque pour les freins, puissants et mordants, presque trop en cas de freinage "panique". Vivement l'ABS, pas encore disponible! Nous avons beaucoup apprécié le pare-brise, un "plus" indéniable pour ce genre de moto, un peu moins les valises, certes pratiques, mais vraiment larges et provoquant un peu d'instabilité à partir de 150-160km/h, en Allemagne. Ce phénomène disparaît complètement en duo, domaine où la Mana excelle. Notre passagère a adoré la Mana qu'elle a trouvé jolie et confortable. Elle a beaucoup apprécié de ne plus être secouée d'avant vers l'arrière à chaque changement de rapport, grâce au vario et à sa poussée continue, avantage auquel nous n'avons pas pensé las de nos secousses en solo.

Bilan? Une proposition intelligente, reliant le meilleur de deux mondes, et qui mérite plus qu'un succès d'estime, même si son prix de 9.490€ ne la met pas à portée de toutes les bourses…  

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