Olivier Maloteaux

6 DÉC 2024

Essai : Opel Frontera, sans chichis et réussi

Le nouveau SUV compact d’Opel repose sur une base moderne (micro-hybride ou électrique) et joliment emballée. Mais à bord, il va à l’essentiel, pour rester abordable. Découverte.

{"fr":"Opel Corsa rouge sur route sinueuse, paysage rocheux en arrière-plan.","nl":"Rode Opel Corsa op een kronkelige weg, rotsachtig landschap op de achtergrond."}
{"fr":"Opel Mokka rouge roulant sur une route panoramique, avec arrière-plan flou montagnard.","nl":"Rode Opel Mokka rijdend op een schilderachtige weg, bergachtige achtergrond vervaagd."}

"Cette Opel va à l’essentiel, sans fioritures et à prix raisonnable. Et derrière sa bonne bouille, elle cache un habitacle agréable à vivre offrant jusqu’à 7 places dans un format compact."

Connu des plus de 40 ans, les premiers Opel Frontera étaient des 4X4 à l’ancienne posés sur un châssis en échelle et un pont arrière rigide. La marque allemande (passée entre-temps sous commandement du groupe franco-italien Stellantis) ressort le nom du tiroir mais en dépoussiérant l’usage : le nouveau Frontera n’a plus le squelette rugueux de ses aînés mais est devenu un frêle SUV posé sur un châssis de berline. C’est aussi le cousin technique du Citroën C3 Aircross.

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Design

Un air métissé

Ce SUV allemand ressemble fort à son cousin germain français, le Citroën C3 Aircross, construit sur la même base technique (châssis et groupes motopropulseurs) et produit dans la même usine (en Slovaquie). De profil, l’air de famille est marquant, avec des traits cubiques et des protections en plastiques sur les flancs. De face, les deux sont par contre fort différents : Opel a plaqué sa calandre maison (Vizor, comme ils disent), à savoir un bandeau noir d’un seul tenant, surplombé du nouveau logo de la marque (argenté sur la version de base « Edition » et noir sur la « GS »). L’entrée de gamme se placarde de sabots protecteurs avant/arrière noirs et chausse des jantes en tôle, tandis que la « GS » arbore des sabots argentés et des jantes en alu. Un toit de couleur contrastée (option sur « Edition », série sur « GS ») est également proposé, pour un look plus stylé. Et toutes les versions se dotent de feux full LED.

Petit gabarit mais jusqu’à 7 places

Dans la gamme Opel, le Frontera remplace le Crossland. Le nouveau venu est 16 cm plus long (4,38 mètres), mais pas plus large (1,80 m) et à peine plus haut (1,63 m ou 1,65 avec les barres de toit proposées en option). Un gabarit intermédiaire qui, dans la gamme Opel, place ce Frontera entre le petit Mokka (4,15 m seulement) et le Grandland (4,65 m et base technique partagée avec le cousin Peugeot 3008).

Par rapport à la concurrence, le Frontera se situe entre les plus petits Peugeot 2008 (4,30 m) et Dacia Duster (4,34 m), et les plus grands Skoda Karoq (4,39 m), Renault Symbioz (4,41 m) et Nissan Qashqai (4,43 m), par exemple.

Face à ses rivaux, le Frontera étale un joker : il est disponible en version 7 places, mais uniquement sur l’hybride 136 ch (pas sur l’hybride de base ni l’électrique) en finition GS et moyennant un supplément de 800 €. On n’a pas pu tester ces sièges du dernier rang, mais ils ne sont prévus que pour accueillir des enfants. Ils servent surtout de places de dépannage, pour (r)amener les copains lors des activités extrascolaires.

Expérience

« Detox » ou low-cost ?

Les marketeurs nous ont répété que le Frontera épousait une nouvelle philosophie : l’esprit « détox », qui consisterait à revenir au nécessaire en gommant le superflu trop souvent répandu dans le monde automobile actuel. C’est vrai que le Frontera est simple et sans chichis. Il offre l’essentiel et rien de moins, ce qui est bien. Mais côté qualité, c’est assez bas de gamme, voire low-cost : à bord, les plastiques durs très basiques règnent en maître, avec au sommet des contre-portes un polymère lisse qui se griffera vite avec le temps et le frottement des bagues ou bracelets. Côté qualité perçue, on est plus proche d’un Dacia Duster que d’un Renault Symbioz, par exemple. Côté prix aussi, comme on le verra plus loin…

Des détails astucieux

S’il n’est pas chic, le Frontera est par contre très pratique. Les espaces de rangement ne manquent pas et on apprécie quelques détails astucieux, comme la sangle flexible autour de la console centrale (de série sur toutes les versions), qui permet de fixer en sécurité de gros objets (une tablette, par exemple). On a aussi apprécié les pochettes à smartphone (uniquement sur GS) situées au dos des sièges avant, dans la partie haute du dossier.

Une banquette spacieuse et confortable

Si les deux sièges optionnels du coffre sont réservés aux enfants uniquement, la banquette du deuxième rang est très spacieuse. Même les ados/adultes de grande taille ont beaucoup de place pour caser leurs jambes. Ils peuvent aussi glisser les pieds sous les sièges avant, même dans la variante électrique au plancher pourtant rehaussé à cause de la grosse batterie. Et si la banquette n’est pas réglable en longueur ni en inclinaison, elle est moelleuse, y compris au centre (car il n’y a pas d’accoudoir dans le dossier central).

À l’avant, on vous conseille les sièges ergonomiques brevetés Intelli-Seats (en option sur « Edition » et de série sur « GS »), dont l’assise se creuse d’une fente spéciale réduisant la pression sur le coccyx. Des sièges réellement confortables. Dommage que le passager soit assis fort haut (siège non réglable en hauteur) et qu’il ne dispose pas de poignée de maintien au plafond...

Un beau coffre

Le coffre est très correct pour le gabarit. Il se situe même dans la moyenne supérieure du segment, avec un volume variant entre 460 et 1.600 litres, y compris pour la version full électrique. Ce coffre s’équipe aussi de série sur toutes les versions d’un double plancher, ce qui permet d’offrir une surface de chargement parfaitement plane lorsque l’on rabat les dossiers arrière (fractionnés en deux parties 60/40).

Connectivité au smartphone ou à l’écran

Si le combiné d’instruments numérique de 10 pouces est offert pour tous, l’écran central tactile (de 10 pouces également) n’est de série que sur la « GS » et est facturé en option sur l’« Edition » (pack à 1.250 €, incluant le GPS, la caméra de recul, les connexions Android Auto/AppleCarplay avec ou sans fil, et 3 prises USB-C au lieu d’une seule).

De base, on n’a droit qu’à un support pour smartphone, que l’on n’a pas pu expérimenter car il n’était pas monté sur nos modèles d’essai, mais qui semble pratique, d’autant que la connexion Bluetooth (de série) inclut une commande au volant pour certaines fonction du smartphone.

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Conduite

Micro-hybride ou…

Point de diesel dans ce petit SUV moderne, mais deux propulseurs micro-hybrides (100 ou 136 ch) associant un tricylindre 1.2 turbo à essence (avec chaîne de distribution à la place de la fragile courroie du bloc 1.2 PureTech…) et un moteur électrique (alimenté par une batterie 48V). Nous avons pu tester la 136 ch.

Pour démarrer, il faut encore insérer une clé dans un barillet. Le 3 cylindres vibre un peu au réveil mais se fait ensuite relativement discret, sauf sous forte accélération. Contrairement à la plupart des micros-hybrides, le moteur électrique (28 ch/55 Nm) peut ici animer seul le véhicule, à condition de ne pas trop pousser sur l’accélérateur, donc essentiellement lors des manœuvres, dans les embouteillages ou pour maintenir la voiture sur son élan. Le système fonctionne bien, mais la récupération d’énergie à la décélération est assez bruyante (sifflements) et un peu trop forte à notre goût : elle freine trop le véhicule et il n’y a pas de mode « roue libre » pour laisser rouler la voiture sur son élan. C’est gênant lorsque l’on désire simplement se laisser glisser en descente car il faut alors garder légèrement le pied sur l’accélérateur pour empêcher la décélération due à la régénération.

Les performances de cette version 136 ch/230 Nm sont généreuses (0-100 km/h en 8,3 secondes) mais la 100 ch/205 Nm devrait déjà suffire au quotidien (0-100 km/h en 10,4 secondes). Les deux sont associées d’office à une boîte 6 robotisée à double embrayage, douce mais pas très réactive en conduite dynamique.

Pas de différence de consommation officielle entre les variantes 100 et 136 ch. Lors de ce test, nous avons relevé entre 5,4 l/100 km sur un trajet périurbain à rythme très calme et un gros 8 l/100 km sur petites routes vallonées. Une moyenne de 6,5 l/100 km semble réaliste au quotidien, ce qui est bien sans être exceptionnel pour un propulseur électrifié.

…full électrique

Le Frontera est aussi livrable en version full électrique (batterie LFP de 44 kWh utiles). Avec seulement 113 ch, les performances sont assez limitées (0-100 km/h en 12,1 secondes) mais les reprises sont suffisantes car bien que le couple soit léger (125 Nm), il est disponible instantanément et en continu. De quoi assurer une conduite agréable et sans à-coups.

En mode très calme sur parcours périurbain, nous avons pu approcher l’autonomie annoncée de 305 kilomètres, ce qui correspond à une consommation d’environ 15 kWh/100 km (notons que pour réduire encore les coûts de production, l’ordinateur de bord n’indique pas la consommation moyenne…). Mais sur les grands axes et en conduite plus nerveuse, nous avons relevé une autonomie oscillant plutôt entre 200 et 230 kilomètres (soit une conso entre 19 et 22 kWh/100 km), ce qui est assez moyen. Opel proposera en 2025 une plus grosse batterie, avec 400 kilomètres d’autonomie théorique, donc sans doute un bon 300 de moyenne en pratique.

Pour recharger la batterie actuelle (44 kWh utiles), comptez un gros 6 heures en AC (chargeur de 7,4 kW) pour passer de 0 à 100% et environ 30 minutes pour passer de 0 à 80% en DC (max. 100 kW).

Une tenue de route efficace et agréable

En route, le Frontera est agréable : les bruits de vent sont bien contenus et l’amortissement absorbe bien les cassures, tout en contenant correctement les mouvements de caisse, comme on a pu le vérifier sur un parcours très sinueux. Bref, un SUV efficace et plaisant à conduire, offrant un très bon compromis confort/tenue de route. Le cousin Citroën C3 Aircross mettra sans doute davantage l’accent sur le confort, peut-être au détriment du dynamisme.

Prix

Prix Opel Frontera 2024 : un tarif raisonnable

Le Frontera micro-hybride 100 ch débute à 24.250 €, contre 26.050 € pour le 136 ch et 28.990 € pour la version électrique. Des tarifs intéressants pour le gabarit et plutôt concurrentiels (même si le Dacia Duster reste moins cher sans être moins qualitatif…), d’autant que l’équipement de base est correct, avec notamment les vitres et rétroviseurs électriques, la clim’ manuelle, la connexion Bluetooth, les radars de recul ou encore le cruise-control. Vous ne serez donc pas volé, d’autant que le Frontera est agréable à vivre comme à conduire. Mais il a un rival de poids au sein même de sa famille, en la personne du Citroën C3 Aircross, qui offre les mêmes prestations (plate-forme et moteurs communs) mais coûte environ 2.000 € moins cher à moteur et équipement équivalents. Et, contrairement à l’Opel, le Citroën ajoute aussi à sa gamme une intéressante version de base à essence non hybridée et à boîte manuelle, affichée à seulement 18.690 €…

Verdict

Ce Frontera est nettement plus séduisant que le fade Crossland qu’il remplace. Et derrière sa bonne bouille, il cache un habitacle à la fois intelligent (spacieux et pratique) et agréable à vivre. Cette Opel va à l’essentiel, sans fioritures et à prix raisonnable. Un bon produit, mais qui subit la concurrence de son cousin le Citroën C3 Aircross, encore mieux tarifé. Ça sent le conflit familial chez Stellantis…

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